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Dix recommandations pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes

Je viens de recevoir une analyse très intéressante de E&Y et de la G20 Young Entrepreneurs’ Alliance (G20 YEA), intitulée Éviter une génération perdue : dix recommandations clés à l’appui de l’entrepreneuriat des jeunes à travers le G20. Aussi bien leurs recommandations que ce que les jeunes entrepreneurs recherchent méritent l’attention.

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Voici les 10 recommandations:

L’accès au financement
1. Du capital sans mentorat est du capital perdu.
Créer des mécanismes de financement, gérés ou soutenus par les gouvernements, soumettant le financement à la condition du mentorat et des études financières.
2. L’accès au financement alternatif est critique.
Créer des relations fortes et fournir des mesures incitatives avec les capital-risqueurs, les incubateurs d’entreprises et les investisseurs providentiels, pour développer ou créer des initiatives qui permettent de recourir à des sources alternatives de capital.
3. Le financement public compte
Sponsoriser la croissance des start-up grâce au financement à bas coût pour des groupes ciblés.
4. Les entrepreneurs doivent encore compter sur les banques pour du crédit fluide.
Créer une nouvelle catégorie de prêt pour les petites entreprises et les jeunes entrepreneurs, qui offre un financement ciblé pour répondre aux besoins en capital-développement.

Fiscalité et et réglementations
5. Des incitations fiscales et commerciales ciblées sont très importantes pour soutenir les jeunes entrepreneurs dans la croissance de leurs entreprises.
5a-: Encourager les investissements dans les start-up en offrant des avantages fiscaux.
5b-: Permettre aux jeunes entreprises à forte croissance d’entreprise un passage à grande échelle par un appui amplifié à l’accès aux marchés.

6. La mobilité internationale pour les jeunes entrepreneurs.
Encourager les meilleurs talents internationaux en modifiant les règles de visa et en offrant des soutiens financiers.
7. Des règles complexes et lourdes dans des domaines tels que l’impôt retiennent les jeunes entrepreneurs.
Simplifier et rationaliser l’administration fiscale pour alléger les charges administratives pesant sur les jeunes entrepreneurs.

Culture et esprit d’entreprise
8. Une vision positive de l’entrepreneuriat est nécessaire pour attirer les jeunes.
Créer une aura positive autour de l’entrepreneuriat pour aider les jeunes à se lancer tôt.
9. Encourager une culture nationale, régionale et locale de l’entrepreneuriat.
Encourager et favoriser les regroupements, les incubateurs et les pépinières d’entreprises, ainsi que les réseaux pour permettre aux talents de se rencontrer.

Développer des écosystèmes entrepreneuriaux
10. Pour que la plupart des recommandations et des actions aient un impact durable, elles doivent être développées dans le cadre d’un écosystème régional, et dans le cadre d’un écosystème régional qui favorise et attire une masse critique de talents, de capitaux et plus imporatnt encore de leaders entrepreneuriaux.
Créer les fondements d’un écosystème entrepreneurial régional florissant.

Et tout aussi intéressante est la perception des entrepreneurs. Il suffit de remarquer que les priorités ne sont pas mises dans le même ordre. On voit ainsi que la fiscalité n’est pas leur problème majeur, intuition que j’ai toujours eue.

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Le livre qui a lancé la révolution Lean Startup

Il n’y a rien de vraiment nouveau avec la 5ème édition de The Four Steps to the Epiphany de Steve Blank. Mais d’abord, j’ai perdu ma première copie (qui l’a?) et j’ai pensé que je devrais relire cette bible pour les entrepreneurs. Ensuite, j’ai reçu un courriel de l’équipe de Blank : « Nous savons que vous aimez les Quatre Etapes parce que vous avez écrit une belle revue du livre en Février 2012. Envisageriez-vous de vous arrêter à cette nouvelle version et de répéter votre avis ? » Ces Américains savent quelque chose sur le marketing. Alors pourquoi pas !

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Dix ans après la 1ère édition, Blank est toujours autant d’actualité. Son modèle de développement de la clientèle est une grande leçon sur les dangers des plans d’affaires et du développement de produits sans une certaine forme de validation précoce des clients et du marché. Vous pouvez lire mon post de 2011, Steve Blank et le développement des start-up. Vous devriez , car je ne vais pas répéter ce que j’ai dit alors. Je n’ai prien à changer. Permettez-moi de rappeler encore quelques éléments clés :

– « La bonne nouvelle est que les jalons sur le client et le marché peuvent être définis et mesurés. La mauvaise nouvelle est que réaliser ces jalons est un art. C’est un art incarné dans la passion et la vision des personnes qui travaillent à faire de leur vision une réalité. C’est ce qui rend les start-up passionnantes. » [Page 22 et voir note (1) ci-dessous]
– les start-up ne sont pas les premières versions de sociétés établies. En fait, elles n’ont rien à voir avec des entreprises classiques. « Les start-up sont des entités temporaires destinées à la recherche d’un modèle d’affaires extensible et reproductible. » En conséquence, les personnes construisant des start-up (produit, ventes , marketing, management) ont besoin de comprendre la culture et la dynamique de ces entreprises. « Les organisations fonctionnelles traditionnelles [ventes, marketing et développement commercial], les titres et les descriptions de poste qui fonctionnent dans une grande entreprise sont pires qu’inutiles dans une start-up. Ils sont dangereux et dysfonctionnels dans les premières phases d’un démarrage. » [Annexe A, « La mort des départements ».]

« The Four Steps to the Epiphany » n’est pas facile à lire, mais il est incontournable pour tout entrepreneur !

(1) Dans une autre interview Blank expliquait: « Ces dix dernières années, nous avons cru bâtir une méthodologie répétable au point de croire à une science, que quiconque pourrait appliquer. Je commence à entrevoir mon erreur. Ce n’est pas que la méthode soit fausse, mais tout le monde ne peut également en tirer le meilleur parti. » De la même manière que le traitement de texte, excellent outil par ailleurs, n’a jamais fait l’écrivain, un processus d’innovation bien pensé ne garantira pas le succès. Blank ajoute que « tant que l’on ne saura pas vraiment comment enseigner la créativité, le succès sera toujours limité. Tout le monde n’est pas artiste, après tout. »

L’État entrepreneurial (partie 5) – conclusion sur un grand livre

Encore une fois, j’ai été très impressionné par l’État Entrepreneurial, mais j’ai aussi des doutes et même quelques désaccords. Peut-être que j’ai été été victime d’un lavage de cerveau pendant les 20 dernières années de ma vie, mais mon expérience dans la Silicon Valley et du capital de risque ainsi que mon expérience moins que satisfaisante dans l’innovation planifiée de l’État me convainquent que l’entrepreneuriat est essentiel et peut-être plus important que le rôle de l’État dans le cadre de l’innovation (et non pas en qui concerne la recherche ou encore la R&D).

Maintenant, je suis tout à fait d’accord que le financement initial de l’innovation par l’État par la recherche et les taxes qui doivent être payées par les entreprises sont essentiels. Je reconnais également que VC est de moins en moins dans la prise de risque et que les activités de R&D des entreprises sont juste du domaine du D alors que le R a disparu à la fois dans l’informatique et l’industrie pharmaceutique.

Mais laissez-moi finir avec mes notes sur cet excellent ouvrage. Pour rappel, la partie 1 traitait de la crise de l’innovation, la partie 2 portait sur le rôle respectif du secteur public et privé dans la R&D et l’innovation, la partie 3 de l’ iPhone d’Apple, la partie 4 de la révolution verte et les risques et récompenses.

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Chapitre 9 – La socialisation des risques et la privatisation des récompenses.

« L’innovation a tendance à permettre à ceux ayant des compétences élevées de prospérer et aux personnes peu qualifiées se laisser distancer. » [Voir aussi son commentaire sur l’économie nouvelle et ancienne dans la partie 4] « S’agit-il du même type d’acteurs économiques qui sont mesure de s’approprier les rendements du processus d’innovation si et quand ils apparaissent ? Autrement dit, qui prend les risques et qui obtient les récompenses? Nous soutenons que ce sont les caractéristiques collectives, cumulatives et incertaines du processus d’innovation qui font cette déconnexion entre les risques et les retours possibles. » […] « Quand certains acteurs sont en mesure de se positionner au point – le long de la courbe d’innovation cumulative – où l’entreprise innovante génère des rendements financiers, qui est proche du produit final ou, dans certains cas, à proximité d’un marché financier comme le marché boursier. Ces acteurs privilégiés avancent ensuite des arguments idéologiques – généralement avec des sources intellectuelles dans les propositions de l’efficacité de l’économie néoclassique (et la théorie liée à la « valeur actionnariale » ) – qui justifient les parts disproportionnées des profits résultant de l’innovation qu’ils ont pu s’approprier [Page 186] (Ce passage est un peu long, mais très vrai.)

Trouver un moyen de réaligner la prise de risque avec les retours est donc crucial, non seulement pour réduire les inégalités , mais aussi pour favoriser davantage l’innovation. [ … ] Dit de manière provocante, si l’Etat avait gagné juste un pour cent des gains réalisés dans l’Internet, il serait beaucoup plus aujourd’hui à même d’investir dans les technologies vertes. Beaucoup affirment qu’il est inapproprié de considérer des retours directs parce que l’État gagne déjà via le système fiscal. La réalité est, cependant, que le régime fiscal n’a pas été conçu pour soutenir l’innovation et l’argument ignore le fait que l’évasion et l’optimisation fiscales sont monnaie courante. [Page 187]

Mazzucato suggère 3 propositions concrètes :
– Un droit sur la propriété intellectuelle (PI) et un « fonds d’innovation » national par extraction d’une redevance Le gouvernement devrait conserver une part des brevets , en s’assurant que le propriétaire des brevets agit de manière coopérative, en octroyant des licences largement et équitablement, après une période initiale de protection.
– Des revenus sur des prêts et des capitaux propres conditionnels. « Après que Google a fait des milliards de bénéfices, ne devrait-elle pas reverser un petit pourcentage de ceux-ci à la l’agence publique qui a financé l’algorithme ?  »
– Des banques de développement. Si / quand l’institution de l’Etat est gérée par des gens qui ne croient pas seulement dans la puissance de l’État, mais ont aussi avoir une expertise pour comprendre le processus d’innovation, les résultats produisent de vrais retours.
[Eh bien n’est-ce pas au moins en partie ce que les Américains font à travers le Bayh Dole Act ?]

