Archives de catégorie : La Silicon Valley et l’Europe

Start-up: Anti-bible à l’usage des fous et des futurs entrepreneurs

Voici un nouveau livre et il s’intitule start-up! L’auteur Bruno Martinaud a la gentillesse de citer le mien dans son introduction pour montrer les différences entre l’Europe et les Etats Unis (du moins la Silicon Valley). Mais la copie s’arrête là car si Bruno Martinaud a, je crois, un point de vue similaire au mien sur le monde des start-up, son ouvrage est, comme il le décrit, une (anti-)bible à l’usage des fous et des futurs entrepreneurs.

Vous y trouverez nombre de conseils utiles que je n’ai pas fourni, mon objectif était plus l’inspiration, la stimulation alors que Bruno Martinaud va plus loin tout en montrant la folie de l’ouvrage, du moins sa difficulté et ses incertitudes. Non pas une bible donc, car il n’y a pas une réponse, mais une anti-bible! Je vais comme à mon habitude en faire mon analyse, non pas un résumé, mais sous la forme plutôt de quelques impressions. Tout d’abord, dommage que le livre n’existe qu’en français, une version anglaise serait utile à nombre d’Européens au moins! Mais cela viendra peut-être…

Martinaud veut « changer le rapport au risque » en mentionnant « qu’un étudiant [américain] connaîtra 10 à 14 emplois différents avant 38 ans ». Alors autant tenter l’aventure! Il faut donc dédramatiser l’échec [pages 3-4]. Il utilise la théorie du Black Swan de Taleb pour expliquer que si Microsoft ou Google sont des événements improbables, leur impact est lui considérable [page 7]. High risk, high reward en quelques sorte, mais au delà de l’aspect spéculatif, c’est l’impact sur nos sociétés de l’innovation par les start-up qui est illustré. Je suis moins d’accord avec lui quand il affirme [page 13] « qu’un entrepreneur qui a déjà réussi a 50% de plus de chances de réussir dans son projet suivant qu’un primo-entrepreneur ». Si je sais le sujet du serial entrepreneur en vogue, j’ai des données contradictoires sur le sujet (j’ai à peu près des taux similaires de 28% de succès pour les 2 groupes; par contre le taux chute pour les serial entrepreneurs qui ont échoué  – article à venir!).

Un entrepreneur agit (avant de réfléchir) explique-t-il au chapitre 1. Il voit et il agit. Et d’ajouter en citant le STVP, « savoir échouer vite et fréquemment, à moindre coût et toujours avec élégance. » Je le suis totalement sur les complémentarités des fondateurs: l’association des profils scientifique et business ne fonctionne pas, car les deux aspects doivent être compris et portés simultanément par les mêmes cerveaux. Ce qui compte est le type d’intelligence et pas la compétence. Je vous laisse découvrir les pages 30-33.

« Tout comme dans le choix d’une vague, la probabilité de se tromper est importante et incompressible. L’entrepreneur avant tout s’engage, accepte les risques et les zones d’ombre qui subsistent. L’essentiel de ce qui fait le succès final lui est inconnu et, plus encore, inaccessible à ce stade et bien peu de choses séparent souvent les plus grandes opportunités des pires pièges à rat. » [page 80] Mais tel le surfeur, l’entrepreneur est aussi un visionnaire qui sait provoquer sa chance.

Martinaud vous explique dans des synthèses bien venues le marché, le produit, la finance et vous y (re)découvrirez avec profit les grands classiques de l’innovation écrits par Clayton Christensen (The Innovator’s Dilemma), Geoffrey Moore (Inside the Tornado, Crossing the Chasm), Guy Kawasaki (The Art of Start), Steve Blank (Les quatre étapes vers l’épiphanie), Eric Ries (The Lean Start-up) ou Randy Komisar(The Monk and the Riddle, Getting to Plan B) . Vous y (re)découvrirez que l’entrepreneuriat est exploratoire et itératif, où l’éxécution est tout: « une idée vaut 1, un projet vaut 10, et une éxécution vaut 100 » [page 263]. Il rappelle aussi la fréquente « impossibilité psychologique pour le porteur de projet de remettre en cause sa vision » et les pièges relatifs à cet attachement trop grand [page 158].

Aussi parle-t-il de se projeter sans prévoir (chapitre8) car l’entrepreneuriat est de « nature chaotique, non-linéaire, complexe » (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’outils à maîtriser!) [page 189]. Et ainsi, « un projet entrepreneurial nécessite en moyenne trois à quatre fois ce que l’on estime au départ! » [page 226]. Martinaud aborde le débat du business plan, que les investisseurs souvent ne lisent pas. Il prône son usage comme exercice utile de structuration mais aussi utile à la crédibilité de l’entrepreneur. Comme outil de planification? Peut-être moins! Il nuance le propos de Kawasaki qui préfère le pitch au business plan [page 245] mais lisez tout de même Kawasaki ou le chapitre 11!

