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La gauche et la tech dans la Silicon Valley

C’est un article d’Olivier Alexandre pour la Tribune qui a généré ce post. Ce sociologue du CNRS que j’ai déjà mentionné ici tant j’apprécie ses analyses de la Silicon Valley résume sur sa page LinkedIn une interview intitulée La tragédie est que la Silicon Valley en vient à pousser des programmes réactionnaires.

J’ai voulu répondre sur LinkedIn mais ce site limite la longueur des commentaires. Voilà ce que j’aurais souhaité écrire : Il y aurait peut-être un livre à écrire sur la gauche et la tech, en particulier dans la Silicon Valley. Si la Silicon Valley a toujours été une région progressiste, du moins au nord vers San Francisco et Berkeley, je n’ai pas le souvenir d’avoir rencontré beaucoup de « gens de gauche » à Stanford ou dans les entreprises de la tech. Sans oublier qu’être de gauche aux Etats Unis n’a sans doute pas tout à fait le même sens qu’en Europe. La composante individualiste, voire anarchiste (je préfère ne pas parler des libertariens dont je ne suis pas sûr qu’ils représentent un grand nombre de personnes) reste très forte chez les Républicains et les Démocrates qui semblent toujours un peu se méfier du pouvoir central, pouvoir central dont l’attraction reste une particularité très française au contraire. Il y a bien eu le diner offert par Obama à la Maison Blanche avec l’élite de la tech, https://www.startup-book.com/2011/03/28/the-whos-who-of-silicon-valley/ et il est de manière anecdotique assez amusant de voir dans les dons aux partis (voir par exemple ici https://www.opensecrets.org/industries/contrib?cycle=2024&ind=F2500) que les deux grands fonds historiques du capital risque américain penchent différemment, Sequoia vers les Républicains et Kleiner Perkins vers les Démocrates, même en 2024. Il ne faut tout de même pas s’étonner que les entrepreneurs soient plutôt de droite, cela me semble assez universel.

Quand on regarde en arrière, dans les débuts de la Silicon Valley, il me semble que les grands entrepreneurs du semi-conducteur comme Robert Noyce sont plutôt des Républicains bon teint, qui vont surtout essayer d’influencer Washington pour protéger leur industrie contre la concurrence japonaise. Plus récemment Kleiner Perkins avait recruté Colin Powell comme partenaire (https://www.nytimes.com/2005/07/13/business/colin-powell-joins-venture-capital-firm.html), qui n’était pas connu pour être un ministre très à gauche. Enfin, je n’ai jamais vraiment vu les fondateurs d’Apple ou Google prendre position sur quelque sujet politique que ce soit, mais j’ai noté à quel point toutes ces entreprises depuis Intel à Google avait une « peur bleue » de voir les syndicats s’installer chez eux. La politique semble plutôt absente. Peut-être Fred Turner pourrait nous informer sur le sujet et écrire le livre dont je parle s’il n’existe pas déjà ?

Et un article de blog permet d’aller plus loin, alors je continue. Je parle de temps en temps de politique, comme le tag #politique l’indique mais sans doute pas assez. Je suis à tort ou à raison resté à distance du militantisme et des prises de positions, tout comme d’ailleurs un grand nombre de personnes du monde de la technologie et de la Silicon Valley, je vais y revenir. Mais à nouveau, vous pouvez parcourir les articles liés au tag qui précède. Je viens aussi de commander l’ouvrage intitulé Au delà de l’idéologie de la Silicon Valley après avoir lu celui de la revue Esprit il y a quelques années.

Que dire de plus ? J’ai découvert un autre site qui ne donne pas les montants des dons des personnes aux campagnes politiques, mais un portrait des personnalités de la tech, dont leurs inclinations politiques. C’est assez intéressant. On y trouve les portraits de Larry Page, Sergey Brin, les deux fondateurs de Google, de John Doerr (Kleiner Perkins) et Michael Moritz (Sequoia). les quatre penchent vers le centre gauche ou la gauche du centre, mais de manière plutôt discrète.

Plus récemment une longue analyse de la région montrait qu’elle est plutôt progressiste et démocrate, sauf sur un point celui de la régulation : The vast majority of tech entrepreneurs are Democrats — but a different kind of Democrat (La grande majorité des entrepreneurs de la tech sont des Démocrates, mais un différent type de Démocrate).

J’avais beaucoup aimé Hillbilly Elegy de JD Vance. Je le savais républicain, mais le pensais modéré et anti-Trump. Quelle déception, pour ne pas dire quel triste sire. Alors bravo à Jennifer Aniston pour sa récente critique : Jennifer Aniston criticizes JD Vance for ‘childless cat ladies’ remarks: ‘I pray that your daughter is fortunate enough to bear children’. Il y a aussi les positions (trop?) connues de Peter Thiel ou Elon Musk, mais à nouveau, je ne sais pas s’ils représentent une opinion majoritaire de la tech. Sait-on que Jeff Skoll fondateur de eBay est devenu un producteur de films particulièrement intéressants pour ne pas dire brillants ?

