Archives de catégorie : La Silicon Valley et l’Europe

Start-Up, le livre: un résumé visuel

Start-Up, ce que nous pouvons encore apprendre de la Silicon Valley a deux ans. Je fais toujours et régulièrement des présentations sur ce sujet qui me passionne. Deux ans permet un bilan.

En cliquant sur l’image ci-dessous, vous pouvez télécharger une longue présentation inspirée d’autres faites dans la passé, à Paris, Barcelone, Stockholm, Marseille, Anvers, Genève… Il n’est jamais facile de suivre des diapositives sans commentaire, mais j’espère que vous pourrez en apprécier certaines… Amusez-vous et contactez-moi si elles ne sont pas claires!

Un européen dans la Silicon Valley, Aart de Geus

Voici ma quatrième contribution à Créateurs, la newsletter genevoise, qui m’a demandé d’écrire une série de courts articles sur des start-up célèbres et leurs fondateurs. Après Femmes Entrepreneurs, Adobe et Genentech, voici donc un article sur Aart de Geus, fondateur de Synopsys.

Aart de Geus est né aux Pays-Bas en 1954. A l’âge de 4 ans, il arrive avec ses parents en Suisse romande et en 1978, il reçoit son diplôme de l’EPFL. Il quitte ensuite la Suisse pour les Etats Unis où il obtient son PhD au Texas. Après quelques années chez General Electric (GE), il fonde Synopsys en 1986, lève $15M de capital-risque avant que Synopsys n’entre en bourse en 1994. En 2008, Synopsys compte plus de 5’600 employés, des ventes de $1.3 milliard et une capitalisation boursière de $3 milliards.

Selon lui, « tout européen qui va en Amérique du Nord est en quête ». Lorsqu’il arrive aux Etats-Unis, il considère que sa grande chance fut de se trouver un mentor. Ron Rohrer, son directeur de thèse, « m’a donné la latitude de faire ce que je voulais. » Il apprit à gérer une équipe d’étudiants, un savoir faire qu’il transformera en style de management. « Les membres d’une équipe s’appuient les uns sur les autres, il y a un rôle spécifique pour chacun, ce qui contribue à cet écosystème qui s’entretient de lui-même ». Chance autant que destin, reconnait-il.

Il montre la difficulté de prédire l’avenir dans les hautes technologies par une autre anecdote. « En 1978, j’assistai à une conférence en Suisse qui réunissait les leaders de la microélectronique. Ils étaient tombés d’accord sur deux choses. Point no1, l’électronique allait devenir une industrie majeure. Point no2, passer la barrière du micron serait le défi majeur de cette industrie émergente. Et ce sont les mêmes personnes qui firent ces prédictions qui, 20 ans plus tard, travaillent à 22 nanomètres (0,02 micron) », ajoute-t-il en riant. « La morale de tout ceci est qu’à chaque fois que l’on prédit la fin de quelque chose en high-tech, il y aura toujours un tournant ou une nouvelle perspective qui permettra un nouveau progrès. »


Aart de Geus, un entrepreneur né ?

L’art de la métamorphose…

Il est un adepte de la complexité et de la métamorphose. Tout compte et tout change. Aux débuts d’une start-up, ce sont les idées et les personnes qui comptent. « Je travaillais chez GE et j’ai du me poser une question éthique : pouvais-je développer mes idées dans une start-up. Après tout, il s’agissait de leur propriété intellectuelle. » La réponse fut trouvée en posant la question à sa hiérarchie. GE lui donna non seulement l’autorisation, mais investit dans la start-up. L’argent et les valeurs sont deux autres ingrédients essentiels dès le début.

Mais bientôt il s’agit de transformer le bébé. L’adolescence va passer par les produits, les clients, les ventes. Se sent-il chanceux d’avoir réussi à passer cette crise ? « La chance sourit à ceux qui sont préparés. Il y a une combinaison fortuite de géographie, de personnes (étudiants, managers), de modèle d’affaires viable et de marketing adapté sans oublier de disposer de la bonne technologie au bon moment. »


De retour à l’EFPL en 2007.

… au risque de la fossilisation !