Martinaud décrit donc très bien cet animal à cinq pattes qu’est l’entrepreneur, ce schizophrène au comportements et rôles contradictoires [page 265]. Mais il espère aussi par cette jolie anti-bible montrer que l’entrepreneur est un personnage essentiel à nos sociétés et ainsi changer cette situation où « trois fois moins d’étudiants français [européens?] que leurs homologues européens créent des entreprises » [page 292].

Les start-up se cachent pour mourir

Nouvelle chronique de la série « la start-up du mois » que j’écris pour l’EPFL

03.06.12 – La hantise de l’échec explique sans doute l’absence d’un Google européen. Tandis qu’outre-Atlantique les start-ups naissent et meurent au grand jour, leurs homologues du vieux continent s’accrochent à la vie, parfois en dépit du bon sens.

La 4ème start-up du mois n’existe pas ! Du moins pas à l’EPFL, ni même en Suisse ou en Europe. Je parle de la start-up qui échoue. Les start-up européennes sont un véritable paradoxe. Nous nous plaignons souvent de ne pas avoir de grands succès à la Google, Apple ou Facebook, mais nous n’avons pas non plus d’échec ! Dans un travail de doctorat publié en 2011, le chercheur et professionnel du transfert de technologie Sven de Cleyn montre que moins de 10% des start-up universitaires européennes ferment boutique [1] ; dans une étude datant de 2008, l’ETHZ avait des métriques similaires, avec 88% de taux d’activité [2]. L’EPFL ne déroge pas à la règle.

En réalité, ce phénomène curieux s’explique aisément. Les start-up européennes se focalisent sur la survie, au point que Sven de Cleyn a dû utiliser ce paramètre pour définir le succès. L’échec est tellement stigmatisé culturellement qu’il doit être évité, presque à tout prix. Voilà une des raisons fondamentales de nos difficultés. Dans l’excellent film Something Ventured, elles sont appelées des « mort-vivants » par les Californiens, adeptes d’une vision manichéenne : le succès ou la mort !

Pourtant, l’échec est loin d’être une mauvaise chose. Il est même nécessaire. Qui n’est pas tombé plusieurs fois en apprenant à pratiquer le ski, le roller ou plus simplement la bicyclette ? Comment ne pourrait-on pas échouer dans la tâche autrement plus complexe qui consiste à amener une technologie ou un produit innovant sur le marché ? Schumpeter, célèbre économiste de l’innovation, avait créé le concept de «destruction créatrice», en expliquant que le nouveau remplace l’ancien, et que cela est en fait une bonne chose. Il utilisait une image saisissante : « Ce n’est pas le propriétaire de diligences qui construit les chemins de fer. »

Dans son célèbre discours à Stanford en 2005, Steve Jobs ne dit pas autre chose : « Ne jamais oublier que je vais mourir bientôt est le moyen le plus important que j’ai jamais utilisé pour m’aider à faire les grands choix de mon existence. Parce que presque tout, les espérances, la fierté, la crainte de la honte ou de l’échec, ces choses s’évanouissent face à la mort, ne laissant vivace que ce qui compte vraiment. Ne pas oublier que l’on va mourir est le meilleur moyen que je connaisse d’éviter le piège de penser que l’on a quelque chose à perdre. »

Alors, vous me direz que cela est plus facile à dire qu’à vivre ! En effet, il est difficile de mentionner les échecs, de donner des exemples, tant les entrepreneurs semblent réticents à s’exposer. Je pourrais en citer un certain nombre, mais sans le consentement des entrepreneurs. J’aurais presque pu intituler cet article « Recherche échec de start-up désespérément ».

Il semble que les start-up se cachent pour mourir. Jamais n’ont lieu de funérailles dignes pour celles qui échouent. Pourtant, la FailCon a brisé ce tabou. Cette conférence s’adresse aux entrepreneurs de technologie, investisseurs, développeurs et concepteurs. Elle est dédiée à l’étude de leurs propres échecs et des autres, pour se préparer au succès. Lors de la première édition à San Francisco en 2011, le célèbre Vinod Khosla admettait avoir plus souvent échoué qu’il n’avait réussi. L’échec n’est pas souhaitable, il fait juste partie du système, et il serait grand temps de l’intégrer. A quand une FailCon en Suisse?


[1] Sven H. De Cleyn, The early development of academic spin-offs: holistic study on the survival of 185 European product-oriented ventures using a resource-based perspective.University of Antwerpen, 2011
[2] Oskarsson I., Schläpfer A.,The performance of Spin-off companies at the Swiss Federal Institute of Technology Zurich.ETH transfer 2008.

La Start-up du mois: Kandou et les investisseurs

Voici ma nouvelle chronique de la « start-up » du mois publiée sur le site de l’EPFL.

22.04.12 – Qui sont les investisseurs qui ont parié sur Kandou? Cette start-up active dans le high-tech sait comment trouver des financements.