Conclusion

« Plutôt que de compter sur le faux rêve que « les marchés » géreront le monde de façon optimale pour nous « si nous les laissons seuls », les décideurs doivent mieux apprendre à utiliser efficacement les outils et les moyens de façonner et de créer des marchés – faire bouger les choses qui, autrement, ne se feront pas. L’Etat peut le faire en s’appuyant sur un (considérable) réseau social national de connaissances et de sens des affaires. L’Etat devrait «rester fou », comme disait Jobs, dans sa quête de développement technologique. Il peut le faire à une échelle et avec des outils qui ne sont pas disponibles pour les entreprises. Le succès d’Apple ne dépendait pas de sa capacité à créer de nouvelles technologies, mais surtout de sa capacité d’organisation en intégrant le marketing et la vente de ces technologies qui n’attendaient que d’être utilisées.

Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est une perspective de « systèmes », mais qui soit plus réaliste quant au rôle exact – et non pas mythique – des acteurs individuels, et les liens entre ces acteurs, à l’intérieur et le long du profil des risques. Il est, par exemple, irréaliste de penser que les domaines à forte intensité capitalistique et à haut risque dans les technologies propres seront développés par le capital-risque. L’histoire des nouveaux secteurs nous apprend que les investissements privés ont tendance à attendre que les investissements à haut risque soient d’abord réalisés par l’Etat. Pourtant, les rendements de ces investissements « révolutionnaires » de l’Etat ont été presque totalement privatisés. Bien que ce soit surtout évident dans l’industrie pharmaceutique, c’est également vrai dans d’autres domaines de haute technologie, comme le montre le cas d’Apple, qui a reçu des soutiens considérables de fonds publics, à la fois directs et indirects, et en évitant de payer ses impôts.

Premièrement, il ne suffit pas de parler de l’État «entrepreneuriale», il faut le construire, avec des stratégies à long terme. Il n’y a rien dans l’ADN du secteur public qui le rend moins innovante que le secteur privé. Il s’agit d’une prophétie auto réalisatrice qu’il serait plus excitant et amusant de travailler chez Goldman Sachs ou Google, plutôt que dans une banque d’investissement de l’État ou un ministère de l’innovation. La seule façon de rééquilibrer ce problème consiste à mettre à niveau, et pas de dégrader le statut du service public. Deuxièmement, il y a nécessité d’un retour sur investissement pour couvrir les pertes, au-delà des taxes et de la possibilité de recruter des personnels qualifiés. Un retour direct. Troisièmement, cela aura le potentiel de mieux informer les politiques qui sont dirigés vers d’autres acteurs dans «l’écosystème » de l’innovation. (Sauf que le monde est global ce qui peut rendre les efforts nationaux très difficiles.)

Recommandations
– Réduire les transferts directs de l’Etat tels que l’allégement de l’impôt,
– Dépenser de l’argent sur les nouvelles technologies et se concentrer sur les entreprises qui peuvent investir dans l’innovation
– Abandon des boîtes de brevet
– Examiner les crédits d’impôt afin que les entreprises rendent des comptes sur l’innovation, et pas seulement sur la R&D
– Réduire les zones franches d’entreprises
– Retour d’investissement en partie au gouvernement
– Utilisation l’argent économisé pour des investissements massifs à la Darpa
– Adopter une approche proactive pour les technologies vertes
– (Pas sûr d’avoir compris l’argument sur la durée de l’investissement avant les exonérations fiscales )
– le court-termisme est problématique.

Alors que je terminai ces notes, je découvre l’émission de France Culture consacré à la remise du rapport d’Anne Lauvergeon sur l’innovation. dans L’ECONOMIE EN QUESTIONS par Dominique Rousset (le samedi de 11h à 12h)

L’État entrepreneurial (partie 4) – la révolution verte – un déséquilibre entre risques et retours.

– La Partie 1 couvrait les dilemmes de l’innovation et ses crises. Les « 6 mythes » qu’elle présente sont très convaincants.
– La Partie 2 traité du rôle (oublié ou non-dit) de l’État dans la stimulation de l’innovation par la recherche. J’avais plus de désaccords avec elle sur le rôle de l’État dans l’écosystème de l’innovation.
– La partie 3 se concentre sur le rôle de l’État dans les technologies de l’iPhone.
Voici donc la 4ème partie sur les chapitres 6 à 8.

Chapitre 6 – Pousser ou juste donner un coup de pouce à la révolution industrielle verte.

Les technologies vertes (ou propres) sont une autre situation très intéressante. « Jusqu’à ce que les éoliennes et les panneaux solaires photovoltaïques puissent produire de l’énergie à un coût égal ou inférieur à celui des combustibles fossiles, ils vont probablement continuer à être des technologies marginales qui ne pourront pas accélérer la transition si nécessaire à atténuer le changement climatique. » [Page 114] « Les politiques axées sur la demande (réglementation) sont essentiels, mais elles deviennent trop souvent des plaidoyers pour le changement. Des politiques d’offre (production d’énergie) sont aussi importantes car elles montrent que l’acte suit la parole. » [Page 155]

Encore une fois j’ai été un observateur (trop ?) prudent des technologies vertes quand l’Allemagne subventionnait de nombreuses entreprises qui ont fait faillite lorsque la Chine est arrivée avec des produits beaucoup moins chers ou quand la France et le Japon pariaient sur l’énergie nucléaire comme la plus propre … Mazzucato décrit à juste titre « les Etats-Unis avec une approche du tout financer en espérant qu’une innovation de rupture dans l’énergie émergera tôt ou tard. Cela n’a pas été le cas parce que beaucoup de technologies propres nécessitent un engagement financier à long terme, ce que les VCs ne sont pas disposés à ou capables d’entreprendre ». Dans mon analyse continue de récentes introductions en bourse, j’ai remarqué 11 entreprises dans les technologies vertes sur les 165 documents bâti que j’ai depuis 2002. Le plus ancien date de 2009. Ces sociétés ont levé plus de 2 milliards de dollars, soit environ 180 millions de dollars par entreprise. Elles avaient plus de 5’000 collaborateurs au total. Pour moi cela ressemble à une bulle spéculative ; de ce point de vue, Mazzucato a raison de dire que les investisseurs sont impatients. Je ne suis pas sûr qu’ils soient pour autant « timides » avec leur argent.

Les États-Unis ont continué à bâtir sur leur compréhension de ce qui a fonctionné dans les précédentes révolutions technologiques. (…) Mais si tout cela a été efficace pour mettre en relation et créer des effets de levier pour les universités, l’industrie et de l’entrepreneuriat dans dans les technologies propres, la performance a été inégale. (…) Une des principales raisons de cette performance inégale aux États-Unis a été sa forte dépendance envers le capital -risque pour « donner un coup de pouce » au développement des technologies vertes. (…) Comme certaines technologies propres en sont encore à leurs premières phases de développement, lorsque « l’incertitude de Knight » est le plus élevée, le financement VC se concentre sur quelques paris plus sûrs plutôt que sur l’innovation radicale qui est pourtant nécessaire pour permettre de transformer la société. (Pages 126-127) La conclusion qui pourrait suivre est que le gouvernement devrait se concentrer exclusivement sur le développement des technologies les plus risquées.

Des investissements impatients peuvent détruire les entreprises qui avaient promis de développer des produits basés des technologies financées par le gouvernement. Si les VCs ne sont pas intéressés par les industries à forte intensité capitalistique, ou à bâtir les capacités de production, des usines, qu’ont-ils exactement à offrir en termes de développement économique? Leur rôle devrait alors être considéré pour ce qu’elle est : limité. (Page 131)

On s’attend à ce que la possibilité d’effectuer des recherches à haut risque et d’avant-garde « va attirer plusieurs des meilleurs et des plus brillants cerveaux – ceux de scientifiques et d’ingénieurs expérimentés et particulièrement ceux des étudiants et des jeunes chercheurs, y compris dans le monde entrepreneurial. » (Page 134)

L’histoire de l’investissement du gouvernement américain en matière d’innovation, de l’Internet à la nanotechnologie montre qu’il a été crucial pour le gouvernement d’avoir sa part à la fois dans la recherche fondamentale et appliquée. La NIH est responsable de 75 pour cent des nouveaux médicaments les plus radicaux. Donc, l’hypothèse qu’on peut abandonner la recherche appliquée au secteur privé et que cela va stimuler l’innovation n’est pas démontrée (et peut même priver certains pays d’importantes percées.) (Page 136)

En réalité, les activités du gouvernement et des entreprises se recoupent souvent. Les capital-risqueurs et entrepreneurs répondent aux stimuli du gouvernement dans le choix des technologies dans lesquelles investir, mais ils sont rarement axés sur le long terme. En l’absence d’un modèle d’investissement approprié, le VC aura du mal à fournir le « capital patient » nécessaire au plein développement d’innovations radicales. Il est crucial que le financement soit patient. (Page 138)

Les finances publiques (telles que les banques de développement de l’Etat) sont donc supérieures aux banques commerciales ou au VC pour la promotion de l’innovation, car elles sont engagées et patientes.

Les risques financiers et technologiques liés au développement des énergies renouvelables modernes ont été trop élevé pour le soutien VC. Un problème clé est que les VCs recherchent des rendements qui ne sont pas réalistes pour des technologies à forte intensité capitalistique. Les rendements spéculatifs des révolutions TIC ne peuvent pas être le « norme » pour être reproduits dans toutes les autres industries de haute technologie. (Page 140)

Mes commentaires : Je suis d’accord avec la critique sur le capital -risque. Maintenant, la solution proposée de banques de développement engagées et patientes est nouvelle pour moi. Je comprends « patient », je suis moins sûr pour « engagé ». Cela signifie-t-il actif et compétent?