L’âge adulte passe par la mise en place de processus, de managers expérimentés, mais il faudra avoir passer ces tempêtes adolescentes si bien décrites par Geoffrey Moore dans « Inside the Tornado ». Il résume ces métamorphoses continues par la capacité à gérer en parallèle les équipes, les clients, les investisseurs, les produits, leurs cycles de vie, mais aussi les managers, la direction, l’implémentation. Toutes ces choses sont interdépendantes et on fait souvent l’erreur de le négliger. Dans la présentation qu’il fit à l’EPFL en 2007, il présenta la liste des acquisitions faites par Synopsys depuis sa fondation sous la forme animalesque montrée ici. Le sens de l’humour est peut-être un ingrédient utile. Sens de l’humour qui cache l’humilité de celui qui a réussi sans donner de leçons. S’il y a une leçon à retenir, c’est qu’il faut essayer, être curieux et s’adapter. Le succès sera peut-être sur le chemin.

Pour finir, les habituels table de capitalisation et camemberts

Références :
-Aart de Geus à l’EPFL (vpiv.epfl.ch)
-Peggy Aycinena (www.eetimes.com)
The Aart of Analogy is alive and well at Synopsys -2001
The Aart of Analogy Revisited -2009

Prochain article: Un Suisse dans la Silicon Valley

Venture Ideas

En général, je ne parle pas de mon activité à l’EPFL sur ce blog. Voici donc une exception. Cette semaine, nous avons organisé avec venturelab la 10ème édition des ventureideas @ EPFL, une conférence où l’on invite des entrepreneursà partager leur expérience. Tous les ventureideas @ EPFL peuvent être trouvés sur le site de l’EPFL.

Cette semaine nous avions Rich Riley, Senior VP, Yahoo et Paul Sevinç, fondateur de Doodle et leurs videos sont visibles plus bas. Je suis très fier de ces conférences et des invités que nous avons eu la chance d’avoir. En voici quelques exemples:
– Pierre Chappaz, fondateur de Kelkoo
– Eric Favre, inventeur de Nespresso
– Aart de Geus, fondateur et CEO de Synopsys
– Daniel Rosselat, fondateur du Paleo
– Marc Burki, fondateur deSwissquote
– Neil Rimer, GP d’Index Ventures…

L’A&D de Cisco

Ceux qui ont lu m’ont livre savent qu’il n’y a pas d’erreur dans mon titre. Je ne parle pas de R&D, mais bien d’A&D, acquisition et développement. Cisco est connue pour considérer l’A&D comme la meilleure source d’innovations pour ses produits futurs. Je n’ai donc pas été surpris des annonces récentes de M&A, telles que ScanSafe et Starent. Mais ce qui est étonnant, c’est que depuis ma lecture de ces annonces, Cisco en a fait une nouvelle (que je n’ai pas incluse dans les chiffres qui suivent, désolé!): DVN. Par contre cela m’a motivé pour mettre à jour les tableaux de Start-Up. Voici donc les chiffres (mis en parallèle à la croissance des revenus et des emplois de cette vieille start-up).

ou si vous préférez une illustration plus visuelle:

Dernier élément, la géographie de ces acquisitions. Evidemment en majorité elles proviennent de la Silicon Valley:

Femmes et Entrepreneuriat High-Tech

Voici ma troisième contribution à Créateurs, la newsletter genevoise, qui m’a demandé d’écrire une série de courts articles sur des start-up célèbres et leurs fondateurs. Après Adobe et Genentech, voici donc un article sur les femmes et l’entrepreneuriat high-tech.

Femmes Entrepreneurs ? Carol Bartz, Sandy Kurtzig…

… mais aussi Ann Winblad, Catarina Fake, Kim Polese, Candice Carpenter, Mena Trott. La liste pourrait continuer, mais elle ne serait pas très longue. Pourquoi aussi peu de femmes dans l’entrepreneuriat high-tech. Et peut-être pire encore, pourquoi si méconnues ? La réponse est simple : la situation n’est que le reflet de leur présence minoritaire dans les sciences et les techniques ou aux postes de responsabilité à tous les niveaux de la société. Quelques anecdotes toutefois montrent bien qu’elles n’ont rien à envier à leurs congénères masculins. En voici l’illustration.