En novembre 2010, l’EPFL fêtait sa millième invention. J’extrais un passage d’un article publié à cette occasion: «Kandou, inventé par Harm Cronie et Amin Shokrollahi du laboratoire d’algorithme de l’EPFL, permet aux processeurs de communiquer avec leurs périphériques (mémoires, imprimantes, écrans) de manière plus rapide et moins énergivore. Une petite révolution dans le domaine de l’informatique dont la solution vient…des mathématiques!». En mars 2012, la start-up issue de cette invention annonce une levée de 10 millions de dollars. Nouvelle (ou absence de nouvelle) intéressante, la jeune entreprise est peu loquace sur ses investisseurs. «Ce sont des privés, pas des institutionnels, ni des compagnies industrielles.», expliquait brièvement Harm Cronie au quotidien Le Temps. Plus étonnant encore, cette première levée de fonds laisse augurer d’une deuxième, d’ores et déjà en préparation. «Je ne peux en dévoiler davantage car nous sommes actuellement en discussion avec des investisseurs.»

Amin Shokrollahi n’en est pas à sa première aventure. Digital Fountain fut vendue à Qualcomm en 2009 – depuis 1998, elle avait levé plus de 50 millions de dollars. La start-up avait le soutien de Cisco, Sony, TI, mais aussi de fonds tels que Matrix ou Granite. Avec Kandou, il change de stratégie. Il sait que les investisseurs institutionnels ont des contraintes, qui forcent l’entrepreneur à avoir une stratégie plus mûre qu’avec des investisseurs individuels – le business angel peut agir par passion, et ne doit pas rendre de comptes à ses propres bailleurs de fonds.

Je l’indiquai dans l’introduction à ces chroniques: il faut penser global. Pour Kandou, les premiers partenaires s’appelleront peut-être IBM ou Intel. Si une innovation est assez forte, le client peut se trouver n’importe où (mais malheureusement assez rarement en Europe, quand il s’agit de high-tech). Pourtant, il aura fallu presque 18 mois pour passer à cette phase d’accélération. Kandou aura su utiliser la richesse de l’écosystème: le spin fund de l’EPFL – similaire aux Innogrants ; venturekick ; la FIT. Aucune naissance n’est instantanée. L’expérience montre qu’il faut entre 1 et 3 ans…


Amin Shokrollahi et Harm Cronie

Enfin, Amin n’est pas seul. Harm Cronie est son co-fondateur et ex-étudiant. Le tandem professeur-étudiant est un des plus classiques. Ce n’est certes pas le plus courant – le binôme réunissant deux jeunes entrepreneurs est sans doute plus connu (du moins aux Etats-Unis, avec Google, Yahoo, eBay, etc.). Mais on a peut-être oublié que Netscape fut fondé par Marc Andreessen et Jim Clark, professeur à Stanford et également fondateur de Silicon Graphics. De plus, Amin a su trouver un conseiller et mentor en la personne de Steve Papa. Ce dernier a fondé Endeca, success story américaine, revendue à Oracle en octobre 2011 pour plus de 1 milliard de dollars. Ces mentors sont essentiels aux entrepreneurs: les entrepreneurs sont souvent isolés, et doivent prendre des décisions critiques dès les premiers jours de la start-up. Les conseils amicaux et expérimentés sont les bienvenus. Ainsi, Steve Jobs put compter sur Bob Noyce, fondateur d’Intel, durant ses premières années d’entrepreneur.

Kandou s’est donné les moyens de naître sous de bonnes étoiles. Une technologie de rupture répondant à une demande du marché, un écosystème bienveillant, une équipe de grande qualité et des investisseurs prêts à soutenir une croissance ambitieuse. Les ingrédients sont réunis.

Les accélérateurs, nouvelle mode de l’innovation?

The Startup Factories: The rise of accelerator programmes est certainement la meilleure analyse que j’ai lue sur la nouvelle tendance (la nouvelle mode?) dans le soutien aux start-up. « Les premières données suggèrent qu’ils ont un impact positif sur les fondateurs, les aident à apprendre rapidement, à créer des réseaux puissants et devenir de meilleurs entrepreneurs. Bien que les incubateurs soient parfois stigmatisés comme un soutien artificiel à la survie des entreprises, ces programmes d’accélération sont remarquables par la qualité élevée des mentors et les équipes avec lesquels ils travaillent et la valeur qu’ils ajoutent à ces entreprises. « [Page 3]

Si vous savez pas ce que sont les accélérateurs, alors voici de quoi il s’agit: un programme qui rassemble un nombre limité de porteurs de projets avec
• un processus de sélection ouvert à tous, mais très compétitif,
• des investissement de pré-amorçage, généralement en échange d’actions (quelques 10k$ pour 5-10%),
• un accent mis sur de petites équipes de fondateurs et non pas des fondateurs isolés,
• un programme limité dans le temps comprenant des événements et du mentorat intensif (généralement 3 mois)
• des cohortes ou « classes » de start-up plutôt que des entreprises individuelles (de 10 à seedcamp à 60 pour Y Combinator)

En outre, l’élément de limite dans le temps met la pression sur les entrepreneurs qui veulent faire bonne figure par rapport à leurs pairs; une journée de démonstration / des séances de pitchs des entrepreneurs ajoutent une pression supplémentaire pour la livraison de prototypes et la définition de leur vision. Il est évident que les fondateurs, business angels, VCs et même corporates bénéficient de cette nouvelle source de soutien.