Mais ma principale préoccupation est de nouveau la différence entre inventer et innover. Je dois revenir à Apple. Selon Wikipedia, une définition classique de l’entrepreneuriat est « la poursuite des d’opportunités, sans égard pour les ressources actuellement disponibles ». Le terme met l’accent sur les risques et les efforts engagés par des personnes qui créent puis gèrent une entreprise, et sur les innovations résultant de la poursuite de la réussite économique.

Quand Mazzucato décrit l’Etat entrepreneurial, elle décrit autant un État Inventer qu’un État Innovateur. Il n’y a pas de mal à cela. Apple a été une entreprise très forte pour utiliser des inventions et des innovations surtout pour les intégrer dans de nouveaux produits. C’est pourquoi Apple fait si peu de R & D. Une même entreprise peut-elle faire la recherche et explorer de nouveaux territoires pour développer de nouvelles technologies et les intégrer dans de nouveaux produits. Je ne suis pas sûr que cela ait été démontré par des preuves claires. Mais nous devrions probablement demander historiens de la technologie.

Il y a une invention qui montre la difficulté du transfert de l’invention à l’innovation : le transistor a été inventé au Bell Labs en 1947. Certains des éléments de l’invention seulement ont été brevetées (car il y avait eu des idées antérieures datant de 1925.) En 1951, Bell Labs avait octroyé des licences (sous la pression de l’Etat) de la technologie à plus de 40 entreprises et Texas Instruments et Sony (qui étaient alors de petites entreprises) sont connus comme le premiers producteurs de transistors commerciaux. Les inventeurs ont reçu le prix Nobel en 1957 et l’un s’est installé à Palo Alto, déménagement qui est probablement à l’origine de la Silicon Valley. En raison de la menace de l’URSS en tant que puissance technologique émergente, les États-Unis ont déversé beaucoup d’argent de l’armée et du spatial sur le potentiel de l’électronique du transistor.

La difficulté avec les nanotechnologies et les technologies vertes c’est que dans la situation de poule et l’œuf que sont les de tractions du marché (poule) et de poussée des technologies (œuf), les besoins du marché peuvent être clairs, mais la poussée de la technologie me le semble beaucoup moins. Je ne suis pas sûr de voir ce qu’est l’équivalent du transistor pour ces domaines «prometteur».

Chapitre 7 – Les énergies éolienne et solaire

Ce chapitre porte sur l’histoire et la situation actuelle de ces deux énergies. Les acteurs dans l’éolien sont GE et Vestra (Danemark). C’est une longue et intéressante histoire. Il y a une histoire similaire, longue et douloureuse, pour l’énergie solaire. First Solar, Solyndra , SunPower , Evergreen sont décrits en détail. Mazzacutto se concentre sur la stratégie à long terme de la Chine face au plus court terme américain, ainsi que sur l’approche innovante de l’Allemagne dans le marché. « L’échec de Solyndra souligne le système parasitique d’innovation que les Etats-Unis ont créé – où les intérêts financiers sont toujours le juge, jury et bourreau de tous les dilemmes d’investissement en innovations ». « Le cas de la technologie propre nous enseigne déjà que changer le monde exige coordination et investissement de plusieurs États, sinon la R&D, le soutien pour la fabrication et le soutien pour la création et le fonctionnement du marché resteront des impasses. »(Page 155)

Un cadre devrait inclure des politiques de la demande pour promouvoir la consommation accrue ainsi que des politiques de l’offre qui favorisent la fabrication des technologies avec du capital patient. (Page 159)

Mais les arguments de McKay sur l’énergie durable – ce n’est pas que du vent me rendent prudent …

Mazzacuto rappelle ici quelques éléments fondamentaux : elle revient sur le Mythe 2 (small is beautiful) « Nous ne devrions pas sous-estimer le rôle des petites entreprises si supposer que seules les grandes entreprises ont les ressources adéquates. (…) La volonté de modifier les modèles de marché actuels est nécessaire pour une véritable révolution industrielle verte. (… ) Ce devrait être un sujet de débat, de savoir si le soutien public devrait aller aux grandes entreprises qui pourraient faire leurs propres investissements et aussi de savoir si elles seraient prêtes à se passer des technologies qui offrent leurs principales sources de revenus.» comme mon ami Dominique ((-:) l’a mentionné à juste titre dans une réaction à un précédent post sur le sujet : « Le financement de la recherche et à quel niveau de précocité cette recherche est financée par une entreprise dépend bien sûr de ses attentes, mais aussi de ses marges. Dans les années 70, les grandes entreprises pouvaient se permettre de financer la recherche au début parce que 1) elles prévoyaient des marchés stables ou en croissance et 2) parce que leurs marges étaient constamment élevées, je crois. Aujourd’hui la vitesse @ les marchés évoluent est certainement dissuasive pour la recherche à un stade précoce dans les entreprises… »

Chapitre 8 – Risques et récompenses : abandonner les pommes pourries pour des écosystèmes symbiotiques.

La prise de risque a été un effort collectif alors que les rendements ont été distribués beaucoup moins collectivement. [Page 165] L’histoire que l’on raconte aux contribuables américains est que la croissance économique et l’innovation sont les résultats de différents « génies » de la Silicon Valley, les « entrepreneurs », les capital-risqueurs ou les « petites entreprises », aidés par règlementations laxistes (ou inexistantes) avec des impôts bas – en comparaison des états trop présents dans une grande partie de l’Europe. [Page 166]

L’incertitude de Knight dans l’innovation, avec les coûts irrécupérables et inévitables et l’intensité du capital dont elle a besoin, est en fait la raison pour laquelle le secteur privé, y compris le capital -risque, se dérobe. C’est aussi la raison pour laquelle l’État est l’acteur qui prend souvent la responsabilité, non seulement de fixer les erreurs des marchés, mais aussi de les créer. [Page 167]

Garder cette histoire inédite a permis à Apple d’éviter de « rembourser » une part de ses bénéfices à ce même Etat. Apple a progressivement incorporé à chaque nouvelle génération de produits des technologies que l’Etat a initiées, cultivées et affinées. [Page 168]

Mazzucato a ensuite une analyse très intéressante des modèle d’affaires de la vieille et de la nouvelle économie : dans le passé on pouvait compter sur la stabilité, la générosité, l’équité alors que dans la nouvelle, il est question de volatilité, de mobilité, et de faibles engagements. Les emplois ne sont pas égaux, même chez Apple selon que l’on soit dans la R&D, là où les produits sont conçus, ou en Chine, où a lieu la production ou enfin à nouveau aux Etats-Unis là où ils sont vendus dans les magasins d’Apple; mais pire, la mobilité et la mondialisation ont permis l’évasion et l’optimisation fiscales. Apple a une filiale dans le Nevada, Braeburn Capital pour éviter l’impôt sur le revenu ou sur le capital. Puis elle a des filiales au Luxembourg, en Irlande, aux Pays-Bas et aux Iles Vierges britanniques pour des avantages liés à la faible fiscalité. L’IP d’Apple est détenue par des filiales irlandaises, qui perçoivent des redevances sur les ventes d’Apple (!) Et dont la propriété est co-détenue par une autre filiale aux Iles Vierges, Baldwin Holdings… GE, Google, Oracle, Amazon et Intel sont également célèbres pour l’optimisation fiscale et la perte pourrait être de 60 à 80 milliards de dollars pour les États-Unis depuis une décenni . [Pages 168-175]

Le but ultime de mettre de l’argent des contribuables dans le développement de nouvelles technologies est de prendre le risque qui accompagne normalement la poursuite de produits complexes et de systèmes innovants nécessaires pour atteindre des objectifs collectifs. [Page 176]

Mazzucato termine ce nouveau chapitre avec « Où sont les Bell Labs d’aujourd’hui ? » « Une des raisons expliquées dans une étude [récente du MIT] est le fait que les grands centres de R&D – comme Bell Labs, Xerox PARC et Alcoa Research Lab – sont devenus une chose du passé dans les grandes entreprises. Les recherche fondamentale et appliquée sur long terme ne font plus partie de la stratégie des grandes entreprises. Ce qui n’est pas clair cependant, c’est pourquoi et comment cela a changé au fil du temps. L’écart entre les rendements privés et sociaux ( découlant des retombées de la R&D) est le même à l’ère des Bell Labs qu’aujourd’hui. Et ce qui manque le plus aujourd’hui, c’est le volet privé de la R&D en partenariat avec la composante publique, créant ce que j’appelle plus tard, un écosystème moins symbiotique. Il est essentiel de comprendre non seulement la façon de construire un «écosystème» d’innovation efficace, mais aussi et peut-être surtout, comment transformer cet écosystème afin qu’il soit symbiotique plutôt que parasitaire. [Page 179]

D’un côté, je vois le succès des anciens pays émergents tels que Taiwan et la Corée, mais je suis aussi né dans le pays des Concorde, TGV, Rafale et des centrales nucléaires que la France a eu du mal à vendre à l’étranger.

De même pourquoi la fission nucléaire (militaire et civile) a-t-elle été un tel succès alors que la fusion nucléaire civile n’a donné aucun succès commercial 50 ans après son utilisation militaire? Je me souviens avoir lu Richard Feynman sur le Projet Manhattan et l’intensité folle (et entrepreneuriale) du projet. Serait-ce que l’entreprenariat manque au projet ITER? Innovation et esprit d’entreprise sont très liés et toujours en quelque sorte un mystère.

Et pourquoi le succès (certes encore initial) d’un Tesla et d’Elon Musk serait-il possible si l’argent n’était pas assez disponible pour les technologies de rupture propres…

L’innovation planifiée est un défi très difficile que Mazzucato comprend très bien d’ailleurs et l’incertitude demeure. Rappelez-vous comment l’intelligence artificielle a été une déception pendant des années pour ne pas dire jusqu’à présent. Je voudrais terminer ici avec un article intéressant du journal Le Monde :

Innover n’est pas planifier.
LE MONDE | 30.09.2013 | Par Armand Hatchuel.

