Archives de catégorie : Donnée Start-up

Europe et Etats-Unis: la croissance en IT et biotech

Voici un exercice que j’aime faire lorsque je commence à parler d’entrepreneuriat high-tech. Donnez moi dix noms de grands succès, par exemple dix sociétés cotées en bourse et fondées il y a moins de 40 ans. Il est assez facile de trouver des sociétés américaines, plus difficiles de trouver des européennes. Voici donc deux tableaux, l’un pour l’IT (technologies de l’information), l’autre pour la biotech.

J’avais fait l’exercice en 2007 mais depuis Sun Microsystems et Business Objects ont disparu. J’ajoute ici les revenus et les bénéfices des sociétés en plus des capitalisations boursières et des emplois.

Ce qui est frappant, je crois, au delà des ordres de grandeurs, est la durée entre année de création et entrée en bourse. La biotech est légèrement différente, mais je ne suis pas sûr que cela soit fondamentalement différent… Ainsi, on notera que la durée création-IPO est bien plus similaire entre les deux continents que pour l’IT.

Une brève histoire de Google

Il s’agissait du premier chapitre de mon livre! Je n’ai pas de secret à révéler sur Google si ce n’est ma brève mésaventure lorsqu’il fallut que j’obtienne l’autorisation de leurs gens pour le logo Start-Up que j’utilise pour ce blog. Ils me dirent oui, puis non, puis finalement oui, mais le livre était édité. J’ai aussi échoué dans ma tentative de leur vendre un brevet car ils affirmèrent n’acheter que des start-up, pas des brevets!

J’avais tout de même tellement lu de choses sur cette start-up que j’avais assez de matériau pour le premier chapitre de mon livre mais aussi pour des présentations que j’ai souvent faites à des étudiants, à des entrepreneurs et à toute personne intéressée par l’entrepreneuriat high-tech et Google en particulier. Donc après ces quelques années, j’ai pensé qu’il était temps de mettre en ligne la Google Story (en anglais, désolé!) que vous trouverez intéressante, je l’espère.

Licences et start-up universitaires

Il est un débat passionné et semble-t-il sans solution: que peut demander une université à une start-up en échange d’une licence de la propriété intellectuelle générée dans ses murs? Il y a la célèbre comparaison entre Google et Yahoo. Google est une spin-off officielle de Stanford et l’université aura gagné $336M en vendant les actions qu’elle possédait alors que Yahoo était considéré comme un hobby des fondateurs si bien qu’aucune propriété intellectuelle n’appartenait à Stanford. Toutefois, l’un des fondateurs de Yahoo a fait un don de $75M à son Alma Mater.

Y a-t-il donc une licence standard entre université et start-up? La réponse est loin d’être claire mais le pdf joint (en anglais) sera peut-être utile. J’ai fait quelques recherches sur le web et j’ai trouvé quelques données, essentiellement américaines. J’ai aussi essayé de trouver les arguments pour et contre de telles licences. Le débat reste ouvert et je ne crois pas à un accord général à court terme. J’espère que la contribution sera utile.

Survie ou échec – quel succès?

L’échec et le succès sont des mots qui reviennent souvent dans le monde des start-up. C’est même un débat parfois houleux qui revient lorsqu’il est question de survivre longtemps ou d’échouer rapidement. Alors au-delà du débat qui a son mérite car il est difficile de juger, de comparer des croissances lentes et contrôlées, voire en mode survie, et des stratégies risquées de croissance forte au risque de faire face à un échec rapide, voici quelques chiffres qui, je l’espère, contribueront à la réflexion.

Je dois dire que ma motivation vient d’un rapport publié par ETHZ (l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich) sur ses start-up, The performance of Spin-off companies at the Swiss Federal Institute of Technology Zurich. Un taux de survie de 90% environ après cinq ans y était mis en avant. Mais au fait, quels sont les taux de survie habituels dans le monde de l’entreprise? je suis allé sur les sites américain et suisse de statistique et la figure qui suit montre les taux des deux pays pour l’ensemble des entreprises:

Dans la haute technologie, les taux semblent plus élevés. les auteurs du rapport que je cite plus haut donnent des chiffres qui montrent des taux de survie de 70 à 90% après cinq ans selon les lieux. Zunfu Zhang dans son remarquable « High-Tech Start-Ups and Industry Dynamics in Silicon Valley » (en date de 2003 ) publiait la courbe suivante:

Les taux de survie après cinq ans y étaient de 76% pour les « non-service firms » et de 72% pour les « service firms ». Les auteurs du rapport zurichois émettaient d’ailleurs le commentaire suivant: « le faible taux de survie aux Etats Unis – où certaines des spin-offs universitaires les plus célèbres ont été créées – pose toutefois la question de savoir si un fort taux de survie est en fait désirable et si une focalisation trop forte sur la survie des spin-offs n’élimine pas certaines des spin-offs les plus prometteuses qui pourraient sembler a priori moins prometteuses ou trop risquées. »