Les programmes les plus célèbres sont Y Combinator, Techstars, Seedcamp et Startupbootcamp.

Alors, pourquoi ces programmes ont vu le jour. Les rationnels sont les suivants:
– Ils apportent des solutions nouvelles à l’innovation: [page 24] « Le problème que les accélérateurs résolvent pour les fonds de capital-risque, c’est qu’ils créent de nouveaux deal-flow. Un certain nombre d’investisseurs nous ont dit que c’était la raison principale de soutenir Seedcamp à Londres. Il n’y avait tout simplement pas assez de jeunes fondateurs ni de sociétés ayant des contacts avec le monde de l’investissement. La communauté du capital-risque a un intérêt à la croissance du nombre total de bonnes entreprises. Si elles peuvent attirer des personnes talentueuses dans les start-up plutôt que dans les grandes organisations, ce pourrait être une bonne nouvelle pour l’ensemble du secteur. »
– Ils donnent accès à des mentors de qualité et aux investisseurs pour des fondateurs qui reçoivent une validation précoce grâce à la sélection de l’accélérateur.
– Au moins dans le monde du web et du mobile, les coûts pour lancer une start-up sont en diminution.
– À nouveau dans ces mondes, il est plus facile d’atteindre de nouveaux clients et la route vers les revenus est moins semée d’embûches.
– Les concepts autour des « lean start-up » (Eric Ries, Steve Blank) permettent un développement de produits itératif grâce à des interactions efficaces avec les adopteurs précoces.

Maintenant, les accélérateurs ne sont pas des modèles éprouvés. Ils sont d’abord trop jeunes et deuxièmement, ils ont été critiqués pour les raisons suivantes [page 32]:
– Ils ne bâtissent que des entreprises relativement petites.
– Ils détournent les talents des autres start-up à forte croissance .
– Les bonnes entreprises échouent tout de même après les programmes d’accélération.
– Ils exploitent les fondateurs de start-up.
– Ils attirent les entreprises qui sont déjà en difficulté.
– Ils aident à créer une bulle.
– Ils sont juste des écoles de démarrage.

En conclusion: les accélérateurs sont intéressants pour les connexions et le filtrage qu’ils fournissent. Ils créent aussi de la valeur par l’aspect d’éducation, incluant une culture ouverte. Mais le modèle d’affaires n’est pas validé et s’ils s’appliquent bien au monde des applications logicielles, web et mobiles, le modèle est moins clair pour d’autres segments de la technologie . Si vous voulez en savoir plus, vous devriez lire ce très bon rapport 🙂

Les nouvelles Silicon Valley

Jolie série de l’émission de la Radio Suisse Romande, les Temps Modernes, cette semaine sur quelques expériences stimulantes de clusters technologiques. Sans doute pour combattre la morosité ambiante du WEF et de l’économie mondiale. (Et pas seulement parce que j’ai été invité ce matin à commenter la dernière expérience! Je n’ai reçu l’invitation que mercredi… 🙂 )

Lundi, il s’agissait de Skolkovo, dont j’avais parlé dans un post il y a quelques mois.

Je ne connaissais pas du tout l’expérience kenyanne de Konza, et il y avait là quelque chose de vraiment rafraichissant.

La Chine est incontournable, mais là aussi surprise, pas question de Shanghai ou Shenzhen, mais de Zhongguancun.

Je connaissais l’expérience chilienne de Startup Chile, surtout car Stanford a apporté son soutien à l’expérience sud-américaine.

Enfin, j’ai pu commenter l’expérience la plus stimulante du vieux continent, le Silicon Roundabout, de Londres. Vous pouvez toujours écouter ou télécharger le reportage de quelques 9-10 minutes au format mp3.

Une émergence spontanée, un nom donné par un entrepreneur du coin, pas vraiment de soutien politique, du moins au début et déjà une jolie effervescence qui attire. Enfin le cluster dont l’Europe à besoin? On verra bien. L’expérience est vraiment intéressante, et pour en savoir plus, vous pouvez lire deux articles récent du Monde, Le « Silicon Roundabout », un succès britannique, et de The Economist, Silicon Roundabout.

Création d’entreprise – Le monde est plat

J’ai répondu récemment aux questions de Julien Tarby pour Le Nouvel Economiste sur la question de l’internationalisation des start-up. L’article est riche, ma contribution très limitée (mais vous y retrouverez mes obsessions ou références habituelles en italique).  Vous en trouverez le texte intégral en cliquant sur le titre.

