Deux films français récents feront peut-être plus pour rapprocher les filles, les femmes, le genre féminin des technologie, science, mathématiques. Il s’agit du Théorème de Marguerite et de la Voie royale.
Marguerite est une mathématicienne brillante qui va devoir se confronter à la concurrence effrénée qui existe aussi dans le monde de la recherche. Sophie Vasseur est une lycéenne issue d’une famille d’agriculteurs qui va suivre ses rêves et tenter la voie royale par le chemin ardu des classes préparatoires. Je n’en dis pas plus.
On peut en trouver les sites web et bandes annonce sur le lien de Pyramide Films pour le premier,
et sur le site de la même maison de distribution, Pyramide Distribution pour le second,
Cela fait des décennies que je constate, et je ne suis évidemment pas le seul, qu’il y a moins de filles que de garçons dans les filières scientifiques, avant même l’université et les statistiques ne font que se dégrader au fil des différentes étapes, thèses de doctorat, carrières scientifiques, prix prestigieux pour les sciences, carrières d’ingénieurs, places de dirigeantes, créatrices de startup.
Tout en haut de cette échelle exceptionnelle, la médaille Fields ne fut remise qu’à deux femmes, l’Iranienne, Maryam Mirzakhani en 2014 (décédée en 2017) et l’Ukrainienne Maryna Viazovska en 2022. Avec un total de 64 lauréats, on arrive à un ratio de 3,1%. Quant aux prix Nobel, il a été décerné à 65 femmes pour 895 hommes (sans compter 27 organisations ni les doublons) selon wikipedia. Cela donne un « meilleur » ratio de 6,7%.
Dans la technologie ce n’est guère mieux, avec une lauréate sur 10 pour le Millenium Prize et je n’ai as trouvé de stats ni pris le temps de les faire pour l’hybride Breakthrough Prize . Quant à des créatrices de startup du niveau des GAFAs ou équivalents, j’aurais tout simplement du mal à donner des réponses.
Plus proche de mon quotidien, j’ai abordé le sujet dans une dizaine d’articles sur ce blog avec le tag #femmes-et-high-tech dont un plus systématique Femmes entrepreneurs – une analyse de 800 (anciennes) startups. Les femmes représentent environ 10% des créateurs de startup.
De plus, confirmant les intuitions de ma collègue Corine Zuber de l’EPFL, nous avions constaté ensemble qu’elles étaient « sur-représentées » dans les domaines des sciences du vivant (quasi-parité) et de l’architecture (environ 40%) dans notre école (alors qu’elles ne représentaient que 30% de l’ensemble en bachelor) et qu’elles représentaient 15% des fondatrices de startup biotech. Comme si le soin (le « care ») était plus séduisant pour elles. Je ne sais pas à quel point ce constat est conforté par des statistiques plus globales.
Alors pourquoi ? La réponses n’est sans doute pas difficile à trouver tant le patriarcat gouverne le monde. J’ai toujours été frappé de voir à quel point les statistiques étaient différentes dans les anciens pays de l’Est pour la science et la technologie, mais guère meilleures pour les postes de direction et de pouvoir.
La fiction reste bien souvent la meilleure illustration d’une situation sociale comme c’est le cas de ces deux films et j’y reviendrai sans doute, dans les merveilleux romans de Jón Kalman Stefánsson que je découvre depuis quelques mois et dans le très récent Ton absence n’est que ténèbres. Dans toutes ses œuvres, l’auteur fait des portraits de femmes extraordinaires et je l’espère inspirant pour la gente féminine mais aussi pour les hommes qui ont envie d’encourager et d’inspirer leurs congénères.
Ma seule « proposition » est que je crois que les « role models », les modèles inspirants font toujours mieux que le volontarisme, les imprécations sans parler des interdictions, au moins sur le long terme. Mon manque de contribution plus convaincante est aussi dans doute un aveu d’échec.
Alors, espérons au moins, que Marguerite et Sophie Vasseur puissent inspirer des générations de jeunes femmes !
Je viens de décider d’ajouter une nouvelle analyse à ma récente étude de 800 (anciennes) startups. Bien que le sujet soit important dans l’entrepreneuriat high-tech, je ne l’avais jamais vraiment abordé si ce n’est de manière anecdotique dans ces posts avec le tag #femmes-et-high-tech.
Huit femmes fondatrices ou entrepreneures. Je ne sais pas combien j’en aurais automatiquement reconnues. Et vous?
Et voici les résultats que j’ai trouvés. Mes excuses par avance car ce travail est loin d’être parfait : j’ai essayé d’identifier des fondatrices à partir de leur nom et ce n’est pas toujours facile. Je crois toutefois que je ne dois pas être trop loin de la réalité.
Alors qu’est-ce que cela dit?
– Il y a 76 femmes fondatrices dans 825 entreprises, ce qui indique que 9% de ces anciennes startups avaient une femme fondatrice. Pour ne rien arranger, le nombre total de fondateurs identifiés est de 1644.
– C’est dans le domaine des biotechnologies, qu’elles sont les plus représentées (d’où sans doute leur surreprésentation à Boston, en Suisse, en Californie hors de la Silicon Valley)
– La bonne nouvelle, c’est que ce nombre a atteint 15 % au cours de la dernière décennie. Enfin…
– Maintenant, il n’y a que 31 femmes PDG/CEO, ce n’est que 4% du total (rappelez-vous que les PDG/CEO fondateurs sont un peu plus de 60% des CEO donc c’est encore pire ici puisque certaines de ces femmes PDG ne sont pas fondatrices: Si vous ne coéprenez pas de quoi je parle, regardez ici). En réalité, 20 de ces femmes étaient fondatrices et 11 ne l’étaient pas…
L’écart entre les sexes est devenu un problème beaucoup plus visible en 2018 et Bock ne fait pas exception (même si son livre est plus ancien). Mais avant de mentionner ce qu’il en dit, voici deux références récentes et très intéressantes:
– Le NewYorker vient de publier un article sur l’écart entre les sexes au travail et en particulier à la BBC: Comment les femmes de la BBC travaillent vers l’égalité des salaires (en anglais).