La politique devrait autant appartenir à ceux qui parlent et agissent discrètement qu’à ceux qui parlent si fort qu’on finit par croire qu’ils représentent l’opinion de la majorité…

L’année de la pandémie – leadership et courage selon The New Yorker


J’ai régulièrement évoqué ici des articles du grand magazine The New Yorker même s’ils ne sont pas directement liés au domaine des startup ou de l’innovation. Le New Yorker publie des analyses longues et approfondies qui nécessitent souvent au moins 30 minutes d’attention. Récemment, il a publié un article de 40 pages nécessitant des heures … il s’agit de Covid et des États-Unis: The Plague Year – The mistakes and the struggles behind America’s coronavirus tragedy (l’année de la peste – les erreurs et les luttes derrière la tragédie américaine du coronavirus) écrit par Lawrence Wright, publié en ligne le 28 décembre 2020 et sur papier dans le numéro double du 4-11 janvier.


Image de Tyler Comrie

La raison pour laquelle j’ai décidé hier de bloguer à ce sujet est une courte section proche de la fin: l’expérience de Pottinger à la Maison-Blanche lui a fait prendre pleinement conscience de ce qu’il appelle « l’art en déclin du leadership ». Ce n’est pas un échec d’une partie ou d’une autre ; il s’agit davantage d’un déclin générationnel de bon jugement. « Les élites pensent que tout est question d’expertise », déclare-t-il. Il est important d’avoir des experts, mais ils n’ont pas toujours raison: ils peuvent être « gênés par leurs propres orthodoxies, leur propre ego, leur propre approche étroite du monde ». Pottinger a poursuivi: « Vous avez besoin de dirigeants larges d’esprit qui savent comment tenir les gens responsables, qui savent déléguer, qui connaissent une bonne chaîne de commandement et qui savent comment porter des jugements difficiles. »

Vous devriez essayer de le lire, c’est vraiment fascinant, mais cette courte section m’a rappelé la philosophe française Cynthia Fleury et son livre « La fin du courage ». Vous voudrez peut-être par exemple lire Faits, vérité, courage… ou To be Brave is sometimes to Endure, sometimes to Break up que je trouve assez proche de ce qui est écrit ci-dessus.

Homme noir : coupable jusqu’à preuve de son innocence

J’ai passé deux ans de ma vie à Stanford en 1989-90 puis 1992-93. J’ai adoré ce « paradis » et je parle rarement de politique ici (comme l’indique le tag #politique). Entre temps, Cory Booker avait écrit un article que le Stanford Daily avait publié en 1992. Le Stanford magazine vient de le republier. Il est disponible en ligne à https://stanfordmag.org/contents/black-male-guilty-until-proven-innocent. Je m’en permets une traduction aussi fidèle que possible :

Le 6 mai 1992, une semaine après l’annonce du verdict de Rodney King, le Stanford Daily a publié la chronique suivante de Cory Booker, alors étudiant à la maîtrise. Nous le republions avec sa permission et celle du Daily.

« Homme noir : coupable jusqu’à preuve de son innocence »
Cela me fait de la peine que ces mots que j’ai écrits en 1992 sonnent justes encore aujourd’hui.
Par Cory Booker – Juillet 2020


Photo: Chuck Painter / Stanford News Service

Comment écrire, quand j’ai perdu le contrôle de mes émotions ? Non coupable… Non coupable… Non coupable… Non coupable.

Pas choqué – Pourquoi pas ?

« ARRÊTEZ LE MOTEUR ! METTEZ VOS CLÉS, PERMIS DE CONDUIRE, CARTE GRISE ET CARTE VERTE SUR LE TABLEAU DE BORD MAINTENANT ! METTEZ VOS MAINS SUR LE VOLANT ET NE PENSEZ MÊME PAS À BOUGER ! »

Cinq voitures de police. Six officiers ont encerclé ma voiture, les armes à feu prêtes. Trente minutes je me suis assis, priant et tremblant, seulement interrompu par l’ordre, « J’AI DIT, NE BOUGEZ PAS ! »

Enfin, « Tout va bien, vous pouvez y aller. » D’un air penaud, j’ai demandé pourquoi. « Oh, vous correspondez à la description d’un voleur de voiture. »

Non coupable… Pas choqué – Pourquoi pas ?

Dans la bijouterie, ils verrouillent le tiroir quand je rentre.

Dans le magasin de chaussures, ils aident l’homme blanc qui vient après moi.

Dans le centre commercial, ils me suivent – dans le centre commercial de Stanford. Le mois dernier, je me suis retourné et j’ai fait face à leur sécurité méfiante : « Vous avez trouvé des voleurs aujourd’hui ? »

Non coupable… Pas choqué – Pourquoi pas ?