Le 12 septembre, le président République, François Hollande, et le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, ont présenté trente-quatre « plans de reconquête » allant de « la rénovation thermique des bâtiments » à « l’usine du futur », en passant par les « dirigeables pour charges lourdes ». Cette annonce a été perçue comme le retour d’une politique industrielle planificatrice, et a suscité les habituelles critiques à l’encontre du volontarisme public.
Critiques contestables car, en l’occurrence, il ne s’agit pas vraiment de planification. Les thèmes retenus visent d’abord à stimuler l’innovation et de nouvelles activités industrielles. Or, de nombreux travaux ont montré qu’une politique d’innovation – qu’elle soit publique ou privée – ne peut réussir que si sa conception, son pilotage et son évaluation s’éloignent clairement d’une logique planificatrice (Philippe Lefebvre, chercheur enseignant à l’Ecole nationale supérieure des mines de Paris : « Organizing deliberate innovation in knowledge clusters : from accidental brokering to purposeful brokering processes » [Organiser l’innovation dans les écosystèmes : au-delà de l’émergence accidentelle, un pilotage des interactions créatrices], International Journal of Technology Management, vol. 63, n° 3/4, 2013).

LARGE PART D’INCONNU
Car, qu’est-ce qu’un « plan » ? Pour guider l’action future, chacun construit des représentations. On « planifie » nos vacances, la route à prendre ou la perte de quelques kilos. Reste que, tout en concédant des incertitudes, un plan suppose que le but, les moyens et les partenaires soient suffisamment connus. On peut, à la limite, penser que moyens et partenaires seront choisis « chemin faisant ». Mais il faut au moins préciser le but à atteindre. La politique agricole, la politique de télécommunications ou la politique du logement se construisent comme des plans dont l’objectif est clairement affiché : par exemple, un niveau chiffré de production ou d’équipement du pays.
Il n’en va plus ainsi pour un authentique programme d’innovation. On doit admettre que le but qu’il poursuit présente nécessairement une large part d’inconnu. Il n’est plus possible de spécifier par avance les trajectoires et les résultats les plus intéressants du projet.
Paradoxalement, cet inconnu ne retire rien à la valeur mobilisatrice d’un concept innovant. Qui ne souhaiterait une « voiture pour tous consommant moins de 2 litres aux 100 km » ? Mais force est de reconnaître que l’on ne sait pas comment cette valeur sera concrétisée en techniques et produits efficaces : s’agit-il de petites voitures urbaines ? De systèmes intelligents de conduite ? De nouveaux types de véhicules ou de carburants ? De même ignore-t-on si de nouvelles entreprises ou de nouveaux marchés naîtront dans l’aventure.
L’histoire confirme abondamment la rationalité surprenante des grands programmes d’innovation. En 1854, l’Autriche lance le concours du col du Semmering pour la conception de la première locomotive destinée à un chemin de fer de montagne. De nombreuses solutions furent proposées, mais aucune ne put aboutir. En revanche, les grands bénéficiaires des innovations du Semmering furent… les nouvelles locomotives de plaine !

OUVRIR DES PISTES
Plus près de nous, ni Toyota ni Apple n’ont jamais lancé de projets visant à aboutir à la Prius ou à l’iPhone. Leur succès vint de leur capacité à bien piloter des programmes d’innovation ouverts (« véhicule vert », interfaces homme-machine « magiques ») et à tirer parti, avant leurs concurrents, des déconvenues ou des découvertes rencontrées. Il importe donc d’ouvrir des pistes très contrastées et de prêter attention à leurs croisements et aux apprentissages que chacune provoque.
Car l’inconnu ne paralyse pas l’action : il interdit de la gérer selon les codes rigides d’une planification. Depuis peu d’années, la recherche a éclairci les mécanismes cognitifs et collectifs qui limitent ou favorisent l’exploration de l’inconnu. On connaît mieux les règles de pilotage adaptées à l’innovation, qu’il s’agisse des démarches de conception innovante (expansion des alternatives, hybridations conceptuelles, prototypages d’exploration…) ou de la gestion des différentes valeurs qui émergent (compétences nouvelles, marchés inédits, nouveaux usages…). A cet égard, la rationalité classique est souvent trompeuse.
Dans la logique du plan, on distingue le projet de ses « retombées ». On vise le succès du premier, les secondes étant constatées après coup. Cette distinction ne vaut plus dans un programme d’innovation. Une « retombée » peut s’avérer plus importante que le projet lui-même. Piloter l’innovation, c’est se préparer à l’identité changeante du projet et à provoquer activement des « retombées » inattendues. L’indétermination entre « projet » et « retombées » multiplie les sources de valeur et permet de minimiser les risques financiers.
Au-delà de la rationalité économique qui vise l’optimisation dans un monde connu, la rationalité de l’innovation s’exprime dans la capacité des responsables de projets à régénérer les solutions, les marchés et les partenariats.
Face au défi du renouveau industriel, la question n’est pas de savoir si l’Etat doit recourir à la planification. Il faut surtout s’assurer que les grands chantiers lancés seront conduits par l’Etat et ses partenaires industriels selon les démarches les plus rigoureuses et les plus cohérentes avec l’intensité d’innovation espérée.

Harmand Hatchuel est professeur à Mines ParisTech

L’État entrepreneurial (partie 3) – son rôle dans l’iPhone

Le livre de Mariana Mazzucato est si important et intéressant qu’il me faudra plusieurs articles pour le couvrir d’une manière satisfaisante (du moins pour moi).
– La Partie 1 couvrait les dilemmes de l’innovation et ses crises. Les « 6 mythes » qu’elle présente sont très convaincants.
– La Partie 2 traité du rôle (oublié ou non-dit) de l’État dans la stimulation de l’innovation par la recherche. J’avais plus de désaccords avec elle sur le rôle de l’État dans l’écosystème de l’innovation.
– Dans cette partie 3, je vais me concentrer sur le chapitre 5, sur le rôle de l’Etat dans les technologies de l’iPhone.
– La Partie 4 portera sur les chapitres sur les technologies vertes
– et j’aurai besoin d’une Partie 5 pour conclure et ajouter quelques commentaires.

Chapitre 5 – l’Etat derrière l’iPhone

Mazzucato montre ici comment « Apple concentre son ingéniosité non pas sur le développement de nouvelles technologies et des composants, mais en les intégrant dans une architecture innovante. […] Les capacités d’Apple sont principalement (a) de reconnaître les technologies émergentes à fort potentiel, (b) d’appliquer des compétences d’ingénierie complexes qui intègrent avec succès les nouvelles technologies identifiées, et (c) maintenir une vision d’entreprise claire donnant la priorité au développement de produits orientés vers le design. » [Page 93]

C’est pourquoi « Apple a reçu un énorme soutien étatique et / ou indirect provenant de trois grands domaines: (1) une participation directe au capital , (2) l’accès aux technologies, et (3) la création de politiques technologiques ou fiscales. » J’ai déjà discuté du premier domaine et exprimé mes doutes. Aucune objection et aucune discussion su troisième point. Je ne suis que partiellement d’accord avec la deuxième point : j’ai l’impression que l’accès aux technologies s’est par l’intermédiaire d’autres entreprises, qui elles-mêmes ont pu avoir recevoir le soutien du gouvernement ou de la recherche universitaire. Xerox PARC est un exemple des plus célèbres, mais Apple a également acquis des start-up peu connues qui avaient développé des produits à partir de ces recherches. Mazzucato construit un graphique intitulé « les origines des produits Apple. »

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C’est un graphique très intéressant, mais j’aurais aimé voir les «entités» qui avaient développé les produits mentionnés. Dans certains cas, il s’agit d’organismes publics, comme pour l’Internet par exemple (http://en.wikipedia.org/wiki/History_of_the_Internet) et dans d’autres cas, il s’agit d’un organisme privé financé initialement avec de l’argent public.

Siri est un exemple intéressant, car il a des racines ici à l’EPFL. Le programme CALO avait été financé par le DARPA, mais une start-up a été lancé avec du capital-risque en 2008, start-up ensuite été rachetée par Apple.

Sur le sujet des écrans, Mazzucato cite Florida et Browdy et « The invention that got away » (1991) quant à l’incapacité des acteurs privés à bâtir des capacités de production. « La perte de cette technologie d’affichage [TFT- LCD] révèle des faiblesses fondamentales du système de la haute technologie américaine. Non seulement nos grandes entreprises n’ont pas la vision et la persistance de transformer l’invention en un produit commercialisable, mais les bailleurs de fonds du capital-risque qui ont rendu possibles des industries de haute technologie comme les semi-conducteurs et les ordinateurs ont également échoué ». Le document montre les efforts supérieurs l’industrie japonaise qui a investi des centaines de millions de dollars dans le développement de la technologie. Dans mon analyse d’entreprises high-tech liées à Stanford , je me souviens avoir été frappé par le montant du financement de Candescent. Sur l’Internet Archive en date de 1998, j’ai pu trouver ce qui suit:
« Candescent Technologies Corporation est une société vieille de sept ans qui développe un nouvel écran plat révolutionnaire [qui est] une amélioration spectaculaire par rapport aux écrans à cristaux liquides. En 1991 Candescent a formé une alliance stratégique avec Hewlett- Packard. A la date du 1 er mai 1998, Candescent avait reçu plus de 337 millions de dollars de financement de partenaires stratégiques, d’entreprises de capital-risque, d’investisseurs institutionnels, et d’organisations publiques américaines ». En 2001, elle avait recueilli plus de 600 millions de dollars avec Compaq, Hewlett-Packard, Citicorp, JP Morgan, NEA, Sevin Rosen, Sierra ventures, et autres. En Juin 2004, Candescent déposa un dossier de réorganisation volontaire en vertu du chapitre 11 du Bankruptcy Code devant le tribunal des faillite San Jose. En août 2004, Candescent vendit la quasi- totalité de ses actifs, y compris la propriété intellectuelle sur la technologie d’écrans à Canon. »

Encore une fois, je n’ai pas de désaccords majeurs avec Mazzacuto mais mon expérience avec l’innovation montre que c’est une activité très incertaine et je ne suis pas sûr que cela est dû uniquement à l’absence de soutien du secteur privé. En fin de compte, ni le Japon ni les États-Unis n’ont gagné, mais la Corée avec Samsung et LG.