– France Culture raconte l’histoire de Margaret Hamilton, programmatrice de logiciels sur le projet Appolo: Margaret Hamilton, la femme qui a fait atterrir l’Homme sur la Lune.
Margaret Hamilton durant le programme Apollo.• Crédits : NASA
Et maintenant Bock: Dans une étude menée par Maura Belliveau de la Long Island University [1], 184 gestionnaires ont été invités à attribuer des augmentations de salaire à un groupe d’employés. Les augmentations s’alignent bien avec les évaluations de performance. Ensuite, on leur a dit que la situation financière de l’entreprise signifiait que les fonds étaient limités, mais ils avaient reçu le même montant de fonds à allouer. Cette fois-ci, les hommes ont reçu 71% de l’augmentation des fonds, comparativement à 29% pour les femmes, même si les hommes et les femmes avaient la même répartition des notes. Les gestionnaires – des deux sexes – avaient donné plus aux hommes parce qu’ils supposaient que les femmes seraient apaisées par l’explication de la performance de l’entreprise, mais que les hommes ne le seraient pas. Ils ont mis plus d’argent pour les hommes afin d’éviter ce qu’ils craignaient être une conversation difficile. [Page 170]
[1] « Engendering Inequity? Comment les comptes sociaux créent et n’expliquent pas simplement les résultats salariaux défavorables pour les femmes » Organisation Science 23 no 4 (2012) 1154-1174 publié en ligne le 28 septembre 2011, https://pubsonline.informs.org/doi/abs/10.1287/orsc. 1110.0691
Bock mentionne une autre étude à la page 137 sur les diplômés de Carnegie Mellon qui est aussi mentionnée dans l’article de New Yorker: « Comme l’expliquent l’économiste Linda Babcock et l’écrivaine Sara Laschever, dans leur livre « Women Do not Ask », les femmes négocient statistiquement moins que les hommes des salaires plus élevés et d’autres avantages. À l’Université Carnegie Mellon, par exemple, quatre-vingt-treize pour cent des étudiantes de MBA ont accepté une offre salariale initiale, tandis que seulement quarante-trois pour cent des hommes l’ont fait. Les femmes subissent de lourdes pertes pour leur tendance à éviter la négociation. On estime qu’au cours de sa carrière, une femme perd en moyenne entre un demi-million et un million et demi de dollars. » De plus « Même lorsque les femmes arrivent à la table de négociation, elles réussissent souvent mal. Dans «What Works: Gender Equality by Design», l’économiste comportementale Iris Bohnet examine les données d’un groupe de demandeurs d’emploi suédois, parmi lesquels les femmes ont fini avec des salaires inférieurs à ceux de leurs homologues masculins tout aussi qualifiés. «Non seulement les employeurs ont-ils répondu aux demandes déjà plus faibles des femmes avec des contre-offres plus aggressives, mais ils ont répondu moins positivement lorsque les femmes ont essayé de s’auto-promouvoir», écrit-elle. «Il s’avère que les femmes ne peuvent même pas utiliser les mêmes stratégies de promotion que les hommes.» Quand les femmes agissent plus comme des hommes, suggère-t-elle, elles sont souvent punies pour cela. Penchez-vous, et vous pourriez être repoussé encore plus loin. »
Le mot Start-up est controversé. L’argent, le business en sont souvent les synonymes et à l’heure des Paradise Papers, ils n’ont pas bonne presse, à raison! J’ai parfois dû « défendre » et je continuerais à défendre malgré cela un monde qui est important… Plus largement, je crois, il faut lutter pour défendre l’importance des faits et d’un « gros mot », la vérité, avec courage. Dans un monde où la communication l’emporte sur l’information (déjà au début du XXe siècle, Schumpeter expliquait que le capitalisme ne pouvait exister sans marketing et publicité) il est important que les voix défendant les faits, la vérité avec courage soient entendues. Je suis pour cette raison parfois sorti ici du strict cadre de la technologie, de l’innovation et de l’entrepreneuriat high-tech pour mentionner des intellectuels qui me semblent importants. Harari, Piketty, Fleury, Stiegler, Picq.
Une longue introduction pour mentionner une belle interview de Pascal Picq sur France Inter ce matin: « Il faut déconstruire la domination masculine à Hollywood comme ailleurs ». Un bref extrait: « Constat : les bonobos, qui nous sont proches n’ont pas évolué comme nous. Homo Sapiens est l’une des espèces les plus violentes envers ses femelles, les femmes donc. Les degrés de cette violence varient en fonction des époques et des cultures. Le statut de dominant s’y exerce à l’égard de la Nature d’une part, et des femmes d’autre part. Les comportements de domination masculine qui sont ancrés dans nos sociétés humaines sont le fruit d’une évolution comportementale, et non d’un déterminisme naturel et génétique. Chez les bonobos, la femelle est dominante, la violence des relations est maîtrisée par les relations hédoniques, et les bonobos vivent selon un modèle de gynocratie. Les bonobos et les hommes n’ont pas eu la même évolution comportementale. Et je précise qu’on ne peut pas accuser notre nature, comme le font certains, dans les principes de domination masculine qui se sont imposés chez les humains. C’est une évolution comportementale qui s’est ancrée dans les sociétés agricoles et dans les sociétés industrielles. Historiquement, là où l’on produit des nourritures ou des objets, les sujets masculins ont tendance à prendre le contrôle de la production et de la reproduction. »
Dans toutes les disciplines scientifiques ou non, la complexité rend difficile parfois, souvent,l’affirmation de vérités. Elles semblent mouvantes. Mais il y a des faits que l’on doit toujours analyser le plus honnêtement possible avec courage et il en sort des vérités. Merci à ces intellectuels courageux qui travaillent sans dogme et nous aident à comprendre le monde.
Alors pour finir sur une touche plus « légère » voici deux oeuvres d’Obey dont le combat artistique est tout aussi magnifique!
Il y a vingt ans, j’entrai dans le monde du VC et des startup. Quel anniversaire! Ce fut amusant et excitant. Je l’aurais oublié si je n’avais pas déjeuné il y a deux jours avec des gens de Logitech. Quand nous avons parlé des bureaux de Logitech dans la Silicon Valley, je leur ai dit que j’avais un document de Businessweek qui montrait que Logitech était considéré comme une progéniture de Stanford.