Sandy Kurtzig est une school dropout. Elle abandonne le programme de doctorat qu’elle a entamé à Stanford pour rejoindre General Electric. Elle y découvre que l’informatique doit pouvoir apporter quelque chose à la production des biens (inventaire, logistique) et fonde Ask Computer en 1972 avec $2000 en poche. « Aucun capital-risqueur ne m’aurait donné de l’argent au début. D’abord un produit logiciel était considéré comme sans valeur et ensuite j’étais une femme. » Elle refuse une offre d’acquisition faite par HP en 1976, puis réussit une entrée en bourse en 1981 (pour mémoire Apple est entrée en bourse en décembre 1980 et Logitech fondée en janvier 1981). Quand elle quitte Ask en 1989, la société réalise $189M de ventes. Ses conseils ? Croyez-en vous, entourez vous des bonnes personnes et partagez le succès avec elles, n’ayez pas peur de faire des erreurs.

Carol Bartz commence aussi sa carrière dans une grande entreprise, 3M (l’inventeur du post-it). Elle y entend : « vous êtes une femme, qu’est-ce que vous faites ici ? ». Elle quitte 3M quand elle comprend que elle ne sera pas promue parce qu’elle est une femme. Elle se retrouve quelques années plus tard dans la Silicon Valley, mais elle ajoute « même dans cette région, être une femme, c’était appartenir à une minorité. » Ce qui ne l’empêchera pas d’arriver à la tête d’Autodesk en 1992. Autodesk est leader mondial des logiciels 3D pour l’architecture, l’automobile et le multimédia avec deux milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2009. La même semaine, on lui diagnostique un cancer. Elle va suivre une chimiothérapie tout en gérant la société. Double succès. « Entre vie familiale et travail, vous n’avez pas le temps de vous demander si vous vous sentez bien le matin. » Le travail était une distraction et son exemple a sans doute amplifié la motivation de ses collègues. Son autre combat est la situation des femmes dans la science : « je crois sincèrement qu’on les dissuade [de faire de la science]. On leur dit que ça n’est pas important. »

Une autre femme entrepreneur, Ann Winblad, ajoute : “Une fille de mes amies s’inquiète de l’image qu’elle va donner d’elles si elle s’investit dans la science. Pourtant des femmes comme Carol Bartz ou moi-même avons réussi et avons vécu une adolescence et une vie d’adulte magnifiques. Le problème est qu’il faut plus de sources d’inspiration comme peut l’être Steve Jobs et son iPod. Ca n’est pas qu’un problème de sexe mais le problème plus général de la science et de la technique dans la société. Quelque chose a été perdu puisque rares sont ceux qui se disent, je veux être comme eux. »

En janvier 2009, Carol Bartz a été nommée à la tête de Yahoo. La tâche n’est pas mince. Faut-il suivre la remarque de Caratina Fake, fondatrice de Flickr: « il y a beaucoup de sexisme institutionnalisé dans le monde des affaires et je crois qu’on ne se rend même pas compte de son ampleur. » Cet article est malheureusement trop court pour rendre un véritable hommage aux femmes entrepreneurs. Celles qui ont réussi ont dû être tout à fait exceptionnelles et celles qui se lancent le sont aussi, sans aucun doute, tant les barrières auxquelles fait face l’entrepreneur sont amplifiées par celle du genre. Je me permettrai toutefois d’espérer comme le poète, que dans le monde des start-up high-tech aussi « la femme est l’avenir de l’homme. »

Pour en savoir plus:
Carol Bartz dans “Betting It All” de Michael Malone (Wiley, 2002).
Sandy Kurtzig dans “In the Company of Giants” de R. Dev Jager and R. Ortiz (McGraw Hill, 1997)

Prochain article: Un européen dans la Silicon Valley, Aart de Geus.

Bob Swanson et Herbert Boyer: Genentech

Voici ma deuxième contribution à Créateurs, la newsletter genevoise, qui m’a demandé d’écrire une série de courts articles sur des start-up célèbres et leurs fondateurs. Après Adobe et ses fondateurs, John Warnock et Charles Geschke, voici Bob Swanson, Herbert Boyer, fondateurs de Genentech.

