Archives de catégorie : La Silicon Valley et l’Europe

Finlande (épisode 3)

La semaine dernière, j’ai rencontré Pekka Roine. Cela fait suite à mon voyage en Finlande (et à mes récents posts sur le sujet) où nombreux furent ceux qui me conseillèrent de rencontrer ce « Finn » établi en Suisse. Il s’était décrit comme « bbb = big, bald, and bearded » (gros, chauve et barbu)… alors j’ai répondu que j’étais « gg = grey hair and glasses » (grisonnant à binocles) afin que nous puissions nous reconnaître sur le campus de l’EPFL.

Nous avons au moins un point commun: nous avons passé du temps à Stanford et il m’a dit quelque chose de très intéressant sur cette université. D’après lui il y a trois points qui font de Stanford (mais on pourrait généraliser à d’autres lieux aux moins aux USA) un endroit passionnant:
– le moins important des 3 est que Stanford a les meilleurs professeurs au monde,
– le second en ordre d’importance est que sur place, vous vivez avec 200 personnes qui sont comme vous, donc vous n’êtes pas isolé,
– mais le point le plus important est que vous êtes loin de chez vous et que cela donne de la perspective et ouvre de nouveaux horizons.

Pekka a travaillé pour DEC avant que la société ne disparaisse et y a vécu les plus belles années de sa croissance. Ensuite et depuis 1994, c’est un indépendant qui a siégé au board de plus de 25 compagnies et il a aussi co-fondé deux sociétés de capital-risque, PTV et Conor.

Nous avons eu une conversation à bâtons rompus sur la manière d’aider au mieux les apprentis-entrepreneurs. Il croit au modèle israélien et à ses incubateurs, où de vrais professionnels sélectionnent 2 à 3% des meilleurs projets et les suivent attentivement. Il m’a parlé de cette personne qui après avoir échoué dans sa première start-up, vendu sa deuxième et mis en bourse sa troisième, se sent qualifier pour diriger un incubateur. Bon point!

Je ne suis pas un grand supporter des incubateurs, quelqu’un m’avait demandé si je parlais d’incinérateur, mais avec un modèle où l’initiative de Yozma fut privatisée avec les bonnes personnes et motivations, c’est peut-être un modèle que je devrais revoir. C’est peut-être là le moyen de résoudre l’insoluble, ce problème de poule et d’œuf dans le sens oui n’avons pas de modèles et donc d’entrepreneurs avec les bons modèles. Pekka croit aux échanges avec Israël, je crois au « Go West » qui est finalement similaire. Il doit y avoir des moyens de convaincre nos politiciens et décideurs, locaux et nationaux, académiques et économiques et nous ne devrions jamais nous lasser d’essayer et d’essayer encore parce que… Pekka, nous avons RAISON! Nous avons besoin de start-up de croissance qui créeront les emplois pour nos enfants.

Comme vous le voyez, la Finlande et les Finlandais ont été une belle source d’inspiration!

Finlande (épisode 2.5)

Comme suite a mon post et demi sur la Finlande (https://www.startup-book.com/fr/2010/10/28/israel-en-passant-par-la-finlande/ et https://www.startup-book.com/fr/2008/04/03/finlande), voici quelques enseignements que j’ai retiré de mes amis du nord de l’Europe. Laissez-moi juste préciser que j’ai visité l’Université d’Aalto ainsi que l’Université de Technologie de Jyväskylä.

La leçon principale est la confirmation que les petits pays tels que la Finlande, la Suisse ou Israël doivent être ouverts sur le monde. Nokia est un bon exemple de ce que peut accomplir un petit pays, mais cette entreprise inquiète les Finlandais car elle est en perte de vitesse face à Apple ou Android. Alors la Finlande cherche aussi de nouvelles idées avec comme références Israël ou les États Unis. Relisez mes deux posts cités plus haut pour voir combien Israël est une référence.