Je dus trouver ce document et ce fut fascinant de relire ce numéro spécial de Businessweek, datant du 18 août 1997, intitulé Silicon Valley, The People, the Deals, the Culture, The Future – How it really works. Alors laissez-moi reprendre quelques éléments.
Premièrement la couverture. Voici un petit quizz intéressant. Combien de personnes reconnaissez-vous? Réponse à la fin du post.
Deuxièmement, la table des matières. Ce pourrait être la même chose aujourd’hui. Donc les choses n’ont pas tellement changé. Par exemple, le facteur migratoire; la folie de la région, à cause du coût, du stress; et l’invisibilité des femmes, ce « sexisme subtil chaque jour ».
Troisièmement, la question récurrente de savoir pourquoi les efforts pour dupliquer la Silicon Valley ont tous échoué …
Il y a les arguments classiques: les gouvernements locaux offrent des incitations fiscales ou de petits investissements, mais ne peuvent pas inventer ou commercialiser la technologie. Et il y a un passage très intéressant: Même les efforts privés pour cloner la vallée ont échoué platement. Terman, le père de la Silicon Valley, a été embauché dans les années 1960 pour recréer la magie dans le New Jersey et au Texas. Il s’est concentré sur l’établissement d’institutions de recherche solides, comme Stanford, qui pourraient jouer le rôle une boîte de Petri pour les idées brillantes. Mais Terman a été embauché par de grandes organisations, y compris Bell Labs et Texas Instruments Inc., et peu d’hommes d’affaires étaient prêts à tenter une startup. ‘Il a échoué, en partie, parce qu’il a surestimé l’importance des universités et en partie parce qu’il a été embauché par de grandes entreprises sans tradition entrepreneuriale.’
Enfin, quelles sont les leçons à retenir. Tout cela est bien connu et toujours valable aujourd’hui …
Si vous voulez le pdf scanné, demandez le moi. Ce serait un cadeau privé, alors que la mise en ligne du document complet serait une violation du droit d’auteur…
Réponse au quizz: Une douzaine d’étoiles les plus brillantes de la vallée: (rangée du haut, de gauche à droite) Larry Ellison, Oracle; Marc Andreessen, Netscape; Andy Grove, Intel; Al Shugart, Seagate Technology; Gordon Moore, Intel; John Chambers, Cisco Systems – (rangée du bas, de gauche à droite) Steve Jobs, Apple Computer, Pixar; Scott McNealy, Sun Microsystems; John Doerr, Kleiner Perkins Caufield and Byers; Larry Sonsini, Wilson Sonsini Goodrich and Rosati; Lew Platt, Hewlett-Packard; Jim Clark, Netscape.
Les Dilemmes du Fondateur est à la fois un livre fascinant et frustrant. Fascinant parce qu’il fournit des données très rares (et pour la plupart inconnues) sur les fondateurs et les start-up high-tech. Frustrant, car il fournit rarement des réponses aux dilemmes auxquels les fondateurs peuvent être confrontés. Il m’a fallu la lecture complète du livre pour enfin comprendre que la réponse Wasserman fournit est qu’il n’y a pas de meilleure solution pour un fondateur face à un problème, mais que s’il connaît toutes les situations possibles, il pourra mieux décider sur la base de sa propre motivation et … de sa personnalité. Alors, oui, elle ou il pourra décider, non pas sur des critères rationnels, mais plus en suivant ses inclinations personnelles !
La meilleure illustration de cela est Evan Williams, qui était l’un des fondateurs de Blogger, puis de Odeo (et puis, après que le livre a été conçu, de Twitter). Williams a eu un comportement très différent avec les deux start-up. Il était « orienté vers le contrôle » avec Blogger, embauchant des personnes dans son réseau proche, en prenant seulement de l’argent des amis et de la famille (et de son réseau) et en gardant le contrôle de la gestion au point de licencier tout le monde, y compris son ancienne co-fondatrice et petite amie. Avec Odeo, il eut d’abord une attitude « axée sur la prospérité », en prenant de l’argent VC et une stratégie de recrutement différente. Son inclinaison naturelle l’a cependant poussé à racheter la participation de ses investisseurs, car il avait besoin de contrôler sa start-up à nouveau.
Wasserman montre que les «3R» (relations, rôles et récompenses) sont des éléments clés pour les décisions concernant les principaux dilemmes auxquels les fondateurs peuvent être confrontés. Ces divers dilemmes sont classés selon les chapitres du livre : Carrière, en Solo ou en Equipe, Réseau proche ou étendu, Rôles, Compensations, Investisseurs, Succession. Wasserman explique (ou mieux dit décrit) les divers dilemmes des fondateurs lors des prises de décision et montre que leurs décisions sont très souvent dépendantes de leur motivation. Veulent-ils être Rois (motivé par le contrôle ou le pouvoir) ou Riches (motivé par la prospérité) ? Il le fait avec des anecdotes (pas toujours passionnantes et assez bien connues) et des statistiques (excellentes et pas très bien connues)
En résumé, je l’ai vu plus comme un livre pour les universitaires que pour les entrepreneurs et créateurs qui, apparemment, ne prendront pas de meilleures décisions après avoir lu ce livre, car ils seront entrainés par leurs motivations, pas par leur expérience ! Au moins, ils seront informés. Ce livre est aussi une autre illustration que la jeunesse et l’enthousiasme sont aussi importants que l’expérience et les comportements rationnels !
Une question intéressante traitée par Wasserman est la raison pour laquelle les individus décident de devenir des entrepreneurs, pensant souvent qu’ils deviendront riches alors que ce n’est pas le cas. Cela a à voir avec le contrôle et la richesse. Vous aurez besoin de lire Wasserman si vous voulez en savoir plus.
Voici quelques notes prises lors de la lecture. Le tableau suivant est probablement un élément essentiel du dilemme contrôle-vs-richesse.