Septembre 1991, Tresidder Union, patio arrière. Une femme se débattait avec ses sacs. « Puis-je vous aider, madame ? » « Oh oui s’il vous plait… ATTENDEZ ! Vous êtes noir. » Elle s’est enfuie.

Non coupable… Pas choqué.

Je suis un homme noir. Je mesure un mètre 87 et pèse 100kg, tout comme King. Est-ce que je vous fais peur ? Suis-je une menace ? Votre peur justifie-t-elle vos actions ? Douze personnes l’ont cru.

Homme noir : coupable jusqu’à preuve de son innocence.

Les réactions à mon groupe sont justifiées. La vérification est justifiée. La surveillance est justifiée. L’enquête est justifiée. Cinquante-six coups… Justifié.

Justice ? Mon Dieu…

J’ai obtenu mon diplôme de Stanford en juin dernier – J’étais ravi. J’étais l’un des quatre présidents de ma classe – J’étais fier. À l’automne, j’ai reçu une bourse Rhodes – J’étais proche de l’arrogance.

Mais tard dans la nuit, alors que je marchais dans les rues de Palo Alto, alors que la voiture de police ralentissait en passant devant moi, alors que leurs regards d’acier me rencontraient, j’ai réalisé que pour eux et pour tant d’autres, je suis et peut toujours être un N…. : coupable jusqu’à preuve de son innocence.

J’ai du mal à être articulé, loquace, positif, constructif, mais pour la première fois depuis si longtemps, j’ai perdu le contrôle de mes émotions. Rage, frustration, amertume, animosité, exaspération, tristesse. Les émotions une fois disparues, les émotions une fois canalisées, elles sont maintenant libérées. Pourquoi ?

Non coupable… Pas choqué.

La violence ne m’a pas surpris. Si j’avais été au pouvoir, il ne m’aurait pas fallu trois jours pour appeler la garde nationale. Mais peut-être que lorsque vous êtes déconnecté de la réalité, vous agissez lentement.

Pauvreté, aliénation, éloignement, continuellement aggravés par le racisme, manifeste et institutionnel. Pouvez-vous quitter votre quartier sans être arrêté ? Pouvez-vous obtenir un prêt de votre banque ? Pouvez-vous faire confiance à votre commerce de quartier ?

Pouvez-vous envoyer une ambulance dans votre voisinage ? Pouvez-vous faire venir la police chez vous ? Pouvez-vous obtenir une éducation dans votre école ? Pouvez-vous trouver un emploi ? Pouvez-vous rester en vie après 25 ans ? Pouvez-vous obtenir le respect ? Pouvez-vous être entendu ?

NON ! Pas tant que quelqu’un capte en vidéo un petit aperçu de votre réalité quotidienne et même alors, pouvez-vous obtenir justice ?

Nos centres-villes sont des piles de feuilles sèches et de bois qui attendent une étincelle. Ce n’est qu’un simple feu de camp comparé à l’enfer potentiel qui nous attend. Les conditions empirent et le verdict de Rodney King n’est certainement pas l’injustice la plus flagrante parmi nous.

Pourquoi ai-je perdu le contrôle de mes émotions ? Pourquoi mes mains tremblent-elles pendant que j’écris ? Ce soir, je n’ai pas de réponse.

Mon Dieu… aidez-nous à nous aider avant de courir à notre propre perte.
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Cory Booker, ’91, MA ’92, est un sénateur américain du New Jersey.

Et pourtant, entre temps, nous avons eu ceci… que j’avais publié sur Obama:

L’idéologie de la Silicon Valley selon Fred Turner et Jean-Pierre Dupuy (entre autres)

Excellent numéro de la célèbre revue Esprit sur l’idéologie de la Silicon Valley. Vous y trouverez des contributions de Emmanuel Alloa, Jean-Baptiste Soufron, Fred Turner, Shoshana Zuboff, Antonio Casilli, Jean-Pierre Dupuy.

J’ai surtout été frappé par l’étonnant entretien avec Fred Turner: Ne Soyez pas malveillants. Utopies, frontières et brogrammeurs. C’est en fait une traduction originellement publiée par LogicMag, que vous pouverz aussi découvrir en anglais: Don’t Be Evil. La lecture en vaut vraiment la peine. C’est son explication des racines de la Silicon Valley qui m’ont le plus étonné et comment elles influencent encore aujourd’hui cette région qui en définitive n’est pas très idéologique, même si les autres auteurs ont des points de vue variés.