A Aalto, j’ai particulièrement aimé des expériences telles que

  • leur Venture Garage
  • leur Entrepreneurship Society
  • et évidemment leur voyage en Silicon Valley
  • Will Caldwell coordonne une grande partie de l’effort avec ses collègues et j’ai rencontré des gens passionnés tels que Pauli, Teemu, Panu, Jari, Paolo, Ramine, Matalie, Juha, Kristo et pardon à ceux que j’oublie …

    L’internationalisation ne signifie pas juste envoyer des sociétés ou des individus à l’étranger, cela signifie d’attirer des gens chez soi. J’ai été très intéressé par leur récente étude Silicon Valley Journey, Experiences of Finnish IT Startups from Dot-Com Boom to 2010, sur des Finlandais dans la Silicon Valley dont l’expérience peut être précieuse. Il y a là-bas une conscience que nous n’en savons pas assez sur la Silicon Valley, et nos écosystèmes (étudiants, entrepreneurs, investisseurs et organismes de soutien) devraient toujours être plus curieux de cette expérience unique. Cela signifie aussi attirer des investisseurs internationaux, ce qu’Israël (mais aussi la Suisse d’ailleurs) a très bien réussi à faire.

    J’ai vu des choses similaires à Jyväskylä, mais si cette ville est assez éloignée de la capitale, Helsinki. En voici trois illustrations:

    – les mentors tels que Jussi Nukari, aussi auteur de « Launching Your Software Business in America »,

    – l’expérience Protomo qui soutient els entrepreneurs localement,

    – les cours d’entrepreneuriat de Sharon Ballard qui vient d’Arizona (et qui m’a aussi questionné sur l’efficacité du programme SBIR aux États Unis, un programme qui m’a(vait) toujours laissé sceptique 🙂 mais ceci est une autre histoire!). Sharon amène une attitude typiquement américaine à des étudiants Européens. Et il n’y avait pas là que des étudiants Finlandais, mais un groupe très international de jeunes gens enthousiastes!

    Mille mercis à Juha Saukkonen qui m’a invité à JAMK et qui a peut-être oublié qu’il faut la 1ère personne à me mentionner le rapport Victa report, et merci à ses collègues, Asta, Mari, Heikki, Sharon, Jussi, Kari, Marko, et … Juha, Juha, Juha et Juha encore.

    Des leçons moins positives? J’ai cette impression qui revient régulièrement d’un manque de taille critique en Europe. Chaque pays, chaque région, chaque ville essaie de promouvoir l’innovation et c’est en effet ce qu’ils doivent faire. Mais ne prenons nous pas le risque de diluer l’effort en ne prenant aucune décision de lieux plus concentrés ou centralisés pour l’entrepreneuriat, comme d’ailleurs on le fait pour l’éducation, la recherche, voire le sport ou les arts? Je n’ai pas de bonne réponse à apporter sur le sujet tant il est difficile, et nous savons tous que de toute façon, il faut essayer et essayer encore. Mais les États Unis n’ont qu’une Silicon Valley, même s’ils ont aussi Boston, Triangle Park, Seattle ou Austin. Mais nous n’avons pas de Silicon Valley en Europe. Alors quelle est l’efficacité de tous ces efforts est une question bien délicate.

    Le réseau social – Facebook

    Le nouveau film sur Facebook et son fondateur Mark Zuckerberg est un grand film. Il n’est sans pas très important de savoir ce qui tient de la fiction et de la réalité. Vous pouvez le voir comme une pure fiction et il restera un grand film grâce aux acteurs et au scénario.

    C’est aussi un excellent travail sur le monde des start-up qui est décrit d’une manière très fidèle. Même si ce n’est pas un documentaire sur cet univers, il y a quantité de détails qui m’ont rappelé des histoires vécues!

    La première leçon est que argent et amitié ne font pas bon ménage. Les histoires d’Eduardo Saverin, le fondateur dilué, de Sean Parker, le fondateur exubérant de  Napster et Plaxo puis mentor de Zuckerberg et la très brève apparition de Peter Thiel en sont de bonnes illustrations.

    Il montre aussi la différence entre le monde compassé de la Nouvelle Angleterre, de Boston et de Harvard où certains semblent croire que les idées ou le talent sont tout et celui, post-moderne, de la Silicon Valley où ce qui compte sont les actes. C’est la raison pour laquelle la Silicon Valley est bien le Triumph of the Nerds. Le film montre à quel point Paul Graham est dans le vari en écrivant que la Silicon Valley est le mariage des nerds et des riches. Chacun y verra les vies folles, tristes, excitantes ou déprimantes de ces fous du travail, qui s’amusent comme ils peuvent. C’est à prendre ou à laisser, mais c’est une description très proche de la réalité des start-up.