Pour terminer ma contribution, je ne peux m’empêcher de reprendre une citation de mon livre:

Et d’expliquer en note de bas de page, le dicton qui se prononcerait « Shi Bai Nai Cheng Gong Zhi Mu » signifie « l’échec est la mère du succès ». La citation de T. J. Rogers, fondateur de Cypress et autre icône de la Silicon Valley « failure is a prerequisite to success » aurait tout aussi bien pu être mise en exergue. Un étudiant chinois, Jie Wu, me fit remarquer la similarité avec ce dicton chinois ; qu’il en soit remercié. Il est intéressant de terminer [ce post] avec une citation qui montre que l’état d’esprit de la Silicon Valley peut se développer aussi ailleurs. Ce qu’il est important de comprendre est que l’échec n’est pas négatif mais qu’il faut avant tout essayer.

Gazelles et gorilles – épisode 2

Comme suite à mon post du 19 avril, Gazelles et Gorilles – la croissance des start-up, je me suis repongé dans le chapitre 8 de mon livre où je comparais croissance des gorilles européens et américains. Je n’avais pas alors calculé la croissance sur 5 ans ou 10 ans de ces sociétés très dynamiques. La table qui suit vous donne les résultats d’un petit travail que j’ai fait ce matin. Il n’est plus question de gazelles (croissance de 20%), mais de gazelles super-rapides!

Il semble que les gorilles aient des croissances de 100% sur 5 ou 10 ans, c’est à dire qu’ils doublent leurs ventes chaque anéée sur une durée très longue… Maintenant la croissance n’est jamais un long fleuve tranquille (demandez à Steve Jobs ce qu’il en pense!). J’ai donc ajouter les détails des croissances annuelles dans les tableaux suivants. Il y a pas mal de roller coasters!

Gazelles et Gorilles – la croissance des start-up

Depuis mon intérêt pour les start-up, c’est à dire depuis 1997 environ, j’ai toujours été intrigué par l’impact macroéconomique de ce type de sociétés, c’est à dire les sociétés à forte croissance, en général high-tech. On connait l’importance des Intel, Apple, Microsoft, Cisco, Yahoo et autres Google mais quel est-il au niveaux des économies globales.

De manière surprenante, le sujet n’est pas si bien connu qu’on pourrait croire. J’ai lu ces jours-ci quelques études récentes que vous pourrez trouver plus bas si vous êtes intéressé. La fondation Kauffman que j’ai déjà mentionnée sur ce blog publie d’excellentes choses et en particulier son expert Dane Strangler. Il est l’auteur de High-Growth Firms and the Future of the American Economy et de Exploring Firm Formation: Why is the Number of New Firms Constant? ainsi que de Where Will The Jobs Come From?

Grâce à son travail, j’ai pris aussi connaissance de travaux plus anciens, tels que Gazelles as Job Creators – A Survey and Interpretation of the Evidence and High-Impact Firms: Gazelles Revisited , tous les deux publiés en 2008.Enfin les Britanniques ont aussi leur étude, High growth firms in the UK: Lessons from an analysis of comparative UK performance. Ce dernier document est intéressant car il ne considère pas que les gazelles, autrement dit les sociétés de croissance, mais aussi les gorilles, les sociétés de croissance jeunes, c’est à dire qui ont cru rapidement en moins de 10 ou 15 ans.

Les premières réponses à ces questions furent fournies en 1981 par David Birch qui montra les grandes entreprises ne sont plus les créateurs de nouveaux emplois. Mais même à ce jour, la réponse à ces questions n’est pas très simple. En totu cas, il m’a fallu plus de temps que je n’aurais pensé pour me faire une idée que je vais essayer de partager ici avec vous. Par exemple, le tableau qui suit montre la création d’emplois aux USA par taille d’entreprises. Je fournis les chiffres sans garantie car je les ai rapidement compilé à partir de plusieurs sources, mais essentiellement de High-Impact Firms: Gazelles Revisited

Qu’est-ce que cela signifie? Premièrement, les « high impact firms » contribuent à l’essentiel des créations d’emplois. les « high impact firms » sont les sociétés qui croissent à plus de 20% par an (en emplois et en chiffres d’affaires*), les sociétés à forte croissance. Comme vous pouvez le constater, les « low-impact firms » créent aussi des emplois, mais seulement les PMEs (les petites et moyennes entreprises). Cela explique ce quasi-mythe autour de l’importance des PMEs de croissance.