Par exemple: « Pour trouver son origine, il faut remonter au communautarisme des années 1960. Il y avait en fait deux courants dans la contre-culture. L’un, la nouvelle gauche (New Left), faisait de la politique pour changer la politique, en étant fortement axée autour des institutions, sans vraiment se méfier de la hiérarchie. L’autre – et c’est dans ce courant que le monde de la technologie a trouvé son élan –, c’est ce que j’appelle les néo-communautaristes. Entre 1966 et 1973 a eu lieu la plus grande vague de développement de communautés qu’ait connue l’Amérique. Ces gens -s’appliquaient à abandonner la politique et la bureaucratie pour se tourner vers un monde dans lequel ils pouvaient modifier leur conscience. » Puis « Quant à savoir si cette tradition techno-utopique est aussi ancrée dans l’industrie technologique aujourd’hui qu’elle ne l’a été par le passé, cela varie selon l’entreprise. À certains égards, Apple est très cynique. La marque commercialise sans arrêt des idées utopiques. Elle commercialise ses produits comme étant des outils de transformation utopique et ce, dans un esprit de contre-culture. Dès la naissance de l’entreprise, Apple a repris toute une série d’emblèmes de la contre-culture. Dans d’autres entreprises, en revanche, c’est sincère. J’ai récemment passé beaucoup de temps chez Facebook, et ils veulent sincèrement construire ce que Mark Zuckerberg appelle un monde plus connecté. Je ne saurais pas dire si leurs pratiques correspondent à leurs convictions. Il y a environ une dizaine d’années, j’ai passé beaucoup de temps chez Google. Ce que j’y ai observé est une boucle intéressante. Celle-ci commençait par : « Ne soyez pas malveillants. » La question se posait alors de savoir : « D’accord, qu’est-ce qui est bien ? » L’information donne aux individus des moyens pour agir, elle les autonomise. Il est donc bon de fournir de l’information. Qui fournit cette information ? Ah d’accord, c’est Google qui la fournit. Donc vous vous retrouvez avec cette boucle, où ce qui est bon pour les individus est bon pour Google, et vice versa. C’est un espace difficile à vivre. L’élan pour sauver le monde est tout à fait sincère, mais les gens ont tendance à confondre cet élan avec celui qui consiste à faire le bien de l’entreprise. C’est une vieille tradition protestante. »

Jean-Pierre Dupuy dans « La nouvelle science des données » explique brillamment qu’il n’y a pas de science des données. La science concerne les causes, les données concernent davantage les corrélations qui ne peuvent pas vraiment aider aux prévisions (j’espère avoir compris son message!). Permettez-moi de citer une phrase: « L’idéologie qui accompagne le big data, quant à elle, annonce l’advenue de nouvelles pratiques scientifiques qui, faisant passer l’exigence théorique au second plan, mettent en péril l’avancée des connaissances et, plus grave encore, minent les fondements mêmes d’une éthique rationnelle. »

Je ne peux que vous encourager à vous procurer cette excellente publication.

Le bonheur, une idée neuve dans les entreprises ? (selon France Culture)

J’étais invité ce matin à débattre des méthodes de travail et de management (y compris « l’utilisation du bonheur ») importées de la Silicon Valley. Je mets plus bas (après les tweets) les notes que j’avais prise pour préparer cette émission

Voici les notes que je m’étais préparées.

On ne peut pas mettre dans les même paquet tous les GAFAM. Tout d’abord Amazon et Microsoft qui par coïncidence ne sont pas basées dans la Silicon Valley, mais à Seattle ne sont pas connues pour un management original. Ni Bill Gates, ni son successeur Steve Ballmer, ni Jeff Bezos ne sont connus pour des styles de management innovants. Par contre Google, Apple et Facebook ont sans doute des similarités:
– ce sont des méritocraties et le travail est la valeur « suprême », plus que le profit, au risque de tous les excès: recherche de performance, concurrence et risque de burn-out. On ne tient pas toujours très longtemps chez GAF
– on y recherche les meilleurs talents (sur toute la planète et sans exclusive, au fond le sexisme et le racisme n’y existent pas a priori)
– le travail en (petites) équipes est privilégié.
Du coup le management a innové pour permettre cette performance et reconnaître les talents (par le fameuses stock options mais aussi une multitude de services pour rendre les gens toujours plus efficaces)

J’aimerais vous mentionner 3 ouvrages (sur lesquels j’avais bloggé pour 2 d’entres eux)
– Work Rules décrit le « people management » chez Google (ils ne parlent « plus » de ressources humaines). L’auteur Lazlo Bock qui fut le patron de cette activité a quasiment théorisé tout cela. Vous trouverez mes 5 posts sur ce livre par le lien: https://www.startup-book.com/fr/?s=bock. C’est un livre en tout point remarquable parce qu’il montre la complexité des choses.