Bob Swanson et Herbert Boyer: Genentech

Les biotechnologies semblent être un continent à part sur la planète start-up. Elles donnent parfois l’impression d’être réservées à des scientifiques de pointe que les investisseurs financeraient pour le potentiel de leurs idées. Et l’entrepreneur dans tout cela ?

L’histoire des débuts de Genentech est la plus belle illustration que l’entrepreneur visionnaire est aussi nécessaire dans les biotechnologies. Plus qu’une entreprise, c’est une industrie que Bob Swanson a créée.

La légende veut que Bob Swanson capital-risqueur de 29 ans ait rencontré Herbert Boyer, professeur à l’université de Californie à San Francisco (UCSF). L’argent du premier et les idées du second ont permis la création de Genentech en 1976, suivie d’une entrée en bourse en 1980. L’histoire mérite approfondissement : Bob Swanson n’est pas un vrai investisseur, c’est un entrepreneur. Il a été embauché par Kleiner et Perkins (KP) qui ont compris que la vraie valeur d’un fonds de capital-risque est dans la création de sociétés et pas seulement dans le soutien financier. Ils l’ont compris avec le succès de Tandem et de Jimmy Treybig qu’ils ont financés dès le premier jour, en 1974. (Voir aussi les posts sur le premier fonds de KP.) Bob Swanson est passionné par le potentiel de la biologie et de la génétique (il a une licence de chimie du MIT en plus d’un MBA). Après avoir aidé KP pour une de leurs sociétés, il quitte le fonds pour se consacrer à sa passion. Il rencontre professeur après professeur qui tous, lui font comprendre que tout cela est science de haut niveau, mais bien loin d’applications commerciales.

Herbert Boyer n’est pas un professeur typique. Il est avec Stanley Cohen, le co-inventeur d’un brevet, chose assez rare dans le monde académique des années septante. Ce brevet appelé plus tard « Cohen Boyer » décrit le principe des manipulations d’ADN si bien que toutes les nouvelles technologies dans ce secteur nécessitaient l’utilisation de ce brevet et donc le paiement de royalties à leurs propriétaires : les universités de Stanford et UCSF se sont ainsi partagés plus de $250M en licences de la technologie à de nombreux industriels. Sur les débuts de Genentech, l’histoire et la légende se mêlent. Swanson appelle Boyer qui lui dit être très occupé mais qu’il pourrait lui consacrer dix minutes le vendredi après-midi suivant. Swanson n’a qu’une obsession : les applications de la recherche. Boyer lui répond qu’il y a évidemment un potentiel mais qu’il faudra encore dix ans de recherche fondamentale. « Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » ne cesse de demander Swanson, au point que Boyer en arrive à penser : « Pourquoi pas? Peut-être peut-on aller plus vite ». Les dix minutes deviennent trois heures.

Genentech est née, du moins dans les deux têtes bien arrosées de bière. Il faut alors  convaincre les sceptiques, les investisseurs n’étant pas les moindres.  Une semaine plus tard Tom Perkins rencontre les deux hommes et se souvient : « le risque technique était énorme. J’étais très sceptique. Je ne connaissais rien à la biologie. » Très impressionné par l’énergie de Swanson et la compétence de Boyer, il se décide à avancer petit à petit, pour diminuer les risques à chaque nouvelle étape et en minimisant l’investissement. Kleiner investit $100’000 qui durent neuf mois.

La suite  fait partie de l’Histoire. Genentech clone l’insuline en 1978 et l’hormone de croissance en 1979. Genentech aura levé $10M auprès d’investisseurs privés avant une entrée en bourse au Nasdaq en octobre 1980. Une première : une société de biotechnologies séduit les marchés alors que son premier produit ne sera approuvé qu’en 1985. En 1990, Roche et Genentech signent un accord stratégique qui fait de Roche l’actionaire majoritaire de la start-up. L’histoire se conclut en 2009 lorsque Roche acquiert l’intégralité des actions de Genentech.

Swanson n’était pas un investisseur, mais un entrepreneur visionnaire. Boyer n’était pas un universitaire dans sa tour d’ivoire. Ils ont eu aussi la chance d’avoir le meilleur des mentors, Tom Perkins. De l’énergie, des idées, un peu d’argent. C’est à une conversation presqu’accidentelle que l’ont doit l’émergence d’une industrie qui vaut des dizaines de milliards de dollars.