    J’ai cherché ce que les acteurs clés pensent du film. En voici quelques extraits. Eduardo Saverin a dit sur ce site-ci “The Social Network” was bigger and more important than whether the scenes and details included in the script were accurate. After all, the movie was clearly intended to be entertainment and not a fact-based documentary. What struck me most was not what happened – and what did not – and who said what to whom and why. The true takeaway for me was that entrepreneurship and creativity, however complicated, difficult or tortured to execute, are perhaps the most important drivers of business today and the growth of our economy.”

    Quant à Dustin Moskovitz, il ajoute sur ce site-là: It is interesting to see my past rewritten in a way that emphasizes things that didn’t matter (like the Winklevosses, who I’ve still never even met and had no part in the work we did to create the site over the past 6 years) and leaves out things that really did (like the many other people in our lives at the time, who supported us in innumerable ways). Other than that, it’s just cool to see a dramatization of history. A lot of exciting things happened in 2004, but mostly we just worked a lot and stressed out about things; the version in the trailer seems a lot more exciting, so I’m just going to choose to remember that we drank ourselves silly and had a lot of sex with coeds. […] I’m very curious to see how Mark turns out in the end – the plot of the book/script unabashedly attack him, but I actually felt like a lot of his positive qualities come out truthfully in the trailer (soundtrack aside). At the end of the day, they cannot help but portray him as the driven, forward-thinking genius that he is. And the Ad Board *does* owe him some recognition, dammit.

    Et Zuckerberg lui-même (en anglais)!

    Watch live video from c3oorg on Justin.tv
    Cela vient de la Start-up School de Paul Graham; voici la suite.

    Watch live video from c3oorg on Justin.tv

    Bien sûr, il y a là de langue de bois institutionnelle. N’oublions pas que ces deux-là ont encore des actions dans Facebook! En parlant d’actions, il y a une autre chose qui m’a gêné récemment, à savoir que selon Forbes, Zuckerberg serait plus riche que Steve Jobs. J’ai eu une discussion sur le sujet avec un ami ce weekend et il était d’accord avec l’analyse alors que j’étais contre. C’est sans doute un détail, mais pour moi, tant que Facebook n’est pas cotée, la fortune de Zuckerberg est faite de papier qu’il ne peut pas vraiment vendre librement. Je suis sûr qu’il est déjà riche, il a sans doute déjà vendu pas mal de ses actions mais il n’est pas livre d’en faire ce qu’il veut tant que Facebook n’est pas en bourse alors que Jobs possède des actions qu’il est libre de vendre plus ou moins quand il veut. Ce n’est sans doute pas très différent tant Facebook semble être un succès, mais j’ai trop vu de start-up où les gens pensaient que la fortune liée aux actions était réelle et ne valait plus rien d’un jour au lendemain.

    Quand ma fille m’a dit hier qu’elle pourra enfin expliquer à ses amis ce que fait son père, c-a-d qu’il travaille dans le monde des start-up, je me suis dit que le film avait au moins le mérite de montrer à une très large audience ce qu’est ce monde et comme le dit Saverin que l’entrepreneuriat et la créativité sont essentiels pour notre avenir.

    Dernier point, que j’aborde de manière récurrent: la capitalisation et la structure actionnariale de Facebook. Comme Facebook n’est pas cotée, c’est un défi de s’atteler à sa tache et de séparer la vérité du mythe. J’ai utilisé les données disponibles sur le web. Le poitn le plus original est la dilution de Saverin de 30% à 5% alors que Zuckerberg ne passe que de 65% à 24%, pas vraiment proportionnel! Nous verrons quand Facebook ira en bourse, à quel point j’étais loin de la réalité!

    Une manière suisse d’entreprendre ?

    Dans cette nouvelle contribution au magazine Créateurs, je reste en Suisse avec deux très jolies PMEs. J’espère que vous apprécierez!