Je connaissais moins la situation des écrans multi-touch et l’histoire intéressante de FingerWorks, dont Apple a acheté les actifs lorsque la société a fait faillite.
« Les produits de la Société restèrent dans un créneau haut de gamme et un objet de curiosité, malgré une bonne presse et des récompenses de l’industrie. Au début 2005, FingerWorks traversa une période délicate et arrêta de livrer de nouveaux produits. Des rumeurs indiquèrent qu’ils avaient été acquis par une société de technologie connue. Cette société s’est avéré être Apple. En Juin 2005, FingerWorks a officiellement annoncé qu’ils n’étaient plus en activité. Les fondateurs ont continué à produire et traiter des brevets pour leur travail jusqu’à la fin 2007. Et en Août 2008, ils ont encore déposé des brevets pour Apple ». (http://en.wikipedia.org/wiki/FingerWorks)

Apple a également travaillé avec Corning pour développer des écrans ultra- robustes appelé le verre Gorilla (http://en.wikipedia.org/wiki/Gorilla_Glass).

Sur le microprocesseur, j’ai deux remarques similaires:
– Bien qu’il existe de nombreuses sources sur l’origine du microprocesseur, il est souvent mentionné qu’Intel lança véritablement la technologie comme un produit et cela est venu d’une commande d’une société japonaise, pas de commandes publiques.
– Beaucoup plus tard, Apple a acheté P.A. Semi. qui développait des microprocesseurs spécialisés. Notez que P.A. Semi. avait eu des liens étroits avec le DoD donc Mazzucato a des arguments solides quant aux soutiens au moins indirects.

La MIT Technology Review a publié un article intéressant sur l’Apple I, l’iPhone et l’iPad qui montre la qualité de l’intégration. Il y eu de nombreux modèles d’ordinateurs et de téléphones intelligents, mais chez Apple, il y avait le génie de Wozniak et d’autres quand Jobs fut de retour – http://www.technologyreview.com/view/425238/classic-hacks-the-apple-i-computer-the-iphone-and-the-ipad-3g/

Iphone Technologies sketch

Ma réaction est que, oui, beaucoup pour ne pas dire la plupart des technologies ont leurs racines dans des laboratoires publics, au moins au stade de la recherche, mais le développement est souvent concrétisé dans des start-up, avec ou sans capital-risque. Apple achète moins d’entreprises financées par le capital-risque que par exemple Cisco avec sa stratégie A&D (Acquisition et développement) et clairement la plupart des grandes entreprises ne font pas beaucoup de recherche. Le défi se trouve dans la capacité à traduire les résultats de la recherche en développement, ce qui est la raison d’être des start-up. C’est le modèle de la Silicon Valley.

Je vais terminer ces notes sur le chapitre 5 avec Mazzacuto : « Il est incontestable que la plupart des meilleures technologies d’Apple existent en raison des efforts collectifs et cumulés de la puissance publique ». [Page 112]

L’État entrepreneurial: le rôle de la puissance publique en matière d’innovation (partie 2)

Comme je l’ai dit dans l’État entrepreneurial: le rôle de la puissance publique en matière d’innovation (partie 1), Mariana Mazzucato a écrit un livre important même si je ne suis pas d’accord avec tous ses arguments.

Nous sommes en accord sur la problématique du financement des technologies, des inventions et des innovations. Il est généralement convenu que la commercialisation des produits et leur développement préalable est de la responsabilité du secteur privé dans une économie capitaliste. Le financement de la recherche (au moins la recherche fondamentale) est généralement la mission de l’Etat, mais la recherche appliquée (même si je n’ai jamais vraiment compris de quoi il s’agit) peut être faite par l’État ainsi que par le secteur privé .

Permettez-moi d’ouvrir une petite parenthèse ici: je ne suis pas un grand fan des concepts de recherche fondamentale et appliquée, mais je comprends mieux d’autres concepts d’amont en aval. Ici, ils s’agit de:
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La recherche n’a pas de résultat connu a priori, sauf de la connaissance, alors qu’à un stade ultérieur dans le développement, les objectifs sont un peu plus clairs. Ceci étant dit, je ne suis pas très à l’aise avec les arguments de Mazzucato quand elle dit l’État fait beaucoup pour l’innovation. Mais elle montre clairement il ya une zone grise entre les 3 étapes que j’ai simplement décrites ci-dessus. Je fais partie (au moins pour l’instant) du groupe de personnes qui croient que c’est la mission de l’Etat d’être actif aux deux premiers stades, et que le secteur privé est actif dans le troisième. Rien n’interdit le secteur privé à aller plus en amont et le secteur public plus en aval, mais c’est assez rarement le cas. Voici mes notes sur les chapitres 3 et suivants :

Chapitre 3 – La prise de risque de l’Etat : de « dé-risquer » à « lancer-le ! »

Lors d’une visite du président Mitterrand dans la Silicon Valley, Thomas Perkins qui dont le fonds avait financé Genentech vanta les vertus de la prise de risque de ces investisseurs qui financent les entrepreneurs. Perkins fut interrompu par Paul Berg, professeur à Stanford et lauréat du prix Nobel. Il demanda: « Où étiez-vous dans les années 50 et 60 pour le financement qui devait nécessaire à la science fondamentale ?  » [Page 57]

L’entrepreneuriat, comme la croissance, est un des sujets les moins bien compris en économie. Selon Schumpeter, l’entrepreneur est une personne prête à et capable de convertir une nouvelle idée ou une invention en une innovation réussie (tel que des produits, services ou processus). L’Entrepreneuriat emploie la « destruction créatrice » pour remplacer, en tout ou partie, les innovations inférieures, créant simultanément de nouveaux produits, y compris de nouveaux modèles d’affaires. Chaque nouvelle technologie majeure conduit à la destruction créatrice. [Page 58]

[Encore une fois je dois réagir ici: là où je suis entièrement d’accord avec l’esprit d’entreprise et les définitions de l’innovation, je suis sceptique quant à la remarque sur la technologie: certaines « grandes » nouvelles technologies ne détruisent rien, car elles ne devinrent pas un succès commercial (l’intelligence artificielle, la reconnaissance vocale par exemple mais il y en a bien d’autres). Je dirais plutôt que les grandes innovations couronnées de succès conduisent à la destruction créatrice. Ceci est important parce que, comme le dit justement Mazzucato, il n’y a pas de processus linéaire dans l’innovation mais par contre beaucoup d’incertitude.]

L’entrepreneuriat est une question de prise de risques et est très incertain. Les investissements en R&D qui contribuent aux changements technologiques non seulement prennent des années à se concrétiser en de nouveaux produits, mais la plupart des produits développés échouent. Le modèle de la Silicon Valley raconte une histoire « d’entrepreneurs en roue libre » et de capitaux-risqueurs visionnaires et pourtant cette histoire ignore le facteur crucial: le rôle de l’armée dans sa création et son succès. [Mazzucato montre les mêmes probématiques dans la l’industrie pharmaceutique où les grands acteurs développent des médicaments d’imitation et laisse l’État développer les innovations radicales dans les universités, comme le montre l’anecdote ci-dessus avec Mitterand, Perkins et Berg.]

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Encore une fois, j’ai quelques soucis avec cette description. Premièrement dans l’image ci-dessus, j’aurais aimé voir le R face au D et pas le R fondamental face à l’ensemble. Mazzucato a raison sur le financement de la recherche, aucun doute à ce sujet. Je l’illustre depuis de nombreuses années par des graphiques où le financement de la recherche dans les universités américaines par l’industrie est de 4-7 % alors que le financement fédéral est d’environ 60 % ! Vous pouvez consulter les Figures 1 et 2 ci-dessous. Mais, quand il s’agit d’innovation, je ne vois pas où l’Etat a produit la biotechnologie ou l’industrie IT. Il a rendu les inventions disponibles. Vous avez cependant besoin d’entrepreneurs et d’investisseurs visionnaires comme je l’ai dit sur mon blog dans le cas Genentech il y a quelques années [voir Bob Swanson et Herbert Boyer: Genentech]

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Figure 1: le financement public et privé de la recherche universitaire américaine.

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Figure 2: le financement public et privé de la recherche à l’université de Stanford et au MIT.

Chapitre 4 – L’état entrepreneurial américain.

Dans ce court chapitre, Mazzucato montre à travers quatre exemples comment le gouvernement américain encouragée innovation. Il s’agit du DARPA (le financement de la recherche par l’armée américaine), des SBIR (Les « Small Business Innovation Research »), les médicaments orphelins et les nanotechnologies.

Sur le Darpa, « une série de petits équipes, composées d’éminents scientifiques, se sont vu données une autonomie de budget considérable, … finança un mélange de chercheurs universitaires, de start-up, d’entreprises établies et de consortiums … aidant ainsi les entreprises à emmener les produits au stade de la viabilité commerciale ». [Page 78] Encore une fois l’impact du DARPA dans le financement de la recherche est indiscutable. Et oui, il faut le dire, Mazzucato a raison sur ce quasi-assourdissant silence sur le rôle de l’Etat. Vous pourriez aussi le vérifer avec cette autre excellente référence qu’est l’ouvrage de Rebecca Lowen “Creating the Cold War University – the Transformation of Stanford”.