– I’m feeling Lucky décrit de l’intérieur ces manières hétérodoxes de « foncer ». Un pro du marketing montre comment Google a tout chamboulé par conviction / intuition plus que par expérience. https://www.startup-book.com/fr/2012/12/13/im-feeling-lucky-beaucoup-plus-quun-autre-livre-sur-google/

– Enfin un livre hommage sur Bill Campbell vient de sortir écrit par l’ancien CEO de Google Eric Schmidt. https://www.trilliondollarcoach.com. Comme je viens de commencer ce livre, je peux en parler plus difficilement mais il serait dommage d’oublier cette personnalité qui fut le « coach » de Steve Jobs, Eric Schmidt et Sheryl Sandberg, trois personnes majeures pour justement les GAF! Or ce Bill Campbell, décédé il y a 3 ans, fut une personne essentielle à cette culture du travail et de la performance. Ses valeurs sont décrites dans https://www.slideshare.net/ericschmidt/trillion-dollar-coach-book-bill-campbell. Bill Campbell revient de temps en temps sur mon blog pour des anecdotes assez étonnantes. (https://www.startup-book.com/fr/?s=campbell). Par exemple, chez Google on a souvent pensé que les managers étaient inutiles. L’autonomie d’individus brillants devait suffire… mais ce n’est pas si simple! – voir https://www.startup-book.com/fr/2015/09/01/google-dans-le-null-plex-partie-3-une-culture/.

A nouveau excellence des individus et travail en équipe, reconnaissance des talents à qui on donne autonomie, responsabilité(s) avec peu de hiérarchie semble être le leitmotiv… Tout cela on pas pour rendre les gens heureux, mais pour leur permettre d’être plus efficace parce qu’ils sont « heureux » au travail. « People First ». L’objectif c’est de fidéliser, de rendre plus productif, mais c’est aussi une mise en pratique de la confiance en les autres.

Alors comme je l’avais lu chez Bernard Stiegler, à toute pharmacopée sa toxicité. Les excès dans des valeurs conduisent à des abus. Trop de travail, de concurrence, de pression conduit au burnout. J’ai l’impression que la politique et même le sexisme y jouent moins de rôle qu’on pense, même s’il y en a comme partout. Quant au racisme, il me semble limité (et on est aux USA!) Le sexisme est un vrai sujet, mais je vois plus des nerds qui ont peur ou ne connaissent pas les femmes que des « old boy clubs of white men » qui dirigeraient les choses comme je l’ai lu (même si cet élément existe j’en suis sûr). La polémique sur la congélation des ovocytes chez Facebook peut être lue de manière contradictoire j’imagine. J’ai aussi abordé le sujet dans le passé, https://www.startup-book.com/fr/?s=femmes ou https://www.startup-book.com/tag/women-and-high-tech/. L’autre sujet de diversité, est plus clair: il y a tellement de nationalités dans les GAFAs et les startup en général que le racisme est dur à imaginer. Indiens, chinois surtout sont présents et jusqu’au somment (les CEO de Google et Microsoft aujourd’hui). Seule la minorité « African-American » est sans doute sous représentée et on peut imaginer que tout cela est corrélé avec le problème de l’accès à l’éducation (qui existe moins en Asie)

Voilà, c’est déjà beaucoup pour ne pas dire trop… je trouve que commencer par Bill Campbell est une manière simple et efficace d’entrer dans le sujet. Et maintenant que j’y pense tout cela est d’autant plus facilement que vous verrez que mes lectures récentes sont liées au « sens du travail » (Lochmann, Crawford, Patricot) https://www.startup-book.com/fr/?s=travail

Pourquoi donc m’a-t-on offert ce livre? Humour et bureaucratie

En lisant Hammer And Tickle, une histoire du communisme racontée par les blagues communistes de Ben Lewis, je me suis demandé pourquoi un collègue m’avait offert un tel livre. Parce que je serais un stalinien? Parce qu’au contraire, je devrais faire attention à n’être pas trop critique? Ou plus simplement parce que les grandes institutions auraient toujours tendance à devenir des bureaucraties. Et bien je ne sais pas et ça n’a guère d’importance, en comparaison du fait que j’ai aimé lire ces blagues malgré le contexte terrible qui explique leur existence…

Le titre est un jeu de mot intraduisible en français. Le marteau et la faucille se dit Hammer & Sickle en anglais alors que Tickle signifie titiler, faire rire. Dans un style similaire, je vous encourage aussi à voir Une exécution ordinaire, un film magnifique et terrible dont voici la bande-annonce.


Les blagues mentionnées ici vous donneront peut-être envie d’en lire plus.

Qu’est-ce qui est plus froid en Roumanie que l’eau froide? L’eau chaude. [Page 3]

« Il y avait une autre blague qui était presque vraie – fidèle à la vie. Ceaușescu est très en colère parce qu’il n’entend pas de blagues à son sujet. Alors il ordonne une grande réunion de masse, et annonce « à partir de maintenant vous allez travailler sans être payés. » Et personne ne dit rien. « D’accord, continue-t-il, et à partir de maintenant vous allez tous travailler pour moi. » Personne ne dit rien. « Demain tout le monde est condamné à mort par pendaison », ajoute-t-il. Personne ne dit rien. « Hé, dit-il, êtes-vous fous? N’avez-vous tous rien à dire? N’allez-vous pas protester? » Il n’y a alors qu’un seul petit type qui dit: « Monsieur le Président, j’ai une question: est-ce que nous apportons notre corde ou est-ce que le syndicat va nous la donner? » [Page 3 à nouveau]

Après la Révolution d’Octobre, Dieu envoie trois observateurs en Russie: Saint Marc, Saint Pierre et Saint Matthieu. Ils lui envoient trois télégrammes.
‘Je suis tombé entre les mains de la Tchéka – Saint Marc.’
‘Je suis tombé entre les mains de la Tchéka, Saint Pierre.’
‘Tout va bien. Je vais bien. Matthias, Superintendant de la Tchéka.’