Table 1.2 (et 11.1) – Dilemmes Richesse-Contrôle
Wasserman a beaucoup de données des plus intéressantes et laissez-moi vous montrer un petit échantillon:
– Il n’y a pas de caractéristiques particulières pour devenir fondateur (âge, expérience, influences de l’enfance, personnalité, situation familiale, situation économique), mais les premières influences et les motivations naturelles semblent être importantes.
– A propos de l’âge, il a vu une grande variation avec une moyenne de 14 ans d’expérience de travail avant de devenir fondateur (supérieure en sciences de la vie). Il y a un groupe spécifique de fondateurs avec 0-4 ans d’expérience.
– Les principales motivations sont le contrôle ou la richesse, mais avoir un impact compte aussi.
– Wasserman montre de fortes différences liées au genre en corrélation avec l’âge. C’est une lecture incontournable mais trop longue pour être expliquée ici … quoi que…, je vais essayer [pages 33-35]
– L’homogénéité ethnique a lieu 46 fois plus souvent que non (et encore 27 fois plus souvent pour contrôler les liens familiaux). Et elle diminue les risques de conflits, elles sont donc plus stables.
Taille des équipes de fondateurs
Fonder avec ses amis …
– 40 % des équipes ont eu des relations professionnelles antérieures et 17 % des liens familiaux.
– Chacun de ces rapports a ajouté une probabilité de 30% de départ d’un fondateur.
– En résumé
« Une amitié fondée sur l’entreprise peut être glorieuse, tandis qu’une entreprise construite sur l’amitié peut être meurtrière. » [Page 104]
Jobs et Wozniak sont un bon exemple : ils n’ont pas clarifié les questions cruciales et « il s’était payé un montant, il m’a dit avoir reçu un autre. Il n’a pas été honnête avec moi, et j’ai été blessé … Mais vous savez … il était mon meilleur ami, et je me sens très lié à lui. » Ils ont fini par se séparer. [Page 109]
À propos de la prise de décision : « Deux personnes au volant est la pire façon de conduire. Vous finissez par aller tout droit quand tourner à droite ou à gauche serait mieux. » Un argument en faveur de trois personnes plutôt que deux.
Le partage de l’equity entre fondateurs
Compensation et sexe féminin
Il y a un écart beaucoup plus grand dans la prépondérance des femmes que dans leur rémunération. Seulement 10 % étaient niveau-C ou VP (17% en sciences de la vie ) et 3 % et 7% étaient respectivement CEO. Mais la compensation était de 5 % en dessous.
Investisseurs
Sur les BAs (Business Angels) et VCs, Wasserman présente les dilemmes habituels. Dick Costolo sur le fait d’avoir trop de BAs : « C’était une recette pour le désastre. J’ai eu 13 personnes qui, maintenant qu’ils avaient 20’000 dollars investis, voulaient m’appeler et poser des questions sur […] requérant 45 minutes de temps du CEO alors qu’il devrait être aux commandes de l’entreprise ».
Succession du CEO
Conclusion
Wasserman mentionne étrangement ici : « Qu’est-ce que l’entrepreneuriat ? Une définition largement utilisée est un processus par lequel les individus poursuivent des opportunités sans tenir compte des ressources qu’ils contrôlent actuellement ». Cela semble un brin romantique , mais il y a un côté sombre : les fondateurs sont 60 fois plus susceptibles d’être limités dans leurs ressources que d’avoir toutes les ressources dont ils ont besoin. Le manque de ressources se cache derrière tous les dilemmes décrits. [Page 333]
Les fondateurs qui avaient gardé le contrôle avait une participation d’une valeur [moitié ] moindre que celle détenue par les fondateurs qui ont cédé à la fois le rôle de CEO et le contrôle du conseil d’administration.
Il y a aussi des chemins hybrides, des compromis entre le contrôle et la richesse, en utilisant des solutions « de second rang » (embauche, investisseurs) mais Wasserman montre que c’est encore plus risqué. Des décisions cohérentes donnent une probabilité plus élevée de sortie désirée (soit le contrôle ou la richesse).
Donc, la réponse aux dilemmes est « ça dépend ». Soyez informés sur les options et cohérent dans vos choix !
Wasserman ouvre enfin de nouvelles pistes de recherche :
– Qui sont ces animaux spéciaux qui obtiennent à la fois le contrôle et la richesse (Gates, Ellison , Jobs 2.0 … )?
– Les entrepreneurs en série : ils reçoivent de plus grandes participations, restent plus longtemps CEO, négocient de meilleures conditions d’investissement et ont peut-être plus de succès. Vraiment? ! (cf Les serial entrepreneurs sont-ils meilleurs?)
– Combien de fois un fondateur (orienté contrôle) est-il en mesure de vendre une start-up dont il est propriétaire à 100 %, pour 5 millions de dollars et à quelle fréquence un fondateur (orienté richess) est-il en mesure de vendre pour 100 millions de dollars une société dont il détient 5 %
– Wasserman est conscient que tout cela est spécifique à la haute technologie et aux États-Unis. Qu’en est-il en dehors de ce périmètre?
« Tout modèle honnête d’un phénomène humain complexe doit reconnaître de nombreuses inconnues »
J’ai l’intention de revenir sur les Dilemmes du Fondateur avec un regard sur la situation récente de start-up suisses…
Pourquoi y a t-il aussi peu de femmes dans les start-up de la Silicon Valley ? Pourquoi si peu dans la technologie en général? Pourquoi si peu dans la science? Et même pourquoi si peu de cuisiniers célèbres ou de créateurs de mode quand elles font la plupart de ce travail quotidien à la maison? Je n’ai pas de réponses parfaites ou peut-être trop de réponses. Le débat a été relancé à nouveau il y a quelques jours quand Vivek Wadhwa a critiqué Twitter pour ne pas avoir de femems au sein de son conseil d’administration, d’abord dans un article du New York Times Curtain Is Rising on a Tech Premiere With (as Usual) a Mostly Male Cast suivi d’un article qu’il a écrit pour TechCrunch My Response To Dick Costolo: Twitter Must Lead Silicon Valley On Diversity.