    Il est un débat récurrent dans le monde des start-up : et si le modèle américain de la croissance rapide alimentée par du capital-risque agressif n’était pas adapté aux entrepreneurs européens ou suisses. Deux exemples permettent d’apporter des éléments au débat : Sensirion et Mimotec.

    Dans ma dernière contribution, j’avais présenté Swissquote qui est devenu un magnifique succès sans ce capital-risque tant décrié semble-t-il en Europe. Mimotec est une spin-off de l’EPFL avec 24 employés et un chiffre d’affaires de 10 millions. La société fournit de la micro-technologie pour l’industrie de la montre. Mimotec a été fondée en 1998 par Hubert Lorenz, qui en a conté l’histoire lors du dernier « venture ideas » de l’EPFL. Cette PME est sans aucun doute une success story qui suit un modèle de croissance organique, soutenue sans être pour autant exponentielle.

    Sensirion est peut-être plus impressionnante encore. Fondée en 1998 également, elle est issue de l’ETHZ et fournit des capteurs de pression, autre domaine de spécialité de la Suisse. Dans un article pour la conférence MEMS 2008, son fondateur et CEO, Felix Mayer décrit le modèle de croissance de sa société. J’en traduis un passage : « Les Européens et les Suisses en particulier ne cherchent pas le grand succès. Ils préfèrent commencer petit et mettre un pied devant l’autre […] Autant que je sache, les Américains suivent plutôt la devise suivante : visons la lune ; si nous la loupons, nous finirons dans les étoiles […] Les USA ont une culture du risque et même quand ils échouent, ils ont une deuxième chance. L’Europe est différente. »

    Mayer ajoute que parce que les moyens financiers font défaut, l’entrepreneur européen aura du mal à s’attaquer aux très gros marchés. Il croit toutefois à une voie intermédiaire, qui ne générera pas des Google mais des sociétés leader dans leurs niches. Grâce au soutien patient d’un généreux business angel et fort de ses clients, Sensirion compte en 2010, 180 employés (le chiffre d’affaires n’est pas connu puisque la société est aux mains d’actionnaires privés). Il n’en demeure pas moins que Sensirion mettra six ans avant de financer sa croissance par ses activités ; son business angel fut donc essentiel au succès de la PME.

    Y a-t-il donc un modèle que l’Europe peut créer sans copier le modèle américain ? Oui, si l’on constate que très peu de sociétés ont atteint la taille d’un Logitech ou d’un Actelion. Au-delà des succès remarquables d’Hubert Lorenz et de Felix Mayer, je ne peux m’empêcher d’émettre les mêmes réserves que dans mon livre Start-Up. Pourquoi l’Europe ne devrait-elle pas viser les très gros succès en plus des succès de taille moyenne ? Ne croyez-vous pas que les Américains ont aussi leur Sensirion et leur Mimotec en plus de leur Google et Apple ? La critique du capital-risque est finalement assez facile, et je préfère à tout choisir cette remarque d’un entrepreneur américain : « La capital-risque, vous ne pouvez pas vivre avec lui, mais vous ne pouvez pas vivre sans lui ! » Et n’oublions pas que Google a aujourd’hui 20 000 employés et fut elle aussi créée en 1998… Il ne fait aucun doute que ni notre culture ni nos modèles financiers ne sont adaptés à fabriquer des Google mais je crois profondément que nous devons aussi avoir l’ambition des grands succès et ne pas sans cesse critiquer un modèle américain qui a aussi bien des atouts.

    Rêves brisés

    Je le fais parfois. Je vous encourage à lire mon post en anglais uniquement cette fois, à propos du livre de Josh Lerner Boulevard of Broken Dreams: Why Public Efforts to Boost Entrepreneurship and Venture Capital Have Failed–and What to Do About It.

    Cet extrait de la MIT Technology Review suffira peut-être à vous faire basculer ici.