[Page 25]

L’antisémistime n’est malheureusement jamais très loin, mais comme les juifs eux-même en sont souvent les auteurs… je me permets d’en citer deux:

Un juif parle à son ami: ‘Mon fils Moïse et moi, nous allons très bien. Moisha travaille au Komintern en tant que communiste noir africain, alors que je suis au Kremlin, au sommet du clocher Ivan le Grand, attendant de sonner la cloche pour la révolution mondiale.
‘Eh bien, ce doit être un travail plutôt ennuyeux d’attendre la révolution mondiale’, dit son ami.
‘Oh oui, mais c’est un travail pour la vie.’

[Page 27]

Une diligence pleine de passagers voyage de Jytomyr à Kiev quand une bande de voleurs l’attaque. Leur chef commande: ‘Halte. Que personne ne bouge. Les mains en l’air!’ Tous les passagers sortent docilement de la diligence et mettent leurs mains en l’air. L’un d’eux se tourne vers le chef des bandits et dit: ‘Monsieur le chef, vous êtes en train de nous prendre tout ce que nous avons. Laissez-moi prendre quelque chose dans ma poche. Je dois donner quelque chose à la personne qui se tient à côté de moi.
‘Dépêchez-vous!’ Il montre le canon de son revolver au voyageur.
Le passager vide sa poche, prend cent roubles et, se tournant vers son voisin, dit: ‘Salomon! Je ne te dois pas cent roubles? Voici, prend-les. Et souviens-toi, maintenant, nous sommes quitte.’

[Page 29]

Un classique: Quels furent les derniers mots de Maïakovski avant de se suicider? ‘Camarades, ne tirez pas!’ [Page 50]

Humour en Absurdistan: Un troupeau de moutons est arrêté par les gardes-frontières à la frontière russo-finlandaise. ‘Pourquoi voulez-vous quitter la Russie?’ leur demandent les gardes.
‘C’est le NKVD’, répond le mouton terrifié. ‘Beria leur a ordonné d’arrêter tous les éléphants.’
‘Mais vous n’êtes pas des éléphants!’ soulignent les gardes.
‘Essayez de dire ça au NKVD!’

[Page 58]

À propos du progrès et de l’innovation [Page 66]
– Qui a découvert le rasoir électrique?
Il a été découvert par Ivan Petrovich Sidorov … dans la poubelle derrière l’ambassade américaine.
– Il y avait deux portraits sur le mur du musée, l’un du scientifique Ivanov qui a inventé la locomotive, le bateau à vapeur et l’avion, et l’autre du scientifique Petrov, qui a inventé le scientifique Ivanov.

Un enseignant demande à sa classe ‘Qui est votre mère et qui est votre père?
Un élève répond: ‘Ma mère est la Russie et mon père est Staline.’
‘Très bien’, dit le professeur. ‘Et qu’est-ce que tu aimerais être quand tu seras grand?’
‘Un orphelin.’

[Page 89]

A suivre… et voici la suite le 15 juin

Une femme au foyer à l’autre: «J’entends qu’il y aura de la neige demain!»
«Eh bien, je ne fais pas la queue pour ça.»
[Page 132]

Un homme meurt et va en enfer. Il découvre qu’il a le choix: il peut aller dans l’Enfer capitaliste ou dans l’Enfer communiste. Naturellement, il veut comparer les deux, alors il va voir l’Enfer capitaliste. Là-bas, à la porte d’entrée se trouve le diable, qui ressemble à un Ronald Reagan. «Qu’est-ce qu’il y a dedans?» demande le visiteur.
«Eh bien, répond le diable, dans l’Enfer capitaliste, ils vous écorchent vivants, puis ils vous font bouillir dans de l’huile et ensuite ils vous coupent en petits morceaux avec des couteaux tranchants.»
«C’est terrible!» halète-t-il. «Je vais vérifier l’Enfer communiste!»
Il passe à l’Enfer communiste, où il découvre une énorme file de personnes qui attendent d’entrer. Il attend dans la queue. Finalement, il arrive à à la porte de l’Enfer communiste où se trouve un petit vieux qui ressemble un peu à Karl Marx.
«Je suis toujours dans le monde libre, Karl, dit-il, et avant que j’arrive, je veux savoir comment ça se passe là-bas.»
«Dans l’Enfer communiste, dit Marx avec impatience, ils vous écorchent vivants, puis ils vous font bouillir dans de l’huile et ensuite ils vous coupent en petits morceaux avec des couteaux tranchants.
«Mais … mais c’est comme l’Enfer capitaliste!» proteste le visiteur. «Pourquoi une si longue file d’attente?»
«Eh bien, soupire Marx, parfois nous n’avons plus d’huile, parfois nous n’avons pas de couteaux, parfois pas d’eau chaude …»
[Page 133]

