Archives de catégorie : A lire ou à voir

Rien ne va plus…

Je viens de lire (en anglais) Rien ne va plus en physique ! : L’échec de la théorie des cordes de Lee Smolin (mais aussi Alain Connes pour la version française). Quel est le rapport avec l’innovation et les start-up ? Je vois un lien : dans mon livre je mentionne Thomas Kuhn à travers son livre La Structure des révolutions scientifiques. Je crois qu’innovation et recherche ont bien des similitudes, par exemple dans leurs progrès. Un des sujets que Smolin aborde est l’absence de progrès en physique théorique. N’avons-nous pas des problèmes similaires avec l’innovation ? J’avais aussi cité dans mon livre Pitch Johnson, un des pionniers du capital-risque : « La démocratie fonctionne mieux quand il y a un peu de turbulence dans la société, quand ceux qui ne sont pas encore à l’aise peuvent grimper l’échelle économique en utilisant leur intelligence, leur énergie et leur habileté pour créer de nouveaux marchés ou mieux servir les marchés existants. »

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Smolin analyse que la science a besoin de deux ingrédients : de l’éthique et de l’imagination. Si la science établie et ses scientifiques ne permettent pas l’émergence d’une nouvelle génération et de nouvelles idées, la crise n’est pas loin. C’est ce qu’il analyse brillamment (son livre dit aussi beaucoup d’autres choses passionnantes).  Quand des figures de la Silicon Valley telles que Joe Costello ou Richard Newton prétendent que la Silicon Valley ne prend plus assez de risques et devient « greedy », j’y vois des similarités…

Win, Win, Win

J’ai pris connaissance hier du 2008 Academic Ranking of World Universities réalisé par le Institute of Higher Education, Shanghai Jiao Tong University (IHE-SJTU). A nouveau les USA ont la part du lion: 8 dans le top 10 et 17 dans le top 20. Seuls le Royaume Uni (Cambridge et Oxford) et le Japon (Tokyo) entrent dans la liste. Le classement est beaucoup plus détaillé puisque qu’il donne le classement des 500 premières.

Lorsque j’ai publié “Start-Up”, j’avais eu une brève conversation avec Christophe Alix, journaliste à Libération, qui m’avait indiqué que je n’insistais pas assez sur le budget considérable dont le pentagone disposait pour la recherche et l’innovation. I Je n’avais rien à redire à l’argument et ma lecture récente d’un livre va en effet dans ce sens:

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“Creating the Cold War University- The Transformation of Stanford” de Rebecca S. Lowen est un livre intéressant. Il explique comment Stanford est devenue riche dans les années 50 et 60 grâce à l’argent public et aux contrats militaires et industriels. Frederick Terman, souvent considéré comme le père de la Silicon Valley, qualifia la situation de “Win-Win-Win”. Le gouvernement finançait la recherche fondamentale et appliquée (la différence entre les deux étant bien souvent floue) pour soutenir les efforts militaires durant la guerre froide, les industriels développaient des produits à partir des résultats de ces recherches (et n’avait pas toujours à payer cette recherche), et des sociétés telles que H-P, Varian, GE en bénéficièrent grandement. Enfin Stanford devint riche et excellente (ce qu’elle n’était pas dans les années 30).

Lowen explique que “by 1960, the federal government was spending close to $1B for academic research and university-affiliated research centers, 79 percent of which went to just twenty universities, including Stanford, Berkeley, Caltech, MIT, Harvard and the University of Michigan” (page147). Dans le classement de Shanghai, Harvard est #1, Stanford #2, Berkeley #3, MIT #5, Caltech #6 et Michigan #18 seulement…

Clairement l’argent aide. J’avais tout de même réagi à l’argument de Alix car l’argent des militaires ne peut pas expliquer à lui seul l’esprit entrepreneurial qui s’est développé à Boston ou dans la Silicon Valley. Caltech et son JPL n’ont jamais eu la même activité de spin-off. Mais la qualité des universités et leur richesse reste un des ingrédients clés des clusters technologiques. 

Inside Steve’s Brain

Inside Steve’s Brain

Un nouveau livre (pour l’instant en Anglais) sur Steve Jobs. Il est intéressant parce qu’il montre que le patron d’Apple est unique et vogue souvent à contre courant. En voici un simple exemple:

“But unlike a lot of people in product marketing those days who would go out and do customer testing, asking people what they wanted, Steve didn’t believe in that. He said ‘How can I possibly ask someone what a graphics-based computer ought to be when they have no idea what a graphics-based computer is? No one has ever seen one before’.” …and… “Like Henry Ford once said: ‘If I’d asked my customers what they wanted, they’d have said a faster horse’. ” (pages 63-64).

Si vous appréciez cet extrait, vous apprécierez le livre. Merci à Jacques de m’en avoir conseillé la lecture!

Ode au Désordre

Trop d’organisation nuit à l’innovation.

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Tels sont les titre et sous-titre du brillant article (de fond) de Julien Tarby dans le nouvel économiste publié le 5 juin. Un article proche des mes préoccupations sur l’innovation en Europe. L’article fait la part belle aux problèmes qu’ont les grandes entreprises à innover et l’analyse est passionnante. Mais il relève aussi des points connexes assez édifiants. Par exemple :

1 euro investi dans le venture-capital génèrera 10 fois plus de retombées qu’1 euro versé dans la R&D traditionnelle des entreprises (Source : Samuel Kortum et Josh Lerner)

Selon Pascal Picq, paléoanthropologue développant la théorie de l’évolution des espèces pour les entreprises : les start-up qui s’adaptent pour survivre son darwiniennes. “Malheureusement l’éducation française reste lamarckienne avant tout, considérant que les organisations s’améliorent dans un schéma de développement (administrations, grandes entreprises). C’est le pays des grands projets planifiés (avion, train…) et non des ruptures.” Cette culture de la norme n’admettrait pas la variabilité, ignorerait la phase essai/erreur, pousserait à améliorer les domaines d’excellence, non à créer de nouvelles filières.

Comme l’article est gratuit sur internet sous forme pdf, filez le télécharger !

L’Espagne est passionée par l’Innovation

J’ai eu le plaisir d’être interviewé sur le livre Start-Up par Doris Obermair. Le texte est disponible en Espagnol et en Anglais dans le magazine If… La Revista de Innovation : Más pasión y sueños, menos infraestructura y experiencia (version anglaise)

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et la video (anglais) est-elle disponible sur le site Infonomia.

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Cerise sur le gâteau, je participerai le 10 juillet à la conférence Ifest pour parler à nouveau du sujet. La conférence me semble passionnante en raison de la diversité des intervenants.

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Founders at Work

Voici un livre passionnant, si passionnant que je me décide à écrire un post alors que je n’en ai pas achevé la lecture: Jessica Livingston dans Founders at Work a interviewé 32 entrepreneurs. Les leçons sont convaincantes et souvent fascinantes. Sans obtenir son autorisation, j’en copie ici quelques extraits. Le livre est un vrai plaisir même s’il y a quelques fois des longueurs relatives au descriptif spécifique des start-up, mais cela fait dans doute partie des contraintes de l’exercice. A lire absolument !

 

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Paul Buchheit, créateur Gmail à propos de la prise de risque

As I say, for people, it depends on their situation if they can take that risk of joining a startup or moving to a new city if they don’t live in the right place. For me, I was actually single at the time, I didn’t have a mortgage, so the idea of joining a little startup that may well be destroyed was just like, “That will be fun.” Because I kind of thought, “Even if Google doesn’t make it, it will be educational and I’ll learn something.” Honestly, I was pretty sure AltaVista was going to destroy Google.

Mike Ramsay, fondateur de Tivo à propos de la Silicon Valley

I was curious to see what’s the attitude of a typical startup in Scotland compared to here. I found that they are just culturally a whole lot more conservative and cautious. And somewhat lacking in self-confidence. You come over here and . . . I had a meeting recently with a couple of early 20-year-olds who have decided to drop out of Stanford because they got bored, and they are trying to raise money to fund their startup. They believe they can do it, and nothing’s going to hold them back. They have confidence, they have that spirit, which I think is great and is probably unique to this part of the world. Being part of that for so long, for me, has been very invigorating.

Joshua Schachter, fondateur de del.icio.us à propos de l’exécution

But the guy who says, “I have a great idea and I’m looking for other people to implement it,” I’m wary of—frequently because I think the process of idea-making relies on executing and failing or succeeding at the ideas, so that you can actually become better at coming up with ideas.

…et à propos des VCs

In general, I found VCs to be significantly politer than the folks I worked with. The worst they did was not call me back. I’d never hear from them again. Brad Feld does a nice blog talking about how the VC process works. He says they never call you back to say no—they don’t want to close the door in case they want to open it again, but they don’t want to actually give you a response. Very few VCs actually said, “Sorry, we’re not interested.”

Craig Newmark, fondateur de craiglist sur la définition d’une start-up

“in the conventional sense, we were never a startup. In the conventional sense, a startup is a company, maybe with great ideas, that becomes a serious corporation. It usually takes serious investment, has a strategy, and they want to make a lot of money.”

PS : Juin 2024. J’ai publié un article sur les fondateurs et je me suis souvenu des notes que j’utilisais avec mes élèves à l’époque. les voici 16 ans plus tard…

Founders at Work - May08

L’ADN de l’Innovation

John HennessyIls sont peu nombreux à pouvoir parler d’innovation aussi bien que John Hennessy. Président de l’université de Stanford, fondateur de start-ups telles que MIPS ou Atheros, membre du conseil d’administration de Cisco et de Google, il est aussi un spécialiste d’informatique de classe mondiale.

Dans une tribune récente du Stanford Magazine, « the DNA of Innovation », il cite les trois ingrédients centraux à un esprit d’innovation :

les individus, à travers la diversité des talents et des approches,

un environnement favorable à la prise de risque et à la créativité

des institutions facilitant le transfert des connaissances et idées là où elles pourront être implémentées

Le texte est bref et mérite l’attention. Il est aussi disponible en pdf (scanné).

Stanford et Start-Up

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Quelle fierté que d’être interviewé par son Alma Mater. La School of Engineering de Stanford m’a demandé pourquoi j’ai écrit Start-Up et pour qui. Vous en trouverez les éléments sur le site de la Stanford SOE. J’essaie d’y expliquer que le livre n’est pas consacré (seulement) à cette infrastructure qui a échoué en Europe, mais (surtout) à cette nécessité d’encourager nos jeunes gens à prendre plus de risques. Un débat sur la nature et la culture que je développe longuement dans le livre.

Nurturing Science-based Ventures

Nurturing Science-based Ventures – An International Case Perspective par Seifert, Ralf W., Leleux, Benoît F., Tucci, Christopher L.

 

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Un nouveau livre sur les start-up vient d’être publié récemment (en anglais) and il est centré sur des projets suisses (incluant l’EPFL). Les auteurs ont en effet une connaissance approfondie de la région puisqu’ils sont professeurs à l’IMD ou à l’EPFL. Ce qui est très intéressant avec ce livre, c’est qu’il ne décrit pas que des success stories, mais aussi des échecs ou des sociétés peu connues. Les échecs sont souvent de meilleures leçons que les succès. Vous ne savez pas toujours pourquoi vous réussissez et un échec peut-être plus aisé à analyser qu’un succès. Les auteurs ont construit leur livre comme un processus, en commençant par l’analyse de l’opportunité (chapitre 1), suivie de la rédaction du business plan (chapitre 2), le financement de la société (chapitre 3), sa croissance (chapitre 4) pour arriver à la concrétisation de la création de valeur (chapitre 5). Le dernier chapitre est consacré à l’esprit d’entreprise dans les sociétés établies (« intrapreneuriat »). Je ne l’ai pas encore lu (il a plus de 700 pages !) mais les nombreuses études de cas (plus de 20) semblent riches et détaillées. Ce n’est peut-être pas le premier livre sur le sujet, mais certainement un des premiers consacrés aux start-up européennes.