Mais il y a là une simplification. Les « high-impact firms » ne sont pas que des PMEs et toutes ces études montrent de plus qu’

– elles ne sont pas jeunes, elles ont en moyenne 25 ans,

– elles ne sont pas nécessairement high-tech, on les trouve dans tous les secteurs de l’économie,

– elles ne sont que minoritairement financées par le capital-risque. ceci devient évident quand on sait que ces « high impact firms » sont environ 300 000 aux USA alors que les VCs ne financent que quelque milliers de sociétés par an…

Plus sur les gazelles ici. Et maintenant, qu’en est-il des gorilles? les gorilles sont des sociétés de croissance et jeunes. Le rapport britannique ci-dessus, leur donne un âge de 10 ou 15 ans. je me souviens aussi que Geoffrey Moore les définit comme les leaders de leur marché. mais assez peu est connu sur les gorilles. Ce rapport anglais indique qu’il n’y a pas eu de gorille récent au Royaume Uni alors que Yahoo, eBay, Amazon, Yahoo et Google sont Gorilles américains.

Dane Strangler dans son rapport fournit d’autres données intéressantes. Il ne décrit pas les gorilles à strictement parlé, mais il en est sans doute assez proche:

– Dans une année donnée, le pour-cent le plus performant 1 percent des jeunes sociétés crée environ 40% des nouveaux emplois.
– les jeunes sociétés de croissance, environ 1 percent de toutes les sociétés, créent environ 10% percent des nouveaux emplois d’une année donnée.

Plutôt impressionnant! Bien, je n’ai pas toutes les réponses que je souhaiterais avoir, mais je sais que les gazelles (environ 5-6% des sociétés américaines) sont importantes et que les gorilles (1% des sociétés) le sont peut-être encore plus. En définitive, ce qu’est l’impact de la high-tech et du capital est uen autre (mais intéressante) histoire!

*: La croissance en terme d’emplois est plus complexe que le chiffre de 20%… les experts emploient le « Employment Growth Quantifier » (EGQ), c’est à dire le produit des changements absolu et relatif (en pourcentage) en emplois sur une période de quatre ans et le prennent supérieur à 2 pour « high impact » … Une augmentation de 20% des ventes correspond aussi à un facteur 2 sur quatre ans.

A123, Boston et Atlas

Je viens de rencontrer Fred Destin dans le très beau Rolex Learning Center de EPFL. Nous avons tous les deux une passion pour les entrepreneurs et l’architecture!

Fred m’a dit qu’il aimait mes tables de capitalisation (pour mémoire skype, mysql, Kelkoo, Synospsys, Genentech, Adobe ou le document général.

Voici donc un petit cadeau pour Fred qui quitte l’Europe pour le bureau d’Atlas à Boston: la capitalisation de A123 Systems, spin-off du MIT, qui a fait son entrée au Nasdaq en Septembre dernier.

J’ai conscience que les images ne sont pas de super qualité mais vous pouvez cliquer dessus et aussi me demande le fichier excel.

Les Bons Vieux Jours

Deux articles on attiré mon attention ces derniers jours. L’un est intitulé Frank Quattrone, Star Banker of Technology Ventures, Talks Wistfully of the Good Old Days—Before Netscape’s IPO.

L’autre est moins nostalgique et je vous passe la traduction du titre du site, que je trouve amusante: You’re in Deep Chip Now.

En voici le contenu:

Je ne vais pas commenter cette info, mais je reviens brièvement sur Quattrone. Quattrone était une des stars du monde des IPOs comme vous pourrez le lire sur ce post de Xconomy. Ce qui est frappant est que depuis 8 ans, depuis l’éclatement de la bulle internet, il y a (beaucoup) moins de capital-risque et d’IPOs. Les causes en sont multiples. Mais la question principale est pour moi la suivante: faisons-nous face à une crise majeure de l’innovation? Les années 60 avaient donné le transistor et l’industrie du semiconducteur date de ces années-là, puis vint l’ordinateur dans les années 70, le PC dans les années 80, puis l’Internet et les communications mobiles dans les années 90. Mais que nous ont donné les années 2000? Sans parler de la décennie à venir… je n’ai pas de réponse. Et vous?

Un européen dans la Silicon Valley, Aart de Geus

Voici ma quatrième contribution à Créateurs, la newsletter genevoise, qui m’a demandé d’écrire une série de courts articles sur des start-up célèbres et leurs fondateurs. Après Femmes Entrepreneurs, Adobe et Genentech, voici donc un article sur Aart de Geus, fondateur de Synopsys.

Aart de Geus est né aux Pays-Bas en 1954. A l’âge de 4 ans, il arrive avec ses parents en Suisse romande et en 1978, il reçoit son diplôme de l’EPFL. Il quitte ensuite la Suisse pour les Etats Unis où il obtient son PhD au Texas. Après quelques années chez General Electric (GE), il fonde Synopsys en 1986, lève $15M de capital-risque avant que Synopsys n’entre en bourse en 1994. En 2008, Synopsys compte plus de 5’600 employés, des ventes de $1.3 milliard et une capitalisation boursière de $3 milliards.