Pourquoi n’est-il pas possible de contrôler le taux de natalité dans les pays du bloc soviétique?
Parce que les moyens de production restent en mains privées.
[Page 145]

Le marxisme-léninisme est-il une science?
Non. Si c’était le cas, ils l’auraient testé sur les animaux en premier.
[Page 145]

Khroutshchev traverse le Kremlin, s’inquiète des problèmes de l’Union soviétique et crache sur le tapis dans un geste de dégoût.
«Comportez-vous, Nikita Sergeyevich», réprimande son aide. «Souvenez-vous que le grand Lénine a traversé ces salles!»
«Tais-toi», répond Khrouchtchev. «Je peux cracher autant que je veux ici; la reine d’Angleterre m’a donné la permission!»
«La reine d’Angleterre?»
«Oui! J’ai aussi craché sur son tapis à Buckingham Palace, et elle m’a dit: ‘Monsieur Khrouchtchev, vous pouvez le faire au Kremlin si vous le souhaitez, mais vous ne pouvez pas vous comporter comme ça ici …’»
[Page 154]

Pourquoi les Vopos se déplacent-t-il toujours par trois?
Un qui sait lire, un qui sait écrire et un qui garde un œil sur ces deux intellectuels.
[Page 158]

«Hmm», dit-il en ouvrant la lettre, «il m’a dit que si les choses allaient mal, il m’écrirait à l’encre rouge». La lettre est écrite à l’encre bleue. Il lit: «Cher Ivan, je passe un bon moment au Kazakhstan. Il fait chaud, j’ai un grand appartement et beaucoup à manger…»
Il interrompt la lettre, se tourne vers son fils et dit: «Tu vois, nous progressons sur la voie du socialisme…» Il lit la dernière ligne de la lettre: «Il n’y a qu’un problème – je ne trouve pas d’encre rouge.»
[Page 164]

Les utopies du XXIe siècle selon Libero Zuppiroli

Dans son dernier ouvrage en date, Les utopies du XXIe siècle, Libero Zuppiroli fait une présentation originale de ce que j’appelle les excès des promesses de l’innovation. J’en ai fait la brève chronique récemment dans Entreprise Romande et Bernard Stiegler en fait une analyse beaucoup plus pessimiste dans Dans la disruption – Comment ne pas devenir fou ? Une troisième référence très intéressante est l’ouvrage collectif Sciences et technologies émergentes, pourquoi tant de promesses?

Libero Zuppiroli aborde la problématique sous l’angle des utopies et des dystopies en faisant appel au début de son livre à d’anciens auteurs des XVIIIe et XIXe siècle, montrant ainsi que l’optimisme excessif a toujours existé et que son pendant réaliste voire pessimiste l’a aussi toujours accompagné. Flora Tristan en 1840 répond à Sadi Carnot sur les bénéfices de la machine en 1824, Marat en 1774 vient en contrepoint au libéralisme économique de Adam Smith en 1776, et Francis Bacon, dès 1627, rêve de progrès scientifiques et technologiques sans fin. Les promesses utopiques ne sont pas nouvelles!

C’est un livre qu’il faut lire et je vous laisserai découvrir son analyse des promesses dans les domaines des technologies de l’information, de la robotique, de la défense, des imprimantes 3D et des nanotechnologies, de la ville, de l’énergie, de la santé et du big data. Une simple illustration: aux alentours de 2005, les nanotechnologies étaient considérées comme un marché extrêmement prometteur, qui atteindrait 3 000 milliards de dollars en 10 ans. Plus de 10 ans plus tard, le marché se situe autour de 100 millions de dollars… (Pages 125-6)

Je crains pourtant que Libero Zuppiroli ne se fasse pas beaucoup d’illusions sur l’impact de ses analyses. Dans une note sur les auteurs critiques (note 119, page 293), il écrit « il fait partie de ces célèbres intellectuels critiques que la société américaine ne se contente pas seulement de tolérer, mais dont on favorise l’éclosion. Pourtant leurs critiques vis-à-vis du système américain sont acerbes et fondées sur des analyses remarquables. Mais ceux qui possèdent le pouvoir savent bien que, malgré leur réputation internationale, l’audience de ces intellectuels se limite à une faible fraction de personnes convaincues d’avance. Quel que soit leur talent, leur influence sur les masses d’électeurs et d’électrices sera toujours très inférieure à celle des télé-évangélistes. »