Avec des mots violents tels que « C’est l’arrogance de l’élite mafieuse de la Silicon Valley, la mafia Twitter », « C’est la même pensée machiste. Le fait qu’ils vont aller en bourse sans une seule femme sur leur board, comment osent-ils? » ou encore « La racine de ce problème est l’arrogance et une attitude je-m’en-foutiste », Wadhwa n’accepte pas le arguments que le PDG de Twitter et d’autres de utilisent : « il y a certainement un problème d’offre. » Dick Costolo, PDG de Twitter, s’est donné la priorité de trouver une femme pour siéger au conseil d’administration, mais il a eu du mal, selon deux personnes ayant connaissance de ses plans mais qui n’étaient pas autorisés à parler publiquement. « Tout le monde essaie la diversité, à la fois la diversité ethnique et de genre, pour des postes de directions et d’administrateur », a déclaré Rick Devine, directeur général de TalentSky, un cabinet de recrutement de la Silicon Valley. « Le problème n’est pas l’intention, la question est simplement le manque de candidats. » (Extrait du même article du NYT )
Encore une fois , vous devriez lire les articles en entier. Je n’ai pas de bonnes réponses, mais si il y a une pénurie de candidats, je peux mentionner ici que deux fois dans ma vie, d’abord dans le monde du VC, puis dans le monde académique, j’ai entendu des décideurs dire sérieusement que l’embauche d’une femme serait un risque en raison de la possibilité d’une grossesse. Comme si avoir des talents dans une équipe n’était pas toujours pas risqué, simplement parce qu’ils peuvent toujours démissionner à tout moment …
Permettez-moi de conclure avec une autre citation de Catarina Fake dans Founders at Work, que j’ai déjà utilisé dans le passé : « Il y a beaucoup de sexisme institutionnalisé dans le monde des affaires et je crois qu’on ne se rend même pas compte de son ampleur. Un exemple qui est arrivé quand nous sommes descendus dans la Silicon Valley pour rencontrer une société de capital-risque. Après la réunion, le VC a parlé à quelqu’un de notre entreprise, et lui a dit : « Dis à Stewart de ne pas amener sa femme à des réunions de capital-risque. » Il faut beaucoup de courage aux femmes pour faire face à cette suspicion – et cette suspicion revient tout le temps, même dans certains lieux des plus surprenants – qu’elles ne sont pas à la hauteur, qu’elles ne sont pas assez fortes ou assez dures. On attend deux fois plus d’elles. J’ai entendu cela encore et encore de femmes dans le monde des affaires : elles doivent être deux fois aussi plus préparées que les hommes ».
Je fais rarement des annonces d’événement, mais puisque j’ai parlé récemment du sujet des femmes et entrepreneuriat, je fais ici une exception à la demande de Yoni 🙂 Anne Stéfanini Directeur général Advancia Negocia et Martine Abbou, gérante de w-ima ont le plaisir de vous inviter à participer aux 1ères « Rencontres professionnelles wimadame »
« L’énergie au féminin »
Jeudi 9 juin 2011 de 17h15 à 20h30 (accueil à partir de 17h)
Ecole Advancia Negocia
3 rue Armand-Moisant
75015 Paris Montparnasse
Découvrez les opportunités variées de rencontrer la bonne personne au bon moment dans ce laboratoire à idées. Etudiant(es), salariées, chef d’entreprise, associations, elles ont l’énergie à construire leur vie privée et professionnelle. Vous découvrirez, un univers positif et dynamique en présence de femmes qui font bouger les idées reçues, qui dirigent, qui créent, qui entreprennent. Des contacts directs et privilégies. Cette 1ere Rencontre professionnelle est réservée aux membres de la communauté de wimadame, au cercle VIP Business de w-ima, aux femmes du projet Européen « Fame » et à toutes celles qui souhaitent participer aux actions Unies de wimadame. Nos partenaires et nos amies sont de toute évidence les bienvenues. Mais attention, les places pour cette première sont limitées.
martine.abbou@wimadame.com
Participation aux frais :
• Etudiant(e) Inscrite sur le portail 25 €
• Non inscrite sur le site 35 €
• Entreprise inscrite sur le site 160 €
Inscription obligatoire à confirmer par mail
martine.abbou@wimadame.com
Pour les entreprises Paiement par chèque à envoyer
Société w-ima 78 avenue Raymond Poincaré Paris 75116
Pour les étudiants paiement sur place par chèque ou en espèces
Pemo Theodore publie des entretiens et vidéos sur le sujet de la high-tech et de l’innovation avec un intérêt particulier pour la présence des femmes dans ce monde; elle s’intéresse aussi aux liens avec le capital risque. Son blog est ezebis. Elle voulait avoir mon point de vue, je ne suis pas trop sûr de sa motivation car je ne suis ni entrepreneur et non plus maintenant dans le capital-risque. Si vous n’avez pas peur de mon fort accent français, voici la vidéo et le texte anglais se trouve sur Hervé Lebret, EPFL Swiss Tech Institute, Difference in European & US Venture Capitalists. Je vous donne ma traduction en français ci-dessous. Merci, Pemo!
Entretien vidéo avec Hervé Lebret. Hervé gère les Innogrants @ EPFL (l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne), un programme de soutien à la création et au démarrage. Le programme comprend des subventions aux entrepreneurs et des conférences où les role models partagent leur expérience entrepreneuriale auprès des étudiants et chercheurs. De 1997 à 2004, il était avec Index Ventures, la société de capital risque pan-européenne qui a investi dans Skype, mysql, Virata, Addex, Genmab. Il a commencé sa carrière universitaire en ingénierie et en mathématiques appliquées à l’ENSTA et l’ONERA (Paris). Il est également l’auteur du livre « Start-Up, ce que nous pouvons encore apprendre de la Silicon Valley ». Hervé Lebret est diplômé de l’Ecole Polytechnique (Paris) et l’Université de Stanford. Il détient un doctorat en génie électrique de l’Université de Rennes. Vous pouvez trouver son blog @ Herve et sur Twitter @ hlebret
* Je comprends que vous étiez un investisseur en capital risque dans le passé et que vous faites toujours des investissements d’amorçage par le biais de l’Université. Pourriez-vous me parler un peu de votre histoire et ce qui vous a amené à ce point?