Selon lui, « tout européen qui va en Amérique du Nord est en quête ». Lorsqu’il arrive aux Etats-Unis, il considère que sa grande chance fut de se trouver un mentor. Ron Rohrer, son directeur de thèse, « m’a donné la latitude de faire ce que je voulais. » Il apprit à gérer une équipe d’étudiants, un savoir faire qu’il transformera en style de management. « Les membres d’une équipe s’appuient les uns sur les autres, il y a un rôle spécifique pour chacun, ce qui contribue à cet écosystème qui s’entretient de lui-même ». Chance autant que destin, reconnait-il.

Il montre la difficulté de prédire l’avenir dans les hautes technologies par une autre anecdote. « En 1978, j’assistai à une conférence en Suisse qui réunissait les leaders de la microélectronique. Ils étaient tombés d’accord sur deux choses. Point no1, l’électronique allait devenir une industrie majeure. Point no2, passer la barrière du micron serait le défi majeur de cette industrie émergente. Et ce sont les mêmes personnes qui firent ces prédictions qui, 20 ans plus tard, travaillent à 22 nanomètres (0,02 micron) », ajoute-t-il en riant. « La morale de tout ceci est qu’à chaque fois que l’on prédit la fin de quelque chose en high-tech, il y aura toujours un tournant ou une nouvelle perspective qui permettra un nouveau progrès. »


Aart de Geus, un entrepreneur né ?

L’art de la métamorphose…

Il est un adepte de la complexité et de la métamorphose. Tout compte et tout change. Aux débuts d’une start-up, ce sont les idées et les personnes qui comptent. « Je travaillais chez GE et j’ai du me poser une question éthique : pouvais-je développer mes idées dans une start-up. Après tout, il s’agissait de leur propriété intellectuelle. » La réponse fut trouvée en posant la question à sa hiérarchie. GE lui donna non seulement l’autorisation, mais investit dans la start-up. L’argent et les valeurs sont deux autres ingrédients essentiels dès le début.

Mais bientôt il s’agit de transformer le bébé. L’adolescence va passer par les produits, les clients, les ventes. Se sent-il chanceux d’avoir réussi à passer cette crise ? « La chance sourit à ceux qui sont préparés. Il y a une combinaison fortuite de géographie, de personnes (étudiants, managers), de modèle d’affaires viable et de marketing adapté sans oublier de disposer de la bonne technologie au bon moment. »


De retour à l’EFPL en 2007.

… au risque de la fossilisation !

L’âge adulte passe par la mise en place de processus, de managers expérimentés, mais il faudra avoir passer ces tempêtes adolescentes si bien décrites par Geoffrey Moore dans « Inside the Tornado ». Il résume ces métamorphoses continues par la capacité à gérer en parallèle les équipes, les clients, les investisseurs, les produits, leurs cycles de vie, mais aussi les managers, la direction, l’implémentation. Toutes ces choses sont interdépendantes et on fait souvent l’erreur de le négliger. Dans la présentation qu’il fit à l’EPFL en 2007, il présenta la liste des acquisitions faites par Synopsys depuis sa fondation sous la forme animalesque montrée ici. Le sens de l’humour est peut-être un ingrédient utile. Sens de l’humour qui cache l’humilité de celui qui a réussi sans donner de leçons. S’il y a une leçon à retenir, c’est qu’il faut essayer, être curieux et s’adapter. Le succès sera peut-être sur le chemin.

Pour finir, les habituels table de capitalisation et camemberts

Références :
-Aart de Geus à l’EPFL (vpiv.epfl.ch)
-Peggy Aycinena (www.eetimes.com)
The Aart of Analogy is alive and well at Synopsys -2001
The Aart of Analogy Revisited -2009

Prochain article: Un Suisse dans la Silicon Valley

Fondateur isolé, fondateur sans expérience

Deux posts récents reviennent sur le sujet du fondateur. Kevin Vogelsand décrit son expérience d’entrepreneur sans expérience, directement à la fin de ses études dans On Founding a Company Fresh Out of College. Olivier Ezratty s’intéresse, lui, au cas difficile de l’entrepreneur isolé. Les deux sujets me tiennent bien sûr à cœur et je vous invite à les lire.

J’en profite aussi pour soumettre à votre réflexion le tableau suivant:

Ezratty aborde aussi le sujet important du partage d’equity entre fondateurs que j’avais abordé dans un post passé. Il y est mentionné un article de Paul Graham que je ne connaissais pas: The Equity Equation.