Cerise sur le gateau, la table de capitalisation de Genentech à l’IPO:

Pour en savoir plus:

Internet Archive:
http://www.archive.org/search.php?query=genentech

Le site web de Genentech:
http://www.gene.com

Prochain article: Des femmes entrepreneurs, Carol Batz et Sandy Kurtzig

La Belgique et les start-up

Après la Finlande, la Suède, voici venir la Belgique. Une étude a été publiée récemment sur les spin-off académiques wallonnes et flamandes. Je ne suis pas sûr qu’elle soit en ligne mais elle s’intitule « Le financement des spin-offs universitaires en Belgique » par Fabrice Pirnay (HEC-ULg) & Sarah Van Cauwenbergh (CeFiP) – Mai 2009.

Au-delà du fait qu’elle peut faire grincer des dents, on ne peut que constater le retard pris par l’Europe sur les Etats-Unis. J’ai participé à un workshop de discussion sur cette étude et j’ai retenu un certain nombre de leçons : pour favoriser la croissance des start-ups, il faut de l’ambition, c’est-à-dire des équipes de qualité, une stratégie à l’international et des ressources. Comme il y a toujours le problème de la poule et l’œuf entre l’équipe et les capitaux, je ne peux m’empêcher de penser qu’une exposition internationale ne peut que faire du bien. Je veux dire par là aller voir ailleurs et inviter chez soi… il faut aussi plus de role models et de mentors. Il faut donc jouer avec la diaspora et les alumni.

Mais plutôt que de continuer sur cette analyse, voici les conseils d’un role model inhabituel : Jacques Brel. Mon collègue Bernard Surlemont (qui m’avait invité à ce workshop) m’a signalé ce que le célèbre chanteur belge avait à dire sur la passion, la peur (de l’échec et l’incertitude) et le travail (le talent). Tous à vos cassettes :

La passion

La peur

Le travail

La Suède et les start-up

Comme je l’ai indiqué dans un post récent, j’ai fait un bref voyage en Suède où j’ai découvert quelques éléments de la scène suédoise des start-up. J’y étais invité par Anders Gezelius dont le parcours est très intéressant: diplômé de KTH (Stockholm) et d’un MBA de Wharton, il a travaillé en Californie pour Intel puis a créé une start-up de logiciel de comptabilité. Après l’avoir vendue, il est retourné en Suède. Il y anime Mentor4Research et Coach & Capital.

Voici les deux présentations que j’ai eu l’occasion de faire pour:
– Stockholm Innovation & Growth: why do start-ups succeed or fail?
– Mentor4research: What we may still learn from Silicon Valley

Une des leçons que j’ai tirée aussi bien de ce voyage que de celui que j’ai aussi fait à Boston (cf le venture mentoring service du MIT), c’est que la combinaison de mentor et d’investisseur (business angel) pourrait devenir de plus en plus critique. Les deux sont nécessaires. Les mentors sont des amis des entrepreneurs et donnent des conseils basés sur leur expérience. Ils peuvent aussi devenir des business angels qui investissent très tôt dans le développement de la start-up.

Une des plus belles illustrations d’un mentor et d’un entrepreneur est la rencontre de Steve Jobs et Robert Noyce aux débuts d’Apple:

La brève histoire d’Adobe, de John Warnock et Charles Geschke

Créateurs, une newsletter genevoise m’a demandé d’écrire une série de courts articles sur des start-up célèbres et leurs fondateurs. J’ai décidé de commencer par Adobe et ses fondateurs, John Warnock et Charles Geschke. Vous trouverez l’article plus bas, mais aussi les données habituelles que j’aime fournir sur les start-up: leur capitalisation à l’IPO et l’évolution de l’actionnariat de la création à l’entrée en bourse.

John Warnock et Charles Geschke: Adobe

Les start-up sont très souvent associées à leurs créateurs. Les noms de Steve Jobs ou Bill Gates sont inséparables de leur entreprise. Moins connus John Warnock et Charles Geschke ont pourtant un parcours des plus édifiants.