Eh bien, je vais essayer de le faire en 3 minutes. J’ai une formation d’ingénieur. J’ai étudié en France, j’ai étudié à l’Université de Stanford. Fondamentalement, il ya une grande différence entre la culture européenne, où nous étions étudiant avant tout et l’Université de Stanford où j’ai découvert que tous mes camarades voulaient faire des start-up. Ce qui m’a poussé à aller plus loin dans le sens de l’innovation. J’ai donc migré de la recherche universitaire au capital-risque en 1997. Je suis resté avec Index Ventures jusqu’en 2003. Vraiment je me suis intéressé à essayer de comprendre pourquoi l’Europe a été à ce point derrière la Silicon Valley. Puis j’ai quitté Index pour l’EPFL Université qui est l’institut suisse de technologie à Lausaunne. Je suis là pour aider les élèves à devenir des entrepreneurs. Donc j’ai un fonds d’amorçage. J’ai dépensé environ 4 millions $ au cours des 5 dernières années. Je donne environ 100.000 dollars par projet. J’ai financé environ 40 projets. Des entreprises ne sont pas forcément créées, mais 20 entreprises ont été créées à partir des 40 projets. Voilà pour mon parcours.
* Quel est le pourcentage de femmes que vous côtoyez, en ce qui concerne le financement de ces projets?
Je dirais environ 10%. Sur les 40 projets, 3 femmes ont été financées. Et 10% est probablement le nombre de femmes que vous avez en ingénierie à l’EPFL. Mon expérience en tant que ancien étudiant en ingénierie est la même, vous avez environ 10% de femmes dans les sciences et la technologie, la gestion des affaires et probablement aussi chez les entrepreneurs.
* Avez-vous noté des différences avec les femmes entrepreneurs dans leur façon de pitcher & bâtir des entreprises?
Eh bien, c’est une question difficile. Je dois répondre que je crois qu’il n’ya pas de différences. Elles ont le même niveau d’énergie. J’entends de très nombreuses analyses pour savoir pourquoi elles sont différentes. Je ne suis pas convaincu de cela. Je pense que la société fait des femmes différentes, elle les met dans une position différente à cause des familles. Les hommes veulent que leurs femmes prnnent soin de la maison ou des enfants, mais une fois que vous avez oublié à ce sujet, on découvre qu’elles sont très similaires. J’ai une fille qui a 15 ans, elle étudie les sciences. Quand je vois sa personnalité, j’ai le sentiment qu’elle pourrait être très semblable à un homme.
Fantastique & c’est évidemment pourquoi vous contribuez à des projets comme celui-ci, parce que vous voulez que votre fille ait un terrain de jeu différent, non?
Je l’espère, je l’espère.
* Cindy Gallop, fondatrice de IfWeRanTheWorld, a déclaré dans une récente interview: «les fonds de capital-risque financent à leur propre image: blanc, mâle. Le cycle se perpétue, (à prédominance masculine) de sorte que les VCs ont une idée préconçue en tête de ce qu’ils pensent être le genre d’entrepreneur à soutenir. John Doerr, aurait dit, ‘Si vous êtes un blanc, avez moins de trente ans, un geek sans vie sociale et un dropout de Harvard ou Stanford, vous pouvez aller chercher de l’argent chez les VCs. Il n’a pas dit «masculin», mais il aurait aussi bien pu . Si cela avait été une jeune fille de 17 ans, de Russie qui proposait ChatRoulette aurait-elle reçu autant d’intérêt pour le financement de ce qu’elle veut faire? » Quel est votre avis sur cela et si cela se passe, comment les femmes peuvent-elles trouver une brèche dans cette culture en particulier en Europe?
Eh bien, c’est un commentaire difficile que vous faites, mais il y a beaucoup de vérité. Je pense tout à coup au film sur Facebook. Quand vous regardez les femmes dans le film, elles n’ont pas le beau rôle contrairement à Zuckerburg, à l’exception de son ancienne petite amie qui elle a une bonne position. Oui vous avez raison, il se peut que nous (les hommes) n’aidions pas beaucoup. Je pensais aussi à combien de femmes sont dans le capital-risque? Il y a Ann Winblad, Esther Dyson. Quand j’étais chez Index, il y avait des femmes. Il y en avait 2 ou 3 sur 20 personnes. Mais vous avez raison, nous sommes toujours à copier nos modèles du passé. En Europe la situation est-elle différente de celle des États-Unis, je ne suis pas sûr?
* Cindy dit aussi: «Je ne pense pas que autant de femmes que d’hommes cherchent activement des fonds de capital-risque, car elles ne sont pas aussi intégrées dans les réseaux que les entrepreneurs masculins le sont. Les jeunes entrepreneurs de sexe masculin peuvent très facilement devenir la star du mois et se présenter d’un VC à l’autre – avoir la perception qu’ils sont «in» et obtenir leur financement. Il ne se produit pas pour les femmes ce phénomène. « Pensez-vous que le réseautage avec capital-risque est plus difficile pour les femmes entrepreneurs en Europe? «
C’est bien possible, c’est bien possible. Il s’agit en effet d’un réseau, c’est un club. Les femmes ne font pas partie du club. Mais il serait semblable pour toutes les minorités, même les étudiants en ingénierie, sans expérience, sont plus timides. Si vous pensez à tout type de minorité, ça sera la même chose. En fait, permettez-moi de lire une petite citation que j’ai trouvée dans «Founders at Work » de Jessica Livingston, un livre sur les entrepreneurs. Mena Trott (Six Apart) a dit: «Je pense que l’une des raisons se trouve que les femmes ne sont pas toujours nécessairement motivées à faire leurs preuves de la mêmefaçon que vous les hommes ; on ne peut pas faire quelque chose comme ça, sans vouloir être exposé. Je me suis toujours identifiée avec des garçons à l’école et j’ai toujours été en concurrence avec eux. « Beaucoup de femmes sont dans le marketing ou le design. Je pense que le marketing et le design sont beaucoup plus difficiles à apprendre que la technologie. « Alors, elle dit quelque chose d’intéressant, que vous devez être prêt à être exposé, que vous devez être à l’avant, de vous mettre en avant dans la société.
Oui, cela demande plus de confiance, n’est-ce pas?