Création d’entreprise – Le monde est plat

Publié le 02/11/2011

Se penser mondial dès le départ

En voilà une drôle d’idée, alors qu’il est de notoriété publique qu’une entreprise, juste après sa création, doit faire ses preuves sur son marché domestique avant de partir hors des frontières affronter les champions étrangers. Certains entrepreneurs – fondateurs de sociétés “born global”, – cherchent d’emblée à faire du monde leur jardin : ils ont su se libérer du carcan des modèles “incontournables”. Profitant de la dématérialisation des échanges, de la valorisation croissante des innovations et de la spécificité de leur savoir-faire (IT, biotech, cleantech…), ces audacieux ne respectent pas les parcours classiques pour franchir les frontières et d’emblée recherchent directement les avantages comparatifs à l’échelle planétaire pour se financer, s’approvisionner et vendre. Ils ont davantage de possibilités qu’auparavant de se lancer dans cette course contre la montre, mais rencontrent en revanche toujours autant de difficultés à transformer l’essai dans la durée.

“I will call you back eventually.” Douche froide pour Sébastien Deguy – créateur en 2003 d’Allegorithmic, une entreprise de logiciels 3D à Clermont-Ferrand juste après l’obtention de sa thèse -, déçu par le manque d’enthousiasme de son prospect américain… jusqu’à ce qu’il réalise qu’“enventually” ne signifie pas “éventuellement”, mais “finalement” en anglais. La langue de Steve Jobs n’était pas son fort. Ce qui ne l’a pas empêché d’ouvrir dès le début de l’aventure un stand au salon Siggraph à San Diego, puis de travailler avec des représentants aux Etats-Unis, à Taïwan et en Chine. Allegorithmic fait donc partie de ces entreprises “born global”.

(…)

A l’étroit
Etre pionnier signifie souvent être seul dans son pays et son marché. Autre raison d’extériorisation précoce. Excico dans les semiconducteurs, après avoir essuyé le refus d’un grand compte français, n’a eu d’autre choix que de prospecter le reste du monde : les grands clients susceptibles d’être intéressés par ses machines lasers à 3 millions d’euros se faisaient rares. “Nos 15 millions de ventes aujourd’hui proviennent entièrement de l’étranger”, commente Dominique Bérard. Le fait que beaucoup de ces soldats “born global” aient d’ailleurs pour patrie de petits pays en termes de population est révélateur. “Ayant commencé mon activité en Australie, j’ai constaté que mes clients partaient très vite s’installer aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni pour trouver des débouchés.

Un concepteur de logiciels ferroviaires a dû dès les premières années répondre à des appels d’offre en Europe du fait de la faiblesse de l’industrie ici”, illustre Christelle Damiens. Ainsi les sociétés israéliennes produisent localement, mais engagent directement des personnes business aux Etats-Unis. “De même elles se financent outre-Atlantique, à tel point que beaucoup d’entre elles sont perçues comme américaines”, décrit Hervé Lebret. Destinée partagée par Logitech, réputé pour ses claviers et souris d’ordinateur aux Etats-Unis, suisse à l’origine.

“Nous avons dû jouer très tôt la carte de l’internationalisation. La technologie était suisse, mais les Etats-Unis, et plus tard le monde, ont défini notre marché, alors que la production est vite devenue asiatique”, écrit son fondateur Daniel Borel. Question de vie ou de mort pour ces sociétés hyperspécialisées. Le laboratoire français HRA Pharma, avec sa pilule du lendemain, a parfaitement intégré cette dimension selon Béatrice Collin, professeur de stratégie et de management international à l’ESCP Europe : “Il a racheté des brevets non exploités : les détenteurs estimaient que le marché n’était pas suffisant pour être rentable. HRA Pharma, avec sa structure légère, a pu très vite se déployer dans une dizaine de pays.” La société réalise aujourd’hui 44 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont les deux tiers à l’export.

Ecosystème
(…)

L’émulation et les contacts sourient à ces audacieux comme nulle part ailleurs, comme l’illustre Hervé Lebret : “Dans les années 70, de nombreux ingénieurs de chez Fairchild, National… se rencontraient autour d’une bière au célèbre “Wagon Wheel Bar” pour évoquer les problèmes qu’ils rencontraient dans la production ou la vente de semi-conducteurs. Même les compétiteurs les plus vifs échangeaient des idées. Je croyais cette époque révolue, jusqu’à ce que des salariés de LinkedIn m’expliquent en septembre qu’il leur arrivait, lorsqu’ils étaient confrontés à un problème, de faire appel à leurs homologues de chez Facebook.” Une sorte de coopétition propre à la Silicon Valley.

(…)

Agir vite, rester agile, tel est donc le credo. Ce manque de diversité peut être compensé par un bon réseau de partenaires locaux. Le parcours classique – accord commercial, joint-venture, filiale – n’est pas forcément piétiné mais au moins fortement anticipé. Pour ces entrepreneurs, il ne s’agit pas seulement d’exporter, mais de prendre pied sur des marchés stratégiques. Perspective passant par la sélection d’un distributeur ayant la capacité de devenir un partenaire, soit en créant une filiale commune, soit en investissant.