    Il n’y aura jamais de nouvelle Silicon Valley

    Bon… qui suis-je pour être capable de prédire l’avenir? En fait je n’en sais rien mais j’en doute. Des bloggers célèbres viennent d’aborder le sujet à nouveau. Dans Techcrunch, il s’agit de Can Russia Build A Silicon Valley? par Vivek Wadhwa. Et dans l’Equity Kicker, cela devenait Building an ecosystem to rival Silicon Valley de Nic Brisbourne. J’ai réagi à ma manière:

    Quel sujet! Quelque chose qui est discuté depuis à peu près… 35 ans (je veux dire comment copier la SV). Le fait que la discussion continue montre la complexité du problème. C’est un de mes sujets favoris depuis des années. Pour la beauté du débat (c’est entre autres ce à quoi servent les blogs, n’est ce pas?), laissez-moi jouer l’avocat du diable. En effet, en allant au bout des choses, je ne crois pas qu’il y aura jamais d’autre Silicon Valley. Par exemple dans son livre sur la SV, Kenney explique qu’il faut 5 ingrédients de base: des universités de très haut niveau (telles que Stanford et Berkeley dans la SV), une forte communauté d’investisseurs, des fournisseurs de service (légal, fiscal, comptables, marketing, PR, etc…), des professionnels de la high-tech (qui acceptent de quitter leur emploi dans des grosses sociétés telles qu’Intel, Cisco, Apple, MSFT, ou même Google aujourd’hui pour rejoindre la nouvelle vague) et pas le moindre des ingrédients une culture entrepreneuriale. Ce qui n’est pas facile à réunir… mais bien pire, je crois que la SV fut un accident, un monstre qui n’a jamais pu être reproduit. Saxenian a montré dans Regional Advantage que même la région de Boston a relativement échoué et le fait que Paul Graham ait complétement déménagé ycombinator de Boston vers la SV est un autre signe. En Europe, Sophia Antipolis fut la première expérience … en 1972 donc? Donc il faut une combinaison difficile à trouver d’ingrédients pour la recette et espérer que le four sera à la bonne température pendant un temps très, très long. Bien sûr je faisais l’avocat du diable et la situation n’est pas si désastreuse. Ainsi, il y a des raisons d’espérer: je ne suis pas convaincu que les états, ni même les institutions soient de bons innovateurs, mais ils peuvent être excellents pour stimuler la recherche. Ainsi l’argent public aux Etats-Unis a investi des milliards à travers les DARPA, NIH, DOE, etc, ce qui a considérablement aidé au développement de Stanford ou de Berkeley et à leurs classements dans les « rankings » à la mode. Et cela a aussi contribué à la création de l’Internet. Les investissements à long terme, voilà dans quoi les états sont efficaces (éducation, recherche, transport, …) Ensuite, oui, je crois qu’il faut créer des ponts avec la SV. C’est exactement ce qu’Israel, Taiwan, puis l’Inde et la Chine ont réussi avec leur diaspora. Les nations devraient inviter leur migrants expérimentés à revenir. Quand il aura le temps, Brin devrait aider la Russie ou Levchin l’Ukraine, ou même Grove la Hongrie. Je suis moins sûr de l’efficacité des avantages fiscaux, des moindres barrières légales et administratives et de leur role dans les années 50, 60 et 70, c’est à dire au commencement de la SV. En conclusion, oui, le sujet est et restera pour encore un moment un grand sujet.

    Bien sûr ma réaction est moins importante que l’origine de ces posts: la Russie veut être plus innovante et a commandé une étude qui fait le bilan de quelques clusters high-tech. Le résultat est le rapport suivant: Yaroslavl Roadmap 10-15-20 (format pdf).

    Rien de réellement nouveau dans ce rapport (surtout pour les experts de l’innovation), mais une très bonne analyse des USA, Israël, Finlande, Inde et Taiwan qui ont essayé, parfois réussi et souvent échoué. Les descriptions historiques, chronologiques sont riches en leçons. J’ai eu cette légère impression toutefois d’une plus grande importance accordée à l’infrastructure qu’à la culture. C’est mon biais habituel qui ressurgit! Il est bien sûr question de culture, mais les auteurs ont sans doute conscience que c’est l’ingrédient le plus difficile à inclure ou à créer dans le système. Si vous aimez le sujet, vous devriez télécharger et lire ce rapport et bâtir votre propre opinion.