Absolument
Oui, oui vous avez raison. Jessica Livingston a fait un excellent travail en ouvrant la voie pour les femmes ici, dans la vallée particulièrement.
* Qu’est-ce que vous voyez comme obstacles à l’inclusion des femmes entrepreneurs dans l’obtention de financement? Je suppose que nous devons construire notre confiance, non?
A la base, il y a l’école et l’étude des sciences et de la technologie (je ne dis pas que l’esprit d’entreprise et la technologie sont liés), mais dans mon cas, dans la haute technologie oui. Si nous n’avons pas assez de femmes dans la science et la technologie, c’est un premier obstacle. Et puis, oui, nous devons leur montrer qu’elles doivent penser à leur propre carrière. Les obstacles sont bien avant tout esprit d’entreprise. Il s’agit d’être ambitieux et ne pas avoir peur d’avoir une carrière et d’avoir des enfants [à la fois]. Ces choses ne sont pas simples. Il ya une autre citation que j’aime beaucoup. Je pense que c’était Ann Winblad, (Open Systems puis une VC avec Hummer Winblad): « Une amie m’a dit : Ma fille s’inquiète de paraître trop ringarde [nerdy] si elle s’investit dans les sciences. Elle ajoutait cependant qu’il y a des femmes qui réussissent, y compris elle-même et Carol Bartz, qui est maintenant le directeur général de Yahoo, «nous avons vraiment apprécié d’être adolescentes ainsi que notre vie d’adultes et nous avons eu beaucoup de succès. » Donc, le problème est que nous devons devenir des modèles, des modèles tels que Steve Jobs, Mark Zuckerburg, vous avez besoin de modèles de femmes aussi. Donc, si pouvez mettre en avant ces femmes et Jessica Livingston le fait, cela donnera beaucoup de confiance aux femmes.
Je pense que vous êtes tout à fait correct et beaucoup disent que nous n’avons besoin de plus de modèles féminins.
* Cindy dit aussi: «les VCs ont tendance à dire qu’ils soutiennent la personne, et non l’idée. Mais si ils ont toujours le même genre de personne – homme – alors les femmes entrepreneurs ont une meilleure chance d’obtenir financement quand elles ont quelque chose qui fonctionne réellement sur le marché « Pensez-vous que les femmes doivent avoir leur entreprise plus au point avant qu’elles puissent obtenir le financement?
Il est vrai que, fondamentalement, le niveau de confiance qui est accordé aux femmes par rapport aux hommes est, a priori [plus bas], de sorte qu’elles doivent arriver avec quelque chose qui est plus mature. C’est très compréhensible. Je suis d’accord.
* Souvent, des conseils pour obtenir le capital-risque sont assimilés au « dating », ce qui implique qu’il existe un « match » entre l’entrepreneur et l’investisseur. Avez-vous remarqué un profil psychologique général de capital-risque et d’entrepreneurs qui favorise l’attraction et la synergie entre eux pour développer une start-up?
Je ne suis pas sûr d’avoir de bonnes réponses à cela. Vous devez vous rappeler que, le capital-risque en Europe a moins d’expérience comme entrepreneur qu’aux États-Unis. Les capital-risqueurs ici sont probablement d’anciens consultants, d’anciens banquiers, d’anciens managers parfois. Ce qui les rend conservateurs, n’est-ce pas?
Certainement, certainement, la prise de risque en Europe a changé. Vous avez un certain nombre de nouvelles entreprises avec d’anciens chefs d’entreprise, vous savez les gens de Skype qui sont maintenant les investisseurs, les gens avec qui je travaillais chez Index Ventures, sont des gens vraiment super. Nous avons un certain nombre de bonnes entreprises en Europe, mais bien sûr, nous devons améliorer cela avant que je ne sois même pas capable de répondre à votre question sur le lien pour les femmes. Désolé.
Non, je comprends, mais si on parle en général, si vous vous rappelez de vos jours en tant que capital-risqueur, quelles sont les choses qui vous décidaient à investir dans une entreprise lorsque l’entrepreneur vous parlait?
Ce sont clairement les gens, ce n’est pas l’idée! Mais bien sûr en Europe en raison de l’absence d’une longue histoire, vous ne pouvez pas parier souvent sur les entrepreneurs en série ou d’anciens entrepreneurs qui ont réussi, donc vous devez parier sur le talent. Il s’agit donc plus de talents techniques, le niveau d’énergie des personnes aussi. Le niveau de confiance en soi peut être moins important, car ce n’est pas une caractéristique typique des Européens par rapport aux Américains. Mais vous êtes à la recherche de talent, le talent brut, le talent d’ingénieur et nous investisseurs, ajouterons à ces talents, le talent managérial. Nous pourrons avoir à chercher aux États-Unis les managers qui manqueraient ici. Je l’ai beaucoup fait.
Brillant, je vous remercie.
* Dans la danse avec un entrepreneur et à la fois dans le processus de décision de financement, et ensuite en travaillant avec les start-up, quelles sont les qualités nécessaires qui font un capital-risqueur de qualité en Europe ? Quelques-uns des talents mentionnés: Souhaitez-vous faire confiance à votre instinct et aux sentiments qui produisent la relation avec l’entrepreneur en tant que signes de ce qui se passe dans l’entreprise? Ou voulez-vous «gérer par influence ou persuasion »?
Le feeling est délicat parce que quand vous avez beaucoup d’expérience, c’est très bien. Mais quand vous êtes nouveau, comme nous sommes en Europe, je serais prudent sur l’instinct. Mais je pense que c’est important. Je pense que la qualité la plus importante du capital de risque est la qualité du réseau. Ils ne peuvent pas de toute façon gérer les entreprises, mais ils peuvent certainement avoir une influence sur les entrepreneurs en disant «vous ne savez pas tout, essayez de vous associer avec des gens qui peuvent vous aider à construire une grande entreprise. » Je pense que c’est un élément clé. Bien sûr, en Europe, nous sommes très conservateurs, cette image qu’il vaut mieux d’avoir une petite part d’un grand gâteau qu’une grande part d’un petit gâteau [nous l’avons moins]. Si vous parvenez à convaincre les fondateurs de cet élément, ils peuvent réussir ce qui signifie aussi penser au niveau mondial dès le premier jour, pensez international. Parce que les acheteurs ne sont pas en Europe, quel que soit le marché initial, les acheteurs sont aux États-Unis. Je pense donc que la qualité des investisseurs européens est d’être connecté aux États-Unis aussi bien en termes d’embaucher des gens, trouver des partenaires, trouver des clients, trouver de futurs investisseurs, la qualité du réseau sera la clé!