Sans avoir le profil de l’entrepreneur typique (ce ne sont pas des «school dropouts» qui se lancent dans l’aventure entrepreneuriale avant leur 30 ans), John Warnock et Charles Geschke fondent en 1982, à quarante ans passés, Adobe Systems, l’entreprise à l’origine d’Acrobat et Photoshop, deux des logiciels informatiques les plus utilisés au monde.

De l’imprimante au programme d’imprimante
Tout commence dans les années 70, au célèbre Palo Alto Research Parc de Xerox, le fabricant de photocopieuses. Les deux ingénieurs ressentent une frustration de plus en plus grande car, si la recherche de Xerox a permis le développement de la souris, du traitement de texte, de l’email ou du protocole Ethernet, la société est incapable d’en faire des réussites commerciales. Warnock et Geschke ne parviennent pas à convaincre Xerox du potentiel de leurs travaux. «Par peur ou par incompréhension de leur direction » pensent-ils, mais aussi en raison de : «leur naïveté de chercheurs devant la difficulté à passer d’un concept ou d’un prototype à un projet commercial».

Ils quittent donc Xerox en 82 et lèvent 2,5 millions de dollars pour développer leur projet: des imprimantes de haute qualité et un système qui permet de les connecter à des réseaux d’ordinateurs.

En rencontrant leurs clients potentiels (DEC, Apple), ils découvrent que personne ne veut de leur machine. Steve Jobs leur explique qu’il a besoin de leur protocole d’impression, PostScript, pour le Macintosh qu’il développe. Ils changent immédiatement leur business plan. Adobe devient alors une société de logiciel avec la réussite qu’on lui connaît.

De bons conseils
Leur vision de l’entrepreneur est toute aussi passionnante. S’ils le sont plus devenus par accident que par destin, ils peuvent aujourd’hui conseiller les futurs créateurs.

Il faut être toujours flexible essayer, explorer de multiples solutions, les confronter aux clients, abandonner rapidement les fausses pistes. Constat qu’ils appliquent également à la personnalité du chef d’entreprise: «99% des fondateurs échouent car ils ne savent pas évoluer et veulent plutôt contrôler.»

Passion, prise de risque et confiance en soi, semblent les ingrédients majeurs tout comme l’intelligence et le travail: «mais cela n’est pas suffisant. La chance joue aussi un très grand rôle.» ajoutent-ils.

Quand il aborde son «grand» âge lors de la fondation d’Adobe, Geschke dit: «Je ne crois pas que diriger une société soit mystérieux. Le fait d’avoir plus de quarante ans a sans doute aidé du point de vue de l’expérience, mais l’essentiel est la vision.» Il faudrait toujours en avoir une, ce qui permet d’avoir un temps d’avance sur le marché, élément nécessaire à la réussite, selon lui: «Je ne suis pas un chasseur mais l’on m’a dit que pour viser un canard, il faut tirer là où il sera, pas où il est. C’est la même chose avec la technologie. Si l’on reste focalisé sur le marché actuel, la solution ne sera pas adaptée aux problèmes au moment de son lancement et la compétition sera très grande».

Les ingrédients du succès
De la frustration originelle, cause de leur départ de Xerox au succès d’Adobe, les leçons à tirer sont variées: ne jamais devenir une «one-product» compagnie, la technologie n’est pas simplement transférable il faut lui ajouter de la matière grise, engager de bons professionnels et en tant que fondateurs avoir «le potentiel intellectuel, l’honnêteté, l’éthique et les principes qui gouvernent aussi bien vie privée que vie professionnelle».
Quelques lignes pour résumer les ingrédients du succès qui sont multiples, complexes tout en étant simples mais certainement communs à tous les grands entrepreneurs.

Pour en savoir plus:
The Revolutionaries: www.thetech.org/exhibits/online/revolution
Adobe Systems, Computer History Museum: www.computerhistory.org
Founders at Work, J. Livingston, Apress (2007)
In the company of Giants, R. Jager and R. Ortiz, Mcgraw-Hill (1997)

Prochain article: Bob Swanson: Genentech

Voici la capitalisazion d’Adobe en 1896,

et l’évolution de l’actionnariat de 1982 à 1986: