Archives de catégorie : Donnée Start-up

Biocartis, la start-up à succès (presque) suisse.

Biocartis aurait pu être une réussite suisse, mais la société est maintenant basée en Belgique. Probablement pas une décision des investisseurs (ce à quoi on pense en général quand une start-up déménage), mais plutôt de l’équipe de management. Un des fondateurs est belge et c’est un entrepreneur en série impressionnant: Rudi Pauwels. Voici ce que vous pouvez lire dans le document IPO:

BiocartisHistory

Pourtant les chiffres sont intéressants. La société a levé plus de €200M avant son introduction en bourse de €100M cette semaine. Malgré ces énormes montants, les fondateurs ont gardé environ 5% de la société. Son prospectus d’IPO est disponible sur le site Web de la société. Elle a signé des accords avec Philips, Hitachi, Biomérieux, Abbott, Janssen et Johnson & Johnson et compte Debiopharm, basée en Suisse, parmi ses actionnaires. Voici mon tableau de capitalisation habituel:

BiocartisCapTable
(cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Une nouvelle start-up à un milliard créée par de jeunes fondateurs? Sauf qu’ils ont quitté Etsy…

Etsy est l’annonce d’introduction en bourse la plus récente à ce jour. C’est un site d’e-commerce bien connu, basé à New-York, financé par Caterina Fake, Stewart Butterfield, Joshua Schachter & Union Square Ventures (Albert Wenger et Fred Wilson) à ses débuts, puis par Accel Partners, Index Ventures et Global Tiger, avec plus de 100M$ amassés vant l’introduction en bourse.

Les trois fondateurs (Robert Kalin, Chris Maguire, Haim Schoppik) ont diplômés de l’Université de New York vers 2005, juste avant la création de leur start-up, alors qu’il devaient avoir 25 ans environ. Mais il n’y a pas d’info sur eux dans le document S-1. Kalin a été PDG jusqu’en juillet 2008 (revint entre décembre 2009 et juillet 2011). Nombre d’employés et les co-fondateurs Maguire (développement de logiciels) et Schoppik (CTO) sont partis en août 2008.

Etsy-founders
Les fondateurs: Robert Kalin, Chris Maguire, Haim Schoppik

et mon habituelle table de capitalisation. Intéressant de vérifier ce que sera la valeur à l’IPO…
Etsy-captable
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Quelques sorties récentes dans la biotech suisse montrent des caractéristiques intéressantes

Au cours des 12 derniers mois, trois start-up de la région de Zurich ont connu une sortie. Molecular Partners est devenue publique sur la bourse suisse (voir mon post du 21 novembre) et deux autres start-up ont été acquises, Covagen par Janssen (voir le communiqué e presse d’août 2014) et GlycoVaxyn par GSK (communiqué e presse de février 2015), à chaque fois pour environ CHF200M. J’aavais déjà écrit un billet intitulé le dilemme des fondateurs suisses en décembre 2013. Mais je n’avais pas à l’époque publié de tables de capitalisation individuelle. Ici, elles y sont.

EquityTable-Covagen
Table de capitalisation de Covagen – cliquez sur l’image pour agrandir

EquityTable-GlycoVaxyn
Table de capitalisation de GlycoVaxyn – cliquez sur l’image pour agrandir

Le tableau suivant compare quelques caractéristiques intéressantes telles que les niveaux d’investissements et de dilution:
SwissBiotechDataFeatures
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J’aurais pu ajouter la part des universités qui était dans la gamme de 5-8% à l’incorporation avant d’être atteindre des niveaux de 0.2 à 1.8% à la sortie. Un autre point intéressant est que l’introduction en bourse semble induire moins de dilution et plus de création de valeur que le M&A.

La préférence de liquidation est une autre caractéristique intéressante. Le cas GlycoVaxyn montre un mécanisme complexe. Malgré la complexité du mécanisme et parce que le prix d’acquisition était beaucoup plus élevé que le montant investi par les VCs, les résultats sont semblables à ce qu’aurait donné une répartition proportionnelle.

J’ai ajouté ces tableaux et quelques autres à ma synthèse régulière. La voici:

En Suisse romande, l’EPFL a connu quelques sorties dans les 2 dernières années : Jilion, Sensima, Aïmago, Composyt. Intéressant de noter que les valeurs de sortie étaient plus faibles et les VCs inexistants. Mais les VCs ont été actifs aussi dans les 5 dernières années. Espérons que certains jolis résultats vont se produire dans un avenir proche …

Célébrons une (trop rare) IPO suisse: Molecular Partners

J’aurais pu dire: célébrons une (trop rare) IPO européenne. Molecular Partners est une spin-off de l’université de Zurich fondée par le Professeur Andreas Plückthun, Christian Zahnd, Michael Stumpp, Patrik Forrer, Kaspar Binz et Martin Kawe en 2004. Elle a été financée par des investisseurs privés: un premier tour de CHF18.5M en 2007 et un second tour de CHF38M en 2009. Elle a aussi signé un grand nombre d’accords avec des sociétés pharmaceutiques, ce qui explique des revenus élevés pour une biotech. L’université de Zurich en est aussi actionnaire depuis un accord de licence signé en 2004, grâce auquel elle touche aussi des royalties.

Molecular-CapTable
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Il est intéressant je crois d’illustrer l’évolution de l’actionnariat en fonction des financements successifs, dont l’IPO qui a apporté une centaine de millions à Molecular.

Molecular-Dilution
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J’aime aussi mentionner l’âge des fondateurs. Le document d’entrée en bourse fournit des données et j’ai estimé les autres à partir du parcours académique (18 ans pour une entrée à l’université…) Une moyenne de 33 ans avec un écart de 20 ans entre les extrêmes. Je sais que l’argent reste un tabou; les Européens n’aiment pas afficher des fortunes, qui restent très théoriques, car on ne vend pas ses actions dans une biotech aussi facilement qu’en employé de Facebook… Pourtant il me semble important de célébrer le succès des fondateurs et de leurs investisseurs… Bravo à tous!

Molecular-Founders-Age

Zalando prépare son entrée en bourse

Zalando, l’une des start-up européennes les plus visibles doit devenir une société cotée le 1er Octobre en Allemagne. Ce n’est pas tant les chiffres que j’ai trouvé d’intérêt, mais combien il m’a été difficile de les obtenir. Comme d’habitude, l’Europe montre moins de transparence. Trouver le prospectus n’a pas été facile, et je ne suis pas sûr que j’aurais pu le trouver sans prétendre que je vis à Berlin. Et encore, je n’ai aucune idée de combien la société a levé, à quel prix et quand. Ce n’est pas dans le prospectus. J’ai juste toutes les dates des augmentations de capital et le nombre d’actions, cela n’aide pas beaucoup.

zalandoguys
Rubin Ritter, David Schneider et Robert Gentz

J’ai quand même pu construire ma table de capitalisation habituelle et voici ce que cela donne.

zalando-captable

zalando-capital-increase

L’actionnariait de 305 start-up high-tech avec les parts des fondateurs, employés and investisseurs

Je compile régulièrement des données sur les start-up, notamment l’actionnariat des fondateurs, employés et investisseurs ainsi que la taille des tours de financements. Cette mise à jour contient 305 start-up qui sont allées en bourse (ou en ont eu l’intention en déposant un dossier) ou qui furent des acquisitions connues.

La première start-up à 1000 milliards de dollars

Merci à mon ami Jean-Jacques pour m’avoir mentionné ce joli article historique sur les débuts de la Silicon Valley. D’après The First Trillion-Dollar Startup, « mesurée en dollars d’aujourd’hui », Fairchild pourrait être considérée comme « la première start-up ayant valu 1000 milliards de dollars ». Je vous laisse découvrir l’article et ne vais pas revenir en détail sur une histoire que j’ai traitée dans Les pères de la Silicon Valley: les 8 Traitres

Les auteurs montrent entre autres que la Silicon Valley n’existait pas en 1957. Aucune entreprise active dans le semiconducteur n’y était basée car la côte Est était encore le centre de la high-tech. Mais les fondateurs de Fairchild sont directement ou indirectement à l’origine de 92 entreprises de la Silicon Valley, cotées aujourd’hui au Nasdaq ou au NYSE, valant plus de 2’000 milliards de dollars et employant plus de 800’000 personnes.

Voici une jolie illustration de leur étude,
endeavor-insight-sv-2-retina
mais j’aime toujours autant celle-ci, célèbre poster créé par l’auteur du terme Silicon Valley, que j’ai scanné il y a quelques années,
l’image qui suit est extraite de la précédente, (à gauche et à mi-hauteur – correspondant à 1957)

HDSVBSV
Le rapport complet se télécharge au format pdf et te trouve intéressantes leurs trois leçons:
1- Les grandes entreprises peuvent se développer dans des environnements improbables et difficiles.
2- Quelques entrepreneurs peuvent avoir un grand impact.
3- Il existe un modèle de réussite que les leaders peuvent amplifier: ambition, croissance, engagement, réinvestissement.
HDSVBSV-acceleration

La (triste) situation des entrées en bourse technologiques à Paris

Je viens de lire un excellent article dans le Journal Le Monde: Les investisseurs se lassent des introductions en Bourse.
LeMonde-July14

La première lecture pourrait laisser entrevoir des nouvelles positives, comme le montre les graphiques qui suivent:
LeMonde-FrenchIPOs-2
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LeMonde-FrenchIPOs-3
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LeMonde-FrenchIPOs-1
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J’ai regardé plus en détails les documents d’entrée en bourse de 11 d’entre elles. Pour référence, les 11 sociétés étudiées:
Ask http://www.ask-rfid.com
Awox http://www.awox.com
Crossject http://www.crossject.com
Fermentalg http://www.fermentalg.com
Genomic Vision http://www.genomicvision.com
Genticel http://www.genticel.com
Mcphy energy http://www.mcphy.com
Supersonic Imagine http://www.supersonicimagine.fr
Txcell http://www.txcell.com
Viadeo http://fr.viadeo.com/fr/
Visiativ http://www.visiativ.com
et je vous laisse découvrir ici les 11 tables de capitalisation.

Je vous montre ici les deux plus gros succès Supersonic et Viadeo:

Supersonic-captable
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Viadeo-captable
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Pourquoi ai-je ressenti le besoin d’employer le terme « triste » situation? Parce que:
– les valorisations ne dépassent pas les €200M,
– les montants levés en bourse ne dépassent pas les €50M
Avec de tels chiffres ni les entrepreneurs ni les investisseurs ne peuvent tenir la comparaison avec leurs homologues américains. (Je vous renvoie à ma synthèse des IPOs américaines, si vous n’êtes pas convaincus).

Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, je vous renvoie à un excellent débat sur France Culture avec notamment Oussama Ammar, le fondateur de The Family: La France est-elle le paradis ou l’enfer des start-up ? Oussama Ammar y décrit les faiblesses historiques du système français, la trop grande intervention publique, les IPOs (comme celles de Viadeo justement) qui sont si faibles qu’elles n’auraient pas lieu aux USA (alors qu’une start-up française comme Criteo a pu, elle, entrer au Nasdaq). Il y aurait beaucoup à dire à partir de ces 11 IPOS, mais je vous laisse réfléchir à ce qu’elles signifient…

Quelques caractéristiques des innovations / innovateurs de rupture

Mon ami Jean-Jacques (merci :-)) m’a envoyé un lien sur le CNBC Disruptor 50, une liste de 50 « entreprises privées dans 27 industries – de l’aérospatiale aux logiciels d’entreprise ou à la vente au détail – dont les innovations sont en train de révolutionner le monde des affaires ». On pourrait critiquer la méthode, les industries, ce qui du domaine de la rupture et ce qui ne l’est pas, mais la liste est en soi intéressante. Et j’ai fait quelques analyses rapides. (Je veux dire par rapide une analyse discutable de l’âge de fondateurs sur la base des données disponibles – leur âge ou l’année de leur bachelor – mon analyse complète est disponible à la fin du post)

cnbc-disruptors

J’ai trouvé ce qui suit:
– les innovateurs dans la rupture sont jeunes (33 ans),
– ils lèvent beaucoup d’argent: plus de 200 millions de dollars!
– Et oui, ils sont pour la plupart basés dans la Silicon Valley

Disruptor50-stats

Les innovateurs dans la rupture sont jeunes

L’âge moyen des fondateurs est 33 ans (alors que l’âge de fondateurs de start-up est plus proche de 39 – voir mon post récent Age and Experience of High-tech Entrepreneurs). Comme dans cette analyse plus générale, des fondateurs dans la biotechnologie et dans l’énergie. sont beaucoup plus âgés que dans le logiciel ou l’internet. C’était quelque chose que j’avais déjà abordé dans ce document: la rupture pourrait être la chasse gardée des jeunes créateurs.

Ils lèvent beaucoup d’argent

Un point vraiment frappant est le montant d’argent recueilli par ces entreprises. Avec une moyenne d’âge de 6 ans, ces entreprises ont levé en moyenne 200 millions de dollars … Dans l’énergie, c’est plus que 400 millions de dollars et même plus de 250 millions de dollars pour l’Internet.

La Silicon Valley en tête

Il n’est pas surprenant que la Silicon Valley semble être l’endroit où être. 27 entreprises y sont basées (un peu plus de 50%). C’est là aussi que les entreprises ont accès à plus de capitaux ($280M en moyenne). Puis sur la Côte Est (25%). Étonnamment, ils sont basés à New York, plus à Boston quand la côte Est est concernée. Seulement 3 sont des Européens… (Spotify, Transferwise et Fon), même si quelques Européens ont également opté pour la SV …

Voici mon analyse complète qui, comme je l’ai dit peut contenir des erreurs (notamment sur l’âge des fondateurs …). Vous pouvez également êrte en désaccord avec mon classement des indjustries…

Disruptor50
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Le succès inhabituel et extraordinaire de deux entrepreneurs en série: Andy Bechtolsheim et David Cheriton

Serial entrepreneur est un terme à la mode. Je n’ai jamais été convaincu par le lien entre l’entrepreneur en série et le succès. J’ai même fait une analyse pour ceux liés à l’Université de Stanford (consultez entrepreneurs série: sont-ils meilleurs?). Mais de temps en temps, vous voyez ces étonnantes et rares réussites.

Andy-David
Andy Bechtolsheim (à gauche) et David Cheriton (à droite) [avec leco-fondateur de Arista, Ken Duda).

Andy Bechtolsheim est une icône de la Silicon Valley. En 1982, il a co-fondé Sun Microsystems. Né en Allemagne en 1995, il a déménagé aux États-Unis à 20 ans pour son master à CMU. Il s’installa dans la Silicon Vallley afin de travailler chez Intel, mais a ensuite atterri à Stanford pour son doctorat. Sun est venu par la suite. Il y est resté jusqu’en 1995…

David Cheriton est un professeur de Stanford. Né en 1951 au Canada, il a obtenu son BS à l’UBC et son doctorat à l’Université de Waterloo. Il arrive à Stanford en 1981. Je ne sais pas comment ils se sont rencontrés, mais ils ont co-fondé Granite Systems en 1995. Un an plus tard, la start-up est achetée par Cisco pour 220 millions de dollars. Bechtolsheim est resté chez Cisco jusqu’en 2003. Cheriton est toujours professeur à Stanford. Deux ans plus tard, ils rencontrent deux étudiants inconnus de Stanford, Larry Page et Sergei Brin. Chacun investit 100’000 dollars dans leur start-up, mais c’est une autre histoire …

En Février 2001, ils fondent ensemble une autre start-up, Kealia. En Avril 2004, « Sun a émis un total d’environ 20’000’000 d’actions ordinaires (y compris les options) en échange de toutes les actions en circulation et les options de Kealia » (source: Newswire). A cette époque, l’action Sun valait environ 4$, ce qui donne une valeur d’acquisition d’environ de 80 millions de dollars. Cette même année, Google est entrée en bourse (le 19 Août) à 85$ par action. Ils avaient reçu 1’600’000 actions pour leur investissement de 100’000$ (soit 0,0625$ par action, un multiple de 1’360 et avec un six mois de lock-up, la valeur de l’action a plus que doublé). Le succès de Kealia est tout relatif…

arista-arastra
Granite a pu avoir un logo, mais je ne l’ai pas le trouvé sur le web. Kealia était apparemment toujours en mode furtif. Pas de logo disponible non plus…

Mais il ne se sont pas arrêtés là. En Octobre 2004, ils co-fondé Arista Networks. Le nom était à l’époque Arastra. La société vient de faire son entrée en bourse, ce qui est la motivation de cet article. Et vous trouverez mon tableau de capitalisation habituel ci-après. Et parce qu’ils avaient ainsi fait beaucoup d’argent, les deux entrepreneurs en série ont financé presque entièrement la start-up eux-mêmes… Pas le moindre succès de tous!

Arista
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PS: Cheriton et Bechtolsheim sont-ils bons amis? Je n’en ai pas la moindre idée, mais le document d’iIPO d’Arista mentionne un litige, je vous laisse aller lire l’article en anglais en cliquant ici.