Je suis moins convaincu sur le SBIR. « Les agences gouvernementales allouent une fraction de leur budget de recherche pour soutenir les petites entreprises, indépendantes et à but lucratif. » Mazzucato affirme qu’Apple a été financé par un tel fonds, le Continental Illinois Venture Corp (CIVC), mais j’ai vérifié le document d’introduction en bourse d’Apple et le CIVC n’était pas à l’origine de l’entreprise. Arthur Rock and Don Valentine convainquirent Markkula d’aider les deux Steve et investirent en janvier 1979. Même si CIVC avait investi à cette même date (ce que j’ignore), c’était un actionnaire minoritaire et passif. En outre, le CIVC était la filiale VC d’une banque, donc pas un investissement purement public… Mazzucato cite également Lerner et Audretsch, éminents professeurs comme références . Dans un livre récent (Boulevard of Broken Dreams – Pages 125-126), le même Lerner explique que le manque de flexibilité du SBIR et de l’ATP fut préjudiciable (il devait être question de financement pré-commercial pour l’ATP ; les start-ups devaient être détenues à 51% au moins par des citoyens américains ou des résidents, au point que la présence de capital-risque pouvait exclure l’entreprise du financement SBIR !) J’ai lutté pendant des années pour trouver l’impact réel de SBIR et je n’ai jamais trouvé de données convaincantes. Il y a un débat récurrent sur le rôle direct de l’État dans le financement VC, avec des réponses assez peu claires depuis des années.

Je ne sais pas rien des médicaments orphelins, mais je suis sceptique sur les nanotechnologies. « Les nanotechnologies vont très probablement être la prochaine technologie d’application générale ». [Page 83] « Ce sera une révolution encore plus important que l’ordinateur. » « Aujourd’hui, elles ne créent pas encore un impact économique majeur en raison de l’absence de commercialisation de ces nouvelles technologies, ce qui s’explique par des investissements excessifs dans la recherche par rapport aux investissements dans la commercialisation. […] Cela soulève une question : si le gouvernement doit financer la recherche, financer de grands investissements d’infrastructure et aussi entreprendre les efforts de commercialisation, quel est exactement le rôle du secteur privé ? » [Page 86]

Et bien, encore une fois, je trouve l’argumentation un peu contradictoire. Si les nanotechnologies était juste un autre fruit mûr qu’il suffit de cueillir pour les commercialiser grâce à l’investissement de l’Etat, nous aurions déjà vu les premiers résultats. L’initiative américaine sur les nanotechnologies a été lancée en 2000. Il y a eu des start-up très visibles telles que A123 ou Nanosys. Dans le tableau de capitalisation datant de 2004 de Nanosys, peut voir le financement de la start-up provenant de sources privées .

Je lis en ce moment le chapitre 5 et je reviendrai sur le livre de Mazzucato dans une troisième partie !

Nanosys

L’État entrepreneurial: le rôle de la puissance publique en matière d’innovation (partie 1)

L’État entrepreneurial (The Entrepreneurial State) de Mariana Mazzacuto est, je pense, un livre important. L’auteur affirme que nous avons été injustes avec le rôle dans l’innovation du gouvernement et du secteur public en général, qui a fourni des fonds pour la plupart pour ne pas dire toute la R&D (Pharma, IT, spatial). Je partage le blâme car je suis un fervent partisan des start-up, du capital-risque, et la Silicon Valley est le modèle ultime. Et l’idée que l’Etat doit juste fournir les bases (éducation, recherche, infrastructure) et laisser le secteur privé innover a peut-être été une grosse erreur (de moi y compris). Je ne prendrai pas le blâme sur le second argument que j’ai toujours partagé avec l’auteur : l’idée que les allégements fiscaux et l’évasion fiscale rend le jugement encore plus injuste. Enfin, le secteur privé est très frileux face aux risques si bien qu’il y a moins d’innovation (et pas seulement à cause du capital-risque, mais en raison de la R&D privée, par rapport au passé lorsque les laboratoires de R&D au sein d’IBM , Bell ou Xerox étaient grands ou quand les VCs contribuaient vraiment à l’innovation dans les semi-conducteurs, les ordinateurs et la biotechnologie dans les années 60 et 70 )

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Permettez-moi maintenant de citer Mariana Mazzacuto en suivant son livre linéairement . Vous pouvez également écouter une conférence qu’elle a donnée à TEDx.

Alors que l’innovation n’est pas le rôle principal de l’État, illustrer le potentiel d’innovation et de dynamisme de l’Etat – sa capacité historique, dans certains pays, à jouer un rôle d’entrepreneur dans la société est peut-être le moyen le plus efficace pour défendre son existence. (Page 1).

L’entrepreneuriat n’est pas (seulement) le sujet des start-ups, du capital-risque et des « bricoleurs de garage ». Il s’agit de la volonté et de la capacité des agents économiques à prendre des risques et affronter une incertitude réellement Knightienne*, ce qui est vraiment inconnu. (Page 2).
Note *: l’incertitude Knightienne concerne le risque « incommensurable », c’est à dire un risque qui ne peut être calculé.

Même pendant un boom économique, la plupart des entreprises et des banques préfèrent (ou préféreraient) financer des innovations incrémentales à faible risque, en attendant que l’État fasse sa marque dans les domaines les plus radicaux. (Page 7) Des exemples sont fournis par l’industrie pharmaceutique – où les nouveaux médicaments les plus révolutionnaires sont fabriqués principalement avec des fonds publics, et non privés. (Page 10.)

Apple doit payer des impôts, non seulement parce que c’est une bonne chose, mais parce qu’elle est l’épicentre d’une entreprise qui a besoin de fonds publics qui soient très grands et prêts à assumer une prise de risque suffisante pour continuer à faire les investissements sur lesquels les entrepreneurs tels que Steve Jobs pourront ensuite capitaliser. (Page 11) C’est précisément parce que les investissements de l’État sont incertains, qu’il y a un risque élevé qu’ils échouent. Mais quand ils réussissent, il est naïf et dangereux de permettre à toutes les récompenses d’être privatisées. (Page 12)

Chapitre 1 – (La crise de l’innovation)

L’accent mis sur l’État en tant qu’agent entrepreneurial n’a évidemment pas pour but de nier l’existence de l’activité et de l’esprit d’entreprise du secteur privé, depuis le rôle des jeunes et nouvelles entreprises qui dynamisent ou créent de nouveaux secteurs (comme par exemple Google) jusqu’à la source importante de financement du privé comme le capital-risque . Le principal problème est que c’est la seule histoire qui est généralement racontée. (Page 20)

Il est naïf d’attendre du capital-risque de mener à un stade précoce le développement risqué de tout nouveau secteur économique aujourd’hui ** (tels que les technologies propres par exemple). Dans les biotechnologies, les nanotechnologies et l’Internet, le capital-risque est arrivé 15 à 20 ans après les investissements les plus importants réalisés par des fonds publics. (Page 23) L’État a été à l’origine des révolutions les technologiques et des périodes de croissance à long terme. C’est pourquoi un état « entrepreneurial » est nécessaire pour s’engager dans la prise de risque et la création d’une nouvelle vision.
Note **: Peut-être pas dans les années 50 à 70 , certainement au cours des 10 dernières années.

Les grands laboratoires privés de R&D ont fermé et le R de la R&D a également diminué. Une étude du MIT récente [1] affirme que l’absence actuelle aux États-Unis des laboratoires d’entreprises comme le Xerox PARC (qui a produit la technologie d’interface utilisateur graphique qui a contribué à la fois aux systèmes d’exploitation de Apple et de Windows) et les Bell Labs – cofinancés par le budget des agences gouvernementales – est une des raisons pour lesquelles la machine d’innovation américain est menacée. (Page 24) Rodrik (2004) affirme que le problème n’est pas dans quels types de mécanismes (R&D, crédits d’impôt, subventions) ou quels types de secteurs choisir (acier vs. logiciel), mais comment la politique peut favoriser les processus de découverte qui favorisent la créativité et l’ innovation – la nécessité de favoriser l’ exploration par essai et erreur (ce qui est le principe de base de la « théorie évolutionniste du changement économique » au chapitre 2)
Références:
[1] MIT 2013. Rapport économique Innovation, web.mit.edu/press/images/ documents/pie-report.pdf
[2] Rodrik, 2004. Politique industrielle pour le 21e siècle. CEPR Discussion Paper 4767

Chapitre 2 – Technologie, innovation et croissance.

Les politiques de redistribution progressive sont fondamentales, mais elles ne causent pas la croissance. En réunissant les leçons de Keynes et de Schumpeter, on peut la rendre possible. (Page 31) Solow a découvert que 90 pour cent de la variation de la production économique n’a pas été expliqué par le capital et le travail, il a appelé le résidu le « changement technique ». (Page 33)

La « théorie de l’évolution économique » explique cela comme un processus constant de différenciation entre les entreprises, en fonction de leur capacité à innover. La sélection ne conduit pas toujours à la « survie du plus apte » à la fois en raison des effets de rendements croissants et aussi des effets des politiques. La dynamique de sélection des marchés des produits et des marchés financiers peuvent être en désaccord.

L’innovation est spécifique à l’entreprise et très incertaine. Ce n’est pas la quantité de R&D qui compte, mais la façon dont elle est distribuée dans toute l’économie. La vieille idée que la R&D peut être modélisée comme une loterie où une certaine quantité va créer une certaine probabilité de succès de l’innovation est critiquée car en fait l’innovation serait un exemple d’une véritable incertitude Knightienne, qui ne peut être modélisée avec une distribution normale (ou toute autre distribution de probabilité). (Page 35 – à nouveau le Black Swan !)