Et je suppose, parce que vous avez mentionné plus tôt que les capital-risqueurs en Europe sont essentiellement des consultants ou issus de milieux bancaires, ils ne seraient pas en mesure de contribuer à l’entreprise de la même manière que les investisseurs ici, qui viennent de la technologie ou des sciences de la vie. Donc je suppose qu’il ya une différence dans la façon dont ils gèrent et ce que vous dites, c’est qu’ils doivent avoir de bons réseaux en Europe pour être en mesure d’aider les entreprises ou les start-up avec qui ils travaillent?
Je pense que oui. Les investisseurs s’améliorent en Europe. Il ya vingt ans, ils n’étaient pas bons. Il y a dix ans c’était mieux. Maintenant, c’est beaucoup, beaucoup mieux! Je pense toujours que nous avons réellement besoin d’utiliser le réseau oui.
Brillant, brillant, je vous remercie beaucoup pour votre temps aujourd’hui Hervé. C’est vraiment un plaisir et je vous remercie de votre contribution.
Voici ma troisième contribution à Créateurs, la newsletter genevoise, qui m’a demandé d’écrire une série de courts articles sur des start-up célèbres et leurs fondateurs. Après Adobe et Genentech, voici donc un article sur les femmes et l’entrepreneuriat high-tech.
Femmes Entrepreneurs ? Carol Bartz, Sandy Kurtzig…
… mais aussi Ann Winblad, Catarina Fake, Kim Polese, Candice Carpenter, Mena Trott. La liste pourrait continuer, mais elle ne serait pas très longue. Pourquoi aussi peu de femmes dans l’entrepreneuriat high-tech. Et peut-être pire encore, pourquoi si méconnues ? La réponse est simple : la situation n’est que le reflet de leur présence minoritaire dans les sciences et les techniques ou aux postes de responsabilité à tous les niveaux de la société. Quelques anecdotes toutefois montrent bien qu’elles n’ont rien à envier à leurs congénères masculins. En voici l’illustration.
Sandy Kurtzig est une school dropout. Elle abandonne le programme de doctorat qu’elle a entamé à Stanford pour rejoindre General Electric. Elle y découvre que l’informatique doit pouvoir apporter quelque chose à la production des biens (inventaire, logistique) et fonde Ask Computer en 1972 avec $2000 en poche. « Aucun capital-risqueur ne m’aurait donné de l’argent au début. D’abord un produit logiciel était considéré comme sans valeur et ensuite j’étais une femme. » Elle refuse une offre d’acquisition faite par HP en 1976, puis réussit une entrée en bourse en 1981 (pour mémoire Apple est entrée en bourse en décembre 1980 et Logitech fondée en janvier 1981). Quand elle quitte Ask en 1989, la société réalise $189M de ventes. Ses conseils ? Croyez-en vous, entourez vous des bonnes personnes et partagez le succès avec elles, n’ayez pas peur de faire des erreurs.
Carol Bartz commence aussi sa carrière dans une grande entreprise, 3M (l’inventeur du post-it). Elle y entend : « vous êtes une femme, qu’est-ce que vous faites ici ? ». Elle quitte 3M quand elle comprend que elle ne sera pas promue parce qu’elle est une femme. Elle se retrouve quelques années plus tard dans la Silicon Valley, mais elle ajoute « même dans cette région, être une femme, c’était appartenir à une minorité. » Ce qui ne l’empêchera pas d’arriver à la tête d’Autodesk en 1992. Autodesk est leader mondial des logiciels 3D pour l’architecture, l’automobile et le multimédia avec deux milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2009. La même semaine, on lui diagnostique un cancer. Elle va suivre une chimiothérapie tout en gérant la société. Double succès. « Entre vie familiale et travail, vous n’avez pas le temps de vous demander si vous vous sentez bien le matin. » Le travail était une distraction et son exemple a sans doute amplifié la motivation de ses collègues. Son autre combat est la situation des femmes dans la science : « je crois sincèrement qu’on les dissuade [de faire de la science]. On leur dit que ça n’est pas important. »
Une autre femme entrepreneur, Ann Winblad, ajoute : “Une fille de mes amies s’inquiète de l’image qu’elle va donner d’elles si elle s’investit dans la science. Pourtant des femmes comme Carol Bartz ou moi-même avons réussi et avons vécu une adolescence et une vie d’adulte magnifiques. Le problème est qu’il faut plus de sources d’inspiration comme peut l’être Steve Jobs et son iPod. Ca n’est pas qu’un problème de sexe mais le problème plus général de la science et de la technique dans la société. Quelque chose a été perdu puisque rares sont ceux qui se disent, je veux être comme eux. »
En janvier 2009, Carol Bartz a été nommée à la tête de Yahoo. La tâche n’est pas mince. Faut-il suivre la remarque de Caratina Fake, fondatrice de Flickr: « il y a beaucoup de sexisme institutionnalisé dans le monde des affaires et je crois qu’on ne se rend même pas compte de son ampleur. » Cet article est malheureusement trop court pour rendre un véritable hommage aux femmes entrepreneurs. Celles qui ont réussi ont dû être tout à fait exceptionnelles et celles qui se lancent le sont aussi, sans aucun doute, tant les barrières auxquelles fait face l’entrepreneur sont amplifiées par celle du genre. Je me permettrai toutefois d’espérer comme le poète, que dans le monde des start-up high-tech aussi « la femme est l’avenir de l’homme. »
Pour en savoir plus:
Carol Bartz dans “Betting It All” de Michael Malone (Wiley, 2002).
Sandy Kurtzig dans “In the Company of Giants” de R. Dev Jager and R. Ortiz (McGraw Hill, 1997)
Prochain article: Un européen dans la Silicon Valley, Aart de Geus.