Mais je savais Libero Zuppiroli malicieux et sa conclusion me le confirme: cet empire s’effondrera comme ce sont effondrés les empires romain, napoléonien et soviétique. Quand? Nul ne le sait… mais il s’effondrera victime de son Hubris

PS (29 octobre 2018): le lecteur pourrait être aussi intéressé par trois autres critiques du livre:

“Les utopies du XXIe siècle”, un livre qui dénonce le mythe de l’inéluctabilité d’un certain progrès. Philippe Junod, La Méduse.
Les utopies du XXIè siècle de Frédéric Pitaval, Directeur chez IC Eau SA
Les utopies du XXIe siècle, Libero Zuppiroli de Antoine St. Epondyle

Silicon Valley 2018: Les libertariens ont remplacé les hippies

Alors que Trump et Harari étaient à Davos, je visitai la Silicon Valley pour la nième fois. Plus encore que lors de mes derniers voyages en 2014 et 2016, j’ai pu ressentir le fossé qui s’est créé entre la Silicon Valley que j’ai découverte et aimée à la fin des années 80 et celle qui se développe aujourd’hui (et que j’aime encore).

Comme me l’a dit un de mes interlocuteurs, la génération Hippie – que Leslie Berlin décrit dans ses Troublemakers et qui jusqu’à Brin et Page essaya de démocratiser la technologie – a été remplacée par l’égoïsme libertarien des réseaux sociaux que même Reid Hoffman aura bien du mal a rééquilibrer (voir It’s Time to Change Silicon Valley Culture). Les tours grimpent à San Francisco, les pauvres ont dû partir ou vivent dans des tentes un peu partout sur la baie, les fonds de capital-risque ne sont pas aussi performants que l’on croit, les licornes risquent bien de disparaître les unes après les autres, il faut 3h pour aller de Berkeley à Palo Alto si on part à 6h du matin, on trouve plus de fondateurs que d’entrepreneurs selon Leslie Hook, et même Steve Blank s’intéresse un peu moins aux startups pour se tourner vers l’innovation des organisations gouvernementales.

Cela fait un peu querelle des anciens et des modernes mais je ne suis pas sûr que Steve Jobs transmettrait le bâton à cette nouvelle génération quand il disait en 2005 [la mort] nettoie l’ancien pour laisser la place au neuf. Certains pensent que la Silicon Valley a atteint ses limites, mais AnnaLee Saxenian disait la même chose… en 1979. Vivrons-nous assez vieux pour avoir la réponse?

La complexité des politiques d’innovation – l’exemple de la Malaisie

J’ai eu la chance de rencontrer la semaine dernière deux économistes du Fonds Monétaire International qui sont les auteurs du document de travail intitulé The Leap of the Tiger: How Malaysia Can Escape the Middle-Income Trap (Le saut du tigre: comment la Malaisie peut-elle échapper au piège du revenu intermédiaire?). Ce n’est pas directement lié à l’innovation high-tech et je ne suis pas économiste; mon expertise est limitée à la nano-économie des start-up. Cela étant dit, j’ai été très impressionné par l’analyse de Reda Cherif et Fuad Hasanov.

En général, je lis plutôt des livres et articles sur les pays développés et l’entrepreneuriat high-tech, la Silicon Valley bien sûr, mais aussi l’exemple d’Israël, de la Finlande, de la France, du Chili… Lerner, Saxenian et Mazzucato ont été des auteurs importants pour moi. Hasanov et Cherif expliquent comment la Malaisie a tenté de développer son économie et a relativement échoué par rapport à Taiwan et à la Corée. Les raisons sont complexes et la personne intéressée devrait lire leur article.

Ils montrent vraiment la complexité des choses et encore une fois la recette a besoin de beaucoup de réglages, sans garantie de succès. L’ajout du Chili, de la Thaïlande et de la Norvège dans leur analyse la rend vraiment riche. J’ai compris que la combinaison d’un fort soutien étatique (incitations, financement, parfois protection) et de la concurrence dans le secteur privé (création de nombreuses entreprises automobiles coréennes) mettant l’accent sur sa capacité à exporter est très frappante. Pourquoi Nokia a-t-il réussi pendant un certain temps et pas Alcatel est peut-être expliquable avec leurs arguments. Ils mettent également beaucoup l’accent sur la capacité d’innover, indispensable pour permettre les exportations.

Donc, Mazzucato a raison, l’État a un rôle d’entrepreneur, mais les initiatives individuelles semblent être aussi importantes, quelque chose que je n’avais pas nécessairement compris dans le cas de Taiwan et de la Corée. La diaspora d’ingénieurs qui avait étudié et travaillé à l’étranger (aux États-Unis pour la plupart) a joué un rôle déterminant dans le développement économique et l’innovation après leur retour (parfois plusieurs années plus tard) dans leur pays d’origine …