Les systèmes d’innovation sont définis comme le « réseau des institutions dans le secteur public et privé dont les activités et les interactions initient, importent, modifient et diffusent de nouvelles technologies ». (La Théorie de l’Equilibre ne peut pas fonctionner, et plutôt que d’utiliser le calcul incrémental de la physique newtonienne, les mathématiques de la biologie sont utilisées, car elles peuvent explicitement prendre en compte l’hétérogénéité et la possibilité de dépendance de route et des équilibres multiples.) (Page 36) La perspective n’est ni micro ni macro, mais méso. Le lien de causalité entre la science fondamentale, en allant vers la R&D à grande échelle, puis les applications jusqu’à la diffusion des innovations n’est pas linéaire, mais plein de boucles de rétroaction. On doit être capable de reconnaître le hasard, la sérendipité, et l’incertitude qui caractérise le processus d’innovation. […] En utilisant l’exemple du Japon, « les contributions de l’Etat au développement au Japon ne peuvent être comprises en faisant abstraction de la croissance des entreprises comme Toyota, Sony ou Hitachi à côté du soutien public de l’Etat japonais pour l’industrie ». (Page 38)

Les systèmes régionaux d’innovation focalisent sur la proximité culturelle, géographique et institutionnelle qui crée et facilite les transactions entre les différents acteurs socio-économiques, y compris les administrations locales, les syndicats et les entreprises familiales … L’Etat agit en ralliant les réseaux d’innovation existants ou en facilitant le développement de nouveaux qui rassemblent un groupe diversifié de parties prenantes. Mais un système riche d’innovation n’est pas suffisant. L’État doit élaborer des stratégies pour le développement technologique.

Mazzacuto termine le chapitre 2 avec 6 mythes sur l’innovation, et je suis totalement d’accord avec elle!

Mythe 1 : L’innovation c’est la R&D. « Il est fondamental d’identifier les conditions spécifiques aux entreprises pour permettre que les dépenses de R&D influent positivement sur la croissance.  »

Mythe 2 : Small is Beautiful. « Il y a confusion entre la taille et la croissance. » Ce qui est important est le « rôle des jeunes entreprises à forte croissance ». Beaucoup de petites entreprises ne sont pas en forte croissance. […] « L’essentiel de l’impact est lié à l’âge. Le ciblage de l’aide aux PMEs sous forme de subventions, de prêts bonifiés ou d’allégements fiscaux impliquera nécessairement un niveau élevé de déchets. Bien que ces déchets soient est un pari nécessaire dans le processus de l’innovation », elle doit être ciblée sur une croissance élevée et non sur les PMEs [en général], à savoir le soutien aux « jeunes entreprises qui ont déjà démontré de l’ambition ».

Mythe 3 : Le capital-risque aime le risque. « Le capital-risque est rare dans la phase d’amorçage. il est de plus concentré dans les domaines à fort potentiel de croissance, à faible complexité technologique et à faible intensité capitalistique. » […] «La polarisation sur le court terme est dommageable pour le processus d’exploration scientifique qui nécessite un plus long horizon et la tolérance à l’échec ». « Les récompenses pour le VC ont été disproportionnées par rapport aux risques pris », mais Mazzacuto reconnaît également que « le capital-risque a plus réussi aux États-Unis, quand il a fourni non seulement les financements, mais aussi l’expertise dans la gestion. » Enfin « la commercialisation progressive de la science semble être improductive ».

Mythe 4 : Les brevets. « La hausse du nombre des brevets ne reflète pas une augmentation de l’innovation ». [Je ne vais pas revenir ici sur le sujet, mais relisez Contre les monopoles intellectuels]

Mythe 5: Le problème de l’Europe est avant tout celui de la commercialisation. « Si les Etats-Unis sont meilleurs dans l’innovation, ce n’est pas parce que les liens université-industrie sont supérieurs (ils ne le sont pas) ou parce que les universités américaines produisent plus de spinouts (elles ne le font pas). Cela reflète tout simplement le fait que plus de recherche se fait dans plus d’institutions, qui génèrent de meilleures compétences techniques pour le monde du travail. Le financement américain est divisé entre la recherche dans le monde universitaire et le développement de la technologie à un stade précoce dans les entreprises. L’Europe a un système plus faible pour la recherche scientifique et les entreprises sont plus faibles et moins innovantes ».

Mythe 6 : Les entreprises doivent payer moins d’impôt. « Les systèmes de crédit d’impôt R&D ne demandent pas aux entreprises responsables de chercher de nouvelles innovations qui autrement n’auraient pas eu lieu, ou qu’elles ne se contentent pas simplement de formes de développement de produits routiniers. » « Comme Keynes l’a souligné, l’investissement des entreprises est une fonction de l’instinct des investisseurs quant aux perspectives de croissance future. » Ceci n’est pas affecté par les crédits d’impôt, mais par la qualité de la de la science, de l’éducation, du système de crédit et du capital humain au niveau national. « Il est important pour la politique d’innovation de résister à l’appel des mesures fiscales de toutes sortes ».

Plus suivra quand j’aurai lu les chapitres 3 et suivants. Mais, j’ai besoin de partager certaines de mes préoccupations, d’abord en citant Mazzacuto à nouveau :

« L’entrepreneuriat par l’État peut prendre de nombreuses formes. Quatre exemples : le DARPA, les SBIR, le Orphan Drug Act, les nanotechnologies. (…) Apple est loin d’être l’exemple libéral, que semble être la société. C’est une société qui a non seulement reçu des financements précoces du gouvernement (à travers le programme SBIC), mais elle a aussi « ingénieusement » fait usage de technologies financées par les fonds publics*** pour créer des produits « intelligents » . (Pages 10-11)
Note ***: par exemple l’Internet, le GPS, l’écran tactile et Siri.

« Beaucoup de jeunes entreprises les plus innovantes aux Etats-Unis ont été financées non par du capital-risque privé, mais par le capital-risque public, tel que celui fourni par le programme SBIR (Small Business Innovation Research). » (Page 20)

Mes préoccupations sont que
– La recherche n’est pas l’innovation et le transfert est là où l’esprit d’entreprise se produit et donc l’investissement dans la recherche n’est pas l’innovation ou même être entrepreneurial. C’est du moins mon expérience dans le domaine .
– L’impact réel du SBIR est incertain
– les technologies vertes et nano ont également un impact incertain
Mais je n’ai pas encore fini de lire cet excellent travail…

Le partage du gâteau (acte 2) ou « comment finance-t-on une start-up? »

Une de mes collègues à l’EPFL vient de me mentionner une jolie illustration du partage des actions dans une start-up: How Startup Funding Works. Le contenu a apparemment ses sources chez le célèbre entrepreneur Paul Graham. Il pourrait s’agir de son essai écrit en 2005. Beau travail de visualisation en effet. Merci Sanna 🙂

Donc, après de nombreux articles dur le partage des actions, y compris celui sur le livre Slicing Pie, voici le visuel.

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L’innovation, un enjeu majeur pour la France

J’ai eu le plaisir de faire partie du groupe qui a contribué au rapport Beylat Tambourin, L’innovation, un enjeu majeur pour la France, dont le sous-titre n’est pas anodin: Dynamiser la croissance des entreprises innovantes. Ce fut un travail de longue haleine, nous avons commencé à travailler en septembre et le document final a été remis aux ministres compétents le 5 avril. Vous pouvez d’ors et déjà télécharger ce rapport au format pdf. Essayez ici si le lien précédent ne fonctionne plus…

Ce qui est à noter avant de discuter le contenu est que les 25 personnes de la mission viennent de mondes différents (voir en fin d’article), ce qui aurait pu rendre le projet difficile. Ce ne fut pas le cas. Il y eut des débats, mais ce rapport synthétise les propositions sans oublier de points importants, ni diluer le propos, je crois. J’ai lu un (seul) article désobligeant dans les media, mais je ne suis pas sûr que l’auteur avait lu le rapport (voir en fin d’article également)… Je reviendrai plus longuement sur ce travail, mais en voici un bref résumé.

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Cliquer sur l’image pour télécharger le rapport au format pdf)

J’extrais de l’introduction les phrases suivantes: « Face à cette accélération et à cette complexification des enjeux, les politiques publiques paraissent parfois démunies, souvent désordonnées. […] Elles l’ont souvent été en regard d’un système de valorisation de la recherche, jugé trop faible, et finalement peu tourné vers la création d’entreprises à forte croissance, en capacité de créer des emplois. […] Mais il n’y a pas de modèle unique de l’innovation. […] En revanche, des invariants existent: l’excellence de la recherche, un décloisonnement entre acteurs publics et privés, une culture de l’entrepreneuriat, une diversité culturelle, une capacité à attirer des talents au niveau international, une politique migratoire orientée, une association réussie entre jeunes entreprises, grands groupes, recherche publique, enseignement supérieur et investisseurs. » [Pages 1-2]

La difficile définition de l’innovation
Voici un excellent paragraphe que je tiens à rappeler: « Il n’y a pas de définition – incontestée et incontestable- de l’innovation mais il est possible de faire émerger quelques caractéristiques de l’innovation :
– l’innovation est un processus long, imprévisible et peu contrôlable,
– l’innovation ne se réduit pas à l’invention et l’innovation n’est pas seulement technologique,
– au bout de ce processus, sont créés des produits, des services ou des procédés nouveaux qui font la démonstration qu’ils répondent à des besoins (marchands ou non marchands) et créent de la valeur pour toutes les parties prenantes.
Un autre point mérite d’être souligné : une innovation ne se décrète pas, ne se planifie pas mais se constate par le succès commercial (ou sociétal) qu’elle rencontre. Ceci explique qu’elle naît souvent aux marges des entreprises existantes et dans des interactions avec des acteurs très différents : « Internet est le produit d’une combinaison unique de stratégie militaire, de coopération scientifique et d’innovation contestataire » selon la phrase célèbre de Manuel Castells. » [Page 5] « En conséquence, il faut passer d’une vision où la dépense de R&D est la principale préoccupation, à une vision systémique axée sur les résultats en termes de croissance et de compétitivité. »[Page 6] Autrement dit, l’innovation n’est ni l’invention, ni la R&D.

Voici donc les 19 recommandations, déclinées en 4 groupes :
I. Développer la culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat.
II. Accroître l’impact économique de la recherche publique par le transfert.
III. Accompagner la croissance des entreprises innovantes.
IV. Mettre en place les instruments d’une politique publique de l’innovation.