    Le rôle d’un mentor

    J’ai lu récemment un autre post de Fred Wilson sur le rôle des mentors, The CEO Mentor and Coach. Comme toujours, ses posts et les nombreux commentaires qui suivent sont intéressants. J’ajoute simplement une des plus belles descriptions de mentor que j’ai lues. Il s’agit de ce que Robert Noyce représentait pour Steve Jobs. Vous pourrez trouver tout le contenu dans le livre The Man Behind the Microchip de Leslie Berlin ou dans un compte-rendu qu’elle en a fait pour le Computer History Museum (fichier pdf – 6MB).

    Voici donc ce qui est dit!

    «Bob Noyce m’a pris sous son aile. J’étais jeune, dans ma vingtaine. Il était dans la cinquantaine. Il a essayé de me donner la configuration du terrain, de me donner un point de vue que je ne pouvais comprendre que partiellement. Vous ne pouvez pas vraiment comprendre ce qui se passe maintenant que si vous comprenez ce qui a précédé

    « Quand Noyce a quitté la gestion quotidienne chez Intel en 1975, il tourna son attention vers la prochaine génération d’entrepreneurs high-tech. Voilà comment il a rencontré Jobs. » Noyce était pas attiré d’abord par le style hippie, « mais au fil du temps, ses sentiments au sujet d’Apple ont commencé à changer. Cela est dû, dans une large mesure, à Steve Jobs, qui a délibérément cherché Noyce comme mentor. (Jobs a également demandé Jerry Sanders et Andy Grove, s’il pouvait les prendre à déjeuner tous les trimestres et « utiliser votre matière grise »). « Steve apparaissait régulièrement à la maison sur sa moto » se rappelle Ann Bowers [l’épouse de Noyce] « Rapidement, ils disparaissaient dans le sous-sol, et discutaient projets. »

    « Noyce répondait aux appels téléphoniques de Jobs – qui, invariablement, commençaient avec « J’ai réfléchi à ce que vous avez dit » ou « J’ai une idée » – même quand ces appels avaient lieu à minuit. À un certain moment, il confia à Bowers, « Si il appelle encore en retard, je vais le tuer », mais à chaque fois, il répondait au téléphone.

    « Jobs admet que sa relation était presque plus filiale que professionnelle. « Les choses dont je me souviens de Bob sont des choses personnelles. Je me souviens qu’il m’a appris à mieux skier. Et il était très intéressé par – fasciné par – l’ordinateur personnel, et nous avons beaucoup parlé de cela. »

    Les Super Angels

    Je rentre de vacances pour découvrir que le monde a changé! Avant ma coupure estivale, il y avait les business angels qui investissaient dans le premier tour jusque $1M environ et les VCs qui n’investissaient que rarement moins de $1-2M, et de plus en plus à partir du deuxième tour. Mais la frontière est devenue floue: il y a maintenant les « seed VCs » (dont Index seed est un dernier en date) et les Super Angels qui se font la compétition sur les mêmes territoires.

    Si vous voulez en savoir plus vous trouverez de nombreux articles, essentiellement en anglais:

    VCs et super Angels: la guerre pour les entrepreneurs qui est en fait la traduction de

    VCs And Super Angels: The War For The Entrepreneur de Techcrunch.

    Why Micro-VCs Are So Damn Friendly de Xconomy.

    ‘Super Angels’ Alight du WSJ.

    Micro VCs Are all BFFs… Forever? par David Beisel.

    Tout cela n’est pas si nouveau puisque Business Week relevait le phénomène dès mai 2009: ‘Super Angels’ Shake Up Venture Capital.

    Et je ne dois pas oublier le blog de Fred Destin grâce à qui j’ai découvert tout cela: Super Angels, Lean VCs, Proto-Incubators, whatever. Focus on social contract. Il a aussi publié un post sur les European SuperAngels.

    Alors tout cela est-il si révolutionnaire? Je ne suis pas trop convaincu, mais je suis peut-être si loin de ce monde que j’ai manqué ce changement. Ou bien le monde high-tech et du VC est dans une telle crise qu’il cherche de nouveaux modèles. Pourtant, il y a toujours eu de gros business angels, tels que Arthur Rock pour Intel et Apple, Andy Bechtolsheim pour Google et Magma, et Sequoia a financé Yahoo dès le début, alors quoi?