(…)

Le petit malin qui parviendra à résoudre ces subtiles équations imposera son développement transfrontalier en quelques années. Le plus dur reste à faire : consolider cette présence dans la durée, ce qui pèche le plus chez les “born global” tricolores. “Les start-up hexagonales qui évoluent dans les dispositifs médicaux, les diagnostics… sont irrémédiablement rachetées dès qu’elles font la preuve du concept”, constate Hervé Le Lous, président des laboratoires Urgo.

La volonté des venture capitalists de se retirer après 5 à 7 ans sonne comme une date butoir. Les “born global” ont percé grâce à un avantage particulier qu’elles ont dû exploiter à l’étranger pour être rentables. Il leur reste à consolider cette expansion éclair en se faisant racheter, à trouver une autre niche – “HRA Pharma a su muter sur les maladies endocriniennes après la pilule du lendemain”, observe Béatrice Collin – ou, beaucoup plus compliqué, à transformer l’essai par elles-mêmes, en faisant grandir toutes leurs implantations. “Il nous faut atteindre la taille critique des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016 pour assurer notre pérennité, sinon nous allons “vivoter””, assure ainsi Dominique Bérard d’Excico.

Par Julien Tarby

Paul Jorion, la spéculation high-tech et Steve Jobs

Je lis depuis quelques jours le très intéressant « La Guerre Civile Numérique » de Paul Jorion. Si vous ne connaissez pas Jorion, découvrez son blog et sa vision de l’état du monde et de son économie. Je vous en donne un extrait qui me laisse toutefois un peu sceptique étant donnée ma passion pour le monde des start-up!

On s’est beaucoup trompé sur le devenir d’Internet, et ce dès le début de sa popularité. Voyez la cotation en bourse des start-up, qui a généré l’apparition de ce qu’on appelle la bulle internet sur les marchés boursiers tout à la fin des années 1990. On a d’abord cru que toute compagnie fournissant des services internet allait faire des milliards, les gens qui y travaillaient percevaient des salaires astronomiques et étaient inondés de stock options. Le prix des actions est monté subitement, mais la plupart de ces sociétés se sont effondrés très rapidement. Je peux vous dire pourquoi parce que j’ai eu plusieurs entretiens dans des sociétés de ce genre., à Los Angeles et dans Orange County, au sud de L.A. Je me souviens de ce monsieur qui me disait: « Il y aura un moment difficile pour la société: celui de notre entrée en bourse, parce que l’ensemble des fondateurs – moi y compris – nous prendrons alors notre retraite. Il n’a pas dit « fortune faite », mais cela allait de soi: l’entrée en bourse signifiait plusieurs millions de dollars pour chacun d’eux. L’une de ces start-up me proposait de créer un site boursier en temps réel, ce que je savais faire. Honnêtement, celle du monsieur qui prendrait ses cliques et ses claques, je ne me souviens plus de ce qu’elle prétendait qu’elle allait faire. Cela n’a aucune importance puisqu’ils laissaient derrière eux des coques vides. Et l’on s’étonne que cela n’ait pas marché.

C’était l’un des grands moments qu’a connu le capitalisme… avant la fermeture définitive que nous vivons en ce moment! Le KRACH du Nasdaq a eu lieu en avril 2000, seules Yahoo, Amazon et AOL on survécu, et cette dernière a connu de puis une importante perte de vitesse. A cette époque, les gains que pouvaient rapporter ce type d’entreprises ont été largement surévalués , je parle de celles qui n’étaient pas de simples coques vides.

Bien sûr, quelques une son sorti leur épingle du jeu, comme Google, le site le plus visité au monde qui, sous prétexte de prendre des photos dans les rues pour Google Maps, écoutait aux portes et aurait vendu des informations sur les particuliers aux agences de renseignement américaines. C’est ce qui expliquerait la mansuétude don l’entreprise fut l’objet quand elle fut traduite en justice pour cette « erreur technique ». La compagnie a gagné en 2009 plus de 20 milliards de dollars en vendant aux enchères des mots clés qui sont placés dans les liens commerciaux du site. Même phénomène avec Facebook. la compagnie créée par Mark Zuckerberg: ce dernier a vendu à Microsoft une part de l’entreprise ainsi que des fiches d’information concernant les usagers de ce site, lequel est devenu ainsi le seul fournisseur de publicités sur Facebook. Grâce à cette opération, et l’annonce de nouveaux investisseurs, l’entreprise vaudrait aujourd’hui 60 milliards de dollars.

Pourtant, il faut rester très prudent pour analyse ces chiffres… En effet, la compagnie s’est livrée à d’habiles manœuvres, cautionnées par Wall Street, pour conserver la confidentialité de ses données. financières. Le but étant de dissimuler l’écart désastreux entre son chiffre d’affaires et la valorisation de son capital (plus de 100 fois le chiffre d’affaires), Et de poursuivre ainsi sa marche triomphale de « création de valeur », dont la réalité économique est artificiellement gonflée.

De telles opérations invitent à douter de la viabilité économique proprement miraculeuse de ces sociétés phares du monde des nouvelles technologies. Celles-ci ne vivent pas leur chiffre d’affaires, mais « brûlent » l’argent qui résulte de l’augmentation de leur valorisation. Quant aux investisseurs, il se pressent à la porte dans l’espoir que la cote de l’action de l’entreprise va continuer de monter. Une certitude qui a fait long feu sur le marché immobilier, selon laquelle le prix des maisons n’allait pas cesser d’augmenter. Avec les résultats que l’on sait…

Je ne suis pas en désaccord avec l’analyse qui me semble correcte mais avec l’impression que l’article pourrait laisser que les start-up high-tech ne sont que spéculation, ce qui n’est pas le cas. Pas de meilleure manière d’exprimer mon enthousiasme intact que de fournir une interview de Steve Jobs bien avant l’émergence de l’Internet sur l’apport des start-up à l’économie mondiale. A absolument écouter. Et merci à Paul Jorion pour ces contributions, malgré tout!

L’âge des fondateurs

Comme je l’ai indiqué dans mon récent post (en anglais seulement) sur Carbonite, j’ai promis de revenir sur le sujet de l’âge des fondateurs après des commentaires de Pascale sur un autre de mes posts en anglais,
Is There A Peak Age for Entrepreneurship?

Or j’ai des données que je n’avais pas exploitées jusqu’ici, avec lesquelles je vous ennuie peut-être quand je publie mes tables de capitalisation de start-up qui vont en bourse. Ces sociétés publient l’âge de leurs dirigeants si bien que si les fondateurs sont encore présents lors de l’IPO, je peux en déduire leur âge à la fondation. De plus les biographies donnent aussi les start-up précédemment créées par ces entrepreneurs. J’ai donc fait un rapide exercice hier que j’ai classé en 2 groupes. Le premier regroupe essentiellement des IPOs assez récentes 8depuiws 5 à 10 ans) et le second, des start-up des années 90 ou même avant. Notez que dans mon livre, j’arrivais à une moyenne de 27 ans pour les start-up célébrissimes.

Voici donc le 1er groupe (52 fondateurs issus de 25 start-up):

Et voici le groupe des sociétés plus anciennes (53 fondateurs issus de 22 start-up) avec non seulement la moyenne du groupe mais aussi des deux groupes en fin de tableau.

Ce ne sont pas des statistiques mais des anecdotes et notez de plus que si je n’avais pas l’âge, j’ai aussi regardé le parcours académique avec l’hypothèse que l’on obtient son BS à 21 ans environ. La moyenne est à 34, et surtout augmente de 31 à 35. Clairement pas les 27 ans de mes stars, mais pas non plus les 40 ans des études récentes. je vous laisse décider si le verre est à moitié vide ou à moitié plein. Je reste intrigué par le fait que les « stars » semblent être beaucoup plus jeunes (en admettant que cette nouvelle hypothèse soit correcte!).

Un dernier commentaire qui n’est pas lié au sujet: le « nombre d’années de la création à l’entrée en bourse (IPO) » passe de 3.7 à 6.8, avec une moyenne à 5. Les chiffres restent bien inférieurs à mes mesures anecdotiques en Europe (de l’ordre de 9, voire 10 ans).

Une start-up française entre en bourse à New York

Sequans vend des puces pour le monde du sans-fil. Elle est entrée en bourse le mois dernier. C’est un événement assez rare pour être mentionné d’autant plus que la start-up est française et qu’elle a fait son IPO à New York sur le NYSE. L’IPO n’a pas été un énorme succès, mais c’est en soit un exploit pour une société française (il y a eu ILOG, Business Objects et quelques autres, peu nombreuses). Je note de plus que Sequans n’avait pas de capital-risque américain et qu’ayant été fondée en 2003, il lui a fallu moins de 8 ans pour aller en bourse.

Que puis-ajouter de plus?
– la start-up avait levé plus de €50M avant l’IPO et $66M lors de cet événement.
– l’équipe de fondateurs avait déjà eu une expérience de start-up américanise (Juniper)
– les VCs sont français (i-source, SGAM) et britanniques (Add Partners, Kennet). Plus tard, Sequans a ajouté des investisseurs stratégiques (Swisscom, Alcatel, Motorola).
– Tous les actionnaires ont vendu une petite part de leurs actions (environ 3-5%)

Les Européens et la Silicon Valley

La Silicon Valley est bien connue pour ses migrants, en particulier ceux qui viennent d’Asie (Inde, Chine, Taiwan, Corée, etc.). AnnaLee Saxenian est célèbre pour ses travaux sur le sujet. ;ais les Européens sont bien moins célèbres et c’est un peu injuste. Je vais essayer de l’illustrer tout d’abord par quelques figures « illustres » et ensuite par quelques données statistiques.

J’utilise cette photographie depuis quelques années pour montrer que l’Europe a également ses migrants célèbres, que sans doute nous devrions utiliser au moins comme modèles. Vous les connaissez ? Prenez un peu de temps pour estimer combien vous sont familiers.

Voici la réponse :

Première ligne

En haut a gauche, les Huit Traitres, fondateurs de fairchild dont Jean Hoerni, suisse, Eugene Kleiner, autrichien. Quant à Victor Grinich, il est né de parents croates et s’appelait initialement Grgunirovich. Plus sur https://www.startup-book.com/fr/2011/03/02/les-peres-de-la-silicon-valley-les-8-traitres.

A droite, un Français, Pierre Lamond, fondateur de National puis capital-risqueur chez Sequoia, spécialiste des semi-conducteurs. http://en.wikipedia.org/wiki/Pierre_Lamond.

A droite, un Allemand, Andy (von) Bechtolsheim, fondateur de Sun, et business angel de Google, (il est connu pour avoir signé un chèque avant même que la start-up ne fût créée). Ses $100k lui ont rapporté $1B, bon investissement, il continue a entreprendre et investir. http://en.wikipedia.org/wiki/Andy_Bechtolsheim

A droite encore, Michael Moritz, un Gallois, ancien journaliste de Time Magazine, et investisseur chez Sequoia également, connu pour avoir investi dans Yahoo et Google à la fois ! http://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Moritz

Deuxième ligne

Le Français, c’est Philippe Kahn, véritable icône française, il a quitté l’enseignement en France avec un visa de touriste en 1982 pour créer Borland aux USA. Pas mal ! http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Kahn

Le Hollandais, Aart de Geus, ancine étudiant de l’EPFL où je travaille et fondateur de Synopsys dans la Vallée, 6’700 employés, $1.4B de chiffre d’affaires. https://www.startup-book.com/fr/2009/12/11/un-europeen-dans-la-silicon-valley-aart-de-geus/

Puis Andy Grove, un Hongrois, a franchi le rideau de fer pour débarquer à New York sans parler un mot d’anglais, quasi fondateur puis patron d’Intel dans les grandes années. http://fr.wikipedia.org/wiki/Andrew_Grove

Troisième ligne

Pierre Omidyar, a moitié français seulement, en fait iranien par sa famille, mais né à Paris, déménage aux USA à l’âge de 6 ans… fondateur d’eBay. http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Omidyar

Serguei Brin, fondateur de Google, né à Moscou, émigre également à l’âge de 6 ans. http://fr.wikipedia.org/wiki/Sergueï_Brin

Edouard Bugnion, suisse, fondateur de VMware, plus sur https://www.startup-book.com/fr/2010/03/16/un-suisse-dans-la-silicon-valley.

Les autres fondateurs ont un parcours Europe-USA-Europe :

Les 3 fondateurs de Logitech Borel, Zappacosta et Marini. « L’idée de Logitech a germé en 1976 à Stanford. Alors qu’ils y étaient étudiants en informatique, Daniel Borel et Pierluigi Zappacosta devinrent amis, amitié qui se solda en alliance entrepreneuriale. Alors qu’ils terminaient leurs études, Borel, un Suisse et Zappacosta, un italien identifièrent le potentiel d’un système de traitement de texte logiciel (d’où le nom !). Un prototype fut réalisé avec le soutien de Bobst ». On connaît la suite.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Borel
http://fr.wikipedia.org/wiki/Logitech

Histoire similaire pour la suite. Bernard Liautaud est fondateur de Bus. Objects avec Denis Payre, mais qui a étudié aussi à Stanford, qui a déménagé très vite aux USA car il a compris que IT = USA. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Liautaud

Pierre Haren, fondateur de Ilog, a obtenu son PhD au MIT. Pas de Silicon Valley mais Pierre m’avait indiqué l’importance de la culture américaine dans son parcours. http://fr.wikipedia.org/wiki/ILOG

Je termine par Loic Lemeur, ami de Sarkozy, qui a quitté la France pour faire Seesmic dans la SV, un des derniers en date, qui montre que le flux continue. https://www.startup-book.com/fr/2010/06/21/pourquoi-la-silicon-valley-nous-botte-le-c

🙂 or 🙁 ?

Et maintenant quelques statistiques. On pourrait toujours me dire que je n’ai cité que quelques trop rares exemples. Le tableau qui suit se trouve dans mon livre et vient indirectement d’un autre travail d’AnnaLee Saxenian. Elle et ses coauteurs ont analysé d’où venaient les entrepreneurs étrangers de la Silicon Valley. Je ne crois pas qu’ils avaient regroupé l’ensemble des pays européens comme un seul groupe, ce que j’avais fait à partir de leur données. le résultat me semble impressionnant puisque l’Euorpe est comparable à la Chien ou à Je ne suis pas sûr que cela soit bien connu…

Ref: AnnaLee Saxenian et al. « America’s New Immigrant Entrepreneurs » Duke University et UC Berkeley, janvier 2007.