Pour le premier groupe (culture):
1. Réviser les méthodes pédagogiques de l’enseignement primaire et secondaire pour développer les initiatives innovantes.
2. Mettre en place un programme de grande ampleur pour l’apprentissage de l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur.
3. Favoriser l’essaimage à partir des grands groupes.
4. Organiser une politique d’attractivité des talents autour de l’innovation.
Pour le deuxième groupe (transfert):
5. Mettre en place le suivi opérationnel des 15 mesures pour une refondation du transfert dans la recherche publique (voir http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid66110/une-nouvelle-politique-de-transfert-pour-la-recherche.html)
6. Favoriser la mobilité des chercheurs entre public et privé.
7. Mettre en place un programme cohérent en faveur du transfert par la création d’entreprise.
8. Focaliser les SATT sur la maturation.
9. Mettre en place une politique cohérente de recherche partenariale public-privé, en regroupant les différentes politiques aujourd’hui éparpillées.
Pour le troisième groupe (croissance):
10. Combler le manque de financement en fonds propres des entreprises innovantes (capital-risque et capital-développement technologique) en mobilisant une faible part de l’épargne des français et en améliorant les stratégies de sortie possibles pour les investisseurs sur ces segments.
11. Lancer des initiatives sectorielles « early stage ».
12. Mettre en place les instruments d’une politique de protection (PI, normalisation) au service des entreprises innovantes.
13. Harmoniser les différents labels et qualifications d’entreprises innovantes pour plus de lisibilité et les inscrire dans un parcours jalonné d’accompagnement vers la croissance, alignant de manière cohérente l’ensemble des outils de soutien disponibles.
14. Inciter les grands groupes et les grands établissements publics à s’impliquer dans l’émergence et la croissance des entreprises innovantes, en intégrant de nouvelles dimensions dans leur obligation de publication de RSE.
Enfin pour le dernier groupe (politique publique):
15. Reconnaître le rôle des écosystèmes d’innovation métropolitains comme points d’appui des stratégies régionales et de la stratégie nationale d’innovation.
16. Organiser le système de transfert pour le rendre plus lisible et plus efficace.
17. Se donner les moyens de concevoir, de piloter et d’évaluer une stratégie française de l’innovation, globale et cohérente.
18. Mandater un opérateur unique pour la consolidation opérationnelle des politiques publiques de financement de l’innovation, la BPI (partie innovation).
19. Faire de l’innovation un vrai sujet politique, en organisant un vaste débat public.

Comme indiqué plus haut voici l’origine des 27 membres (2 présidents, 25 experts).

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Quelques réactions des médias:
Une mission sur l’innovation après le rapport Gallois (les Echos)
Cinq pistes pour favoriser l’innovation en France (L’Expansion)
Le gouvernement va-t-il enfin mener une politique volontariste d’innovation ? (ZDnet)
Un rapport sur l’innovation qui sent la naphtaline (L’article désobligeant de L’Informaticien)

Le partage du gâteau – ou comment répartir les actions entre fondateurs et entrepreneurs

Un entrepreneur EPFL m’avait contacté à propos du partage des actions entre les fondateurs, les employés et les investisseurs dans une start-up. J’ai parlé de mon expérience et d’un billet sur mon blog sur le sujet: La répartition des actions dans les start-up. Puis il est revenu vers moi avec un livre, qu’il m’a conseillé de lire. Je viens de le finir et l’ai en effet trouvé très intéressant. Alors merci Justin 🙂

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Le livre est intitulé Slicing Pie, et sous-titré Le financement de votre entreprise sans fonds. Voici quelques exemples de ce que j’ai aimé:

Le « Gap »

Quelque part entre la découverte d’une idée qui va changer le monde et la présentation aux investisseurs tels que Andreessen Horowitz, il y a un fossé : le « Gap ». Dans cette période, on s’attend à avoir réellement construit quelque chose qui ressemble à une entreprise, assez pour que le capital-risqueur doux et gentil décide que vous avez fait votre travail et vous fasse un chèque. Je l’appelle le «Gap», parce que c’est à ce moment que soit vous comblez l’écart avec ce qui est nécessaire à une entreprise soit vous laissez l’idée se consumer. La plupart des entreprises naissantes connaissent ce dernier cas. La période des années financées uniquement avec powerpoint sont terminées. (En fait, elles peuvent ne jamais avoir existé !) Peu d’investisseurs sont prêts à fournir des capitaux à une société qui est un peu plus qu’une idée approximative. De nos jours, vous devez avoir quelque chose d’intéressant ce qui signifie souvent une équipe, un plan d’affaires, et, si vous êtes intelligent, un prototype fonctionnel. Pour obtenir un bonus, quelques clients qui sont réellement prêts à payer. Maintenant, vous avez quelque chose, un concept qui mérite d’être discuté. [Page 2]

Le besoin d’entrepreneurs

«Les entrepreneurs donnent la sécurité aux autres personnes, ils sont des générateurs de bien-être social. » Le pays a besoin d’entrepreneurs, le monde a besoin d’entrepreneurs. Sans eux, pas grand chose ne se passerait. En dépit de la vie trépidante et le rôle important des entrepreneurs, la plupart des gens ne vont jamais devenir entrepreneurs. Pour la plupart des gens, la vie est trop risquée. La plupart des gens ne peut pas gérer l’ambiguïté. La plupart des gens ont peur de l’échec. Tout entrepreneur échoue plus souvent qu’il ne réussit. [Pages 9-10]

Les bonnes et les mauvaises leçons

L’échec est la façon dont un entrepreneur apprend. Les bonnes leçons améliorent un entrepreneur et augmentent ses chances de réussite future. Si vous avez créé un produit dont personne ne veut, si votre employé vous quitte, si un concurrent émerge, si votre marketing ne fonctionne pas, si vous manquez d’argent, vous allez apprendre. Être un entrepreneur exige beaucoup de confiance en soi. Mais s’il se brûle avec ses partenaires, il apprend de mauvaises leçons. Il passe plus de temps à couvrir ses arrières. Il apprend à se déplacer plus lentement et prend moins de risques. Il apprend à être moins entrepreneur et plus comme tout le monde. [Pages 10-11]

Les Grunts

Les Grunts (puis-je traduire par grognons ?) sont des gens qui sont prêts à renoncer à leur rémunération en espèces en échange d’un morceau du gâteau. Les Grunts font le travail nécessaire pour transformer une idée en une réalité. Ils vont faire le travail amusant et le sale boulot. Ils sont aussi à l’aise à mettre les mains dans le cambouis qu’à bâtir un plan stratégique. [Page 28] (J’adore ces grognons sans doute parce que par certains aspects, j’en suis un, même si je ne suis pas un entrepreneur!)

En conclusion de son premier chapitre, l’auteur Mike Moyer affirme que l’entrepreneur a besoin d’une méthode pour partager le gâteau qui est facile à comprendre :
– les participants sont rémunérés pour la valeur relative à laquelle ils contribuent,
– cette méthode fournit la motivation pour continuer à fournir plus d’ingrédients,
– elle permet aux fondateurs d’ajouter ou soustraire des participants,
– elle est flexible face aux changements rapides.

Sans donner tous les détails, voici quelques autres points intéressants. Moyer a probablement besoin de vendre quelques exemplaires! Moyer présente le Fonds Grunt comme un mécanisme d’attribution des actions entre les fondateurs. Il utilise les paramètres classiques que j’ai utilisé dans le passé (voir à nouveau le lien ci-dessus), mais il ajoute un point intéressant: une allocation dynamique basée sur les contributions futures telles que le temps et l’argent, pondérées par votre valeur (réputation, expérience, etc.) Son principe est simple:
– désigner un leader,
– attribuer une valeur théorique aux ingrédients fournis par les différents Grunts,
– garder une trace des contributions et calculer la valeur lorsque vous en avez besoin sur la base des contributions relatives de chaque Grunt.

« Un Fonds Grund rend certaines personnes mal à l’aise. Ils aiment savoir ce qu’ils achètent et ils aiment les points sur les I les barres sur les T. C’est très bien. Si vous vous reconnaissez, alors n’utilisez pas de Fonds Grunt – trouver un emploi à la place. » [Page 50] Alors faites attention de qui et ce dont vous avez besoin. C’est à vous de décider, mais soyez juste! Moyer mentionne à la page suivante le livre de Noam Wasserman, le Dilemme du Fondateur (que je n’ai pas lu) comme une validation théorique de son approche.

Sans entrer dans trop de détails, Moyer donne de la valeur au temps (2 fois ce qui serait un salaire normal) et au cash (4x le montant réel). Ceci est subjectif. L’élément essentiel est que tous les Grunts soient d’accord avec les règles. Elles peuvent changer d’une entreprise à l’autre… « Souvenez-vous, vous avez besoin de compenser non seulement le travail qu’ils ont fait, mais aussi les risques qu’ils prennent. » [Page 64] Quand il est question des idées ou de propriété intellectuelle, Moyer a des principes dont je suis assez proche: « Ne vous méprenez pas, les idées sont essentielles à la réussite d’une entreprise. Mais transformer l’idée en une réalité est là où la valeur e est construite, pas avec l’idée en premier lieu. » [Page 82] Le Fonds Grunt est pour les premiers jours seulement. Quand devez vous cesser de l’utiliser? Lorsque vous avez un modèle d’affaires prévisible, ou lorsque vous avez levé 1M $. [Page 114]

Parfois, vous aurez besoin d’enlever quelqu’un. Il y a 3 possibilités:
– il / elle démissionne sans motif. Vous devez réduire sa part;
– vous mettez fin à son contrat sans motif. Les parts doivent être conservés;
– vous mettez fin pour une cause grave. Il / elle peut perdre sa part.
[Chapitre 5 + Pages 141-145]

En guise de conclusion (et Moyer mentionne ceci plusieurs fois), « un Fonds Grunt est un contrat moral, et non pas un contrat légal. Il nous dit comment traiter les autres équitablement. […] Un Fonds Grunt est le fondement d’une relation de confiance ». [Pages 121-122]