    Il est vrai que les VCs ont des fonds de taille considérable, qui atteignent le milliard et investir mois de $1M devient un casse-tête, mais ils ont compris la faiblesse du modèle et ils reviennent au seed. Les entrepreneurs croient que les anges sont plus sympathiques, mais relisez mes posts sur la Tesla story ou sur Elon Musk.

    Enfin, il y a des arguments intéressants comme le fait que les start-up dans le logiciel et l’internet ont moins besoin de capitaux que les start-up classiques et que ces entrepreneurs souhaitent se vendre à
    Google pour $25M, ce qui n’est pas si mal, et du coup, ils n’ont peut-être plus besoin des VCs classiques. Au risque que la Silicon Valley ne produise plus de sociétés comme Google ou Apple. Alors il ne s’agit sans doute que d’un retour vers le futur…

    Pourquoi la Silicon Valley nous botte le c..

    Un post de Loic Lemeur sur la Silicon Valley ne dit rien d’autre que ce que je dis ici régulièrement. Mais il a la visibilité, la crédibilité et l’expérience des deux continents, ce qui rend son message convaincant.

    Et voici donc ce qu’il dit:
    – la raison principale est le temps que nous passons à déjeuner (c.a.d. sentiment d’urgence)
    – tout le monde dans une seule région (c.a.d. la masse critique)
    – qui ressemble à un campus (c.a.d. connections, jeunesse, soleil, dynamisme)
    – le business a lieu 24/7 même quand on ne s’y attend pas (c.a.d. obsession)
    – seed funding et VCs (c.a.d. l’argent qui finance)
    – flexible (c.a.d. tout change vite)
    – l’esprit « qu’est-ce que je peux faire pour aider » (c.a.d. ouvert et concret)
    – facile d’obtenir un rdv (c.a.d. ouvert à nouveau)
    – on vous fait confiance a priori (c.a.d. toujours la même attitude ouverte)
    – diversité (c.a.d. que oui la diversité peut fonctionner )
    – presse et bloggers (c.a.d. une culture favorable à la technologie)
    – les Européens commencent local (c.a.d. pas global)
    – trop de copy / paste en Europe (c.a.d. pas de vraies innovations ?)
    – les Européens recrutent local (c.a.d. un défi de recruter global)
    – Think in English (c.a.d. une difficulté assez subtile de communication)
    – vous pouvez y arriver (c.a.d. confiance en soi et en les autres – « empowerment », souvenez-vous de recruter toujours meilleur que vous-même)
    – vouloir devenir numero 1 (c.a.d. ambition)
    – focalisation sur l’implémentation, les idées comptent moins (c.a.d. orienté action)
    – réunir une communauté d’utilisateurs et itérer (c.a.d. appendre en faisant, par essais et erreurs)
    – croire en vous (c.a.d. …)

    Tout cela pourra sembler évident à nombre d’entre vous, et j’ai pourtant l’impression de me battre trop souvent sur le sujet (voyez par exemple mon post précédent!)

    Vous pouvez donc comparer tout cela à la synthèse que je fais lors de mes interventions sur la Silicon Valley. Pas de frustration, si ce ce n’est qu’il faut répéter tout cela inlassablement, et parfois trop souvent!

    Croissance et profits

    Je vais faire comme je fais parfois, juste mentionner ici un post en Anglais: High Growth and Profits, que je n’ai pas le courage de traduire entièrement. J’y parle de croissance, de profits comme deux domaines qui seraient contradictoires au début des start-ups, j’y parle de mon retour à la recherche académique à travers la conférence Babson où Ernesto Bertarelli et Nicolas Hayek ont été deux intervenants passionnants.

    Bertarelli a parlé de
    passion, fire and love,
    team,
    vision,
    taking chances,
    risk of failing is OK
    donc de valeurs!

    Quant à Hayek, il a parlé de l’importance des créateurs plus que des managers.

    Enfin, j’y parle de mon débat avec d’autres chercheurs qui privilégient les profits sur la croissance, chose qui est peut-être valable pour les PMEs, mais peut-être pas pour les start-ups high-tech, du moins à leurs débuts…

    Plus ici