Archives de catégorie : A lire ou à voir

Ils l’ont fait!

They made it! (Ils l’ont fait!) par Angelika Blendstrup est un autre livre fait d’interviews d’acteurs de la Silicon Valley. J’avais parlé dans le passé de En compagnie des géants, Once you’re lucky, Betting it All, Founders at Work, mais celui-ci prend un angle différent.

L’accent est mis sur les immigrants que le sous-titre illustre: « Comment les Chinois, Français, Allemands, Indiens, Iraniens, Israéliens et autres étrangers entrepreneurs ont contribué à l’innovation technologique dans la Silicon Valley, aux États-Unis et outre-mer. » Et les leçons sont assez intéressantes.

L’auteur résume à la page 260 quelques caractéristiques des personnes interrogées:
– Une grande intelligence, souvent couplée avec une éducation brillante
– Une volonté de travailler dur, de se concentrer, de la détermination et de la persévérance
– Une vision du succès dans leur carrière professionnelle et leur vie personnelle
– La curiosité et la passion
– L’amour de la famille et un dévouement à la soutenir
– Une troublante capacité à lire en soi et dans les autres
– La croyance en soi-même
– Une capacité de développement émotionnel et intellectuel
– Une tolérance pour le, et même un amour du, risque et la capacité à (rapidement) se remettre de l’échec
– Un appétit de collaborer
– Une grande humilité
– Une volonté de redonner à la société ce qu’elle vous a offert

J’ai été particulièrement frappé par les récits de personnes qui ont déménagé et ont tout laissé derrière elles. Il y a là un élément de l’entrepreneuriat dont quelqu’un m’a parlé ce matin : les entrepreneurs savent qu’ils peuvent tout perdre (maison, famille) et qu’ils sont prêts à affronter ces risques, parfois parce qu’ils en ont déjà fait l’expérience et ils savent qu’ils peuvent recommencer. C’est ce qui explique la passion, le dévouement et la soif d’essayer.

Entrevue après entrevue, il est question des valeurs, de leadership et de l’ouverture à la diversité, de briser les barrières. Je peux ne pas avoir appris beaucoup de nouvelles choses, mais j’ai aimé ce livre, peut-être juste pour la raison que c’est une autre illustration de ce que sont les valeurs de la Silicon Valley et pourquoi les immigrants ont été si importants pour la région.

Dernier détail, j’ai fait une simple analyse des origines des personnes interrogées:
France: 7
Israël: 5
Inde: 5
Chine: 3
Taiwan: 2
Iran: 2
Allemagne : 2
Reste du monde (hors USA) : 5
Intéressant de noter que la France est en tête, bien que le pays ne soit pas connu pour sa culture entrepreneuriale …

Steve Blank et le développement des start-up

Bien que je l’ai mentionné dans des articles passés tels que L’art de la Vente et ses vues sur l’entrepreneuriat, je n’avais jamais lu Steve Blank jusqu’à présent. Je viens de lire The Four Steps to the Epiphany et je dois dire que c’est un superbe travail. Le livre existe aussi en français, Les quatre étapes vers l’épiphanie, mais je préfère toujours l’original aux traductions; à vous de choisir.

Je vais expliquer avec plus de détails sa théorie mais la raison principale pour laquelle j’aime ce livre est qu’il explique pourquoi les fondateurs sont essentiels aux premières phases de développement d’une start-up. Ce n’est pas le discours habituel de « mettre en place les compétences commerciales et cacher les fondateurs » mais plutôt d’ « apprendre et devenir des experts jusqu’au point d’atteindre vos limites ». Je dois tout de suite ajouter que ce n’est pas un livre facile à lire et qu’il est surtout utile à ceux qui se lancent dans l’aventure entrepreneuriale mais aussi dans le développement de produits. Son site web steveblank.com est bourré d’informations, vous trouverez des tonnes de documents sur ses enseignements sur internet et je recommande en particulier sa liste de conseils de lecture Books for Startups.

Steve Blank est célèbre dans le monde entier (mea culpa pour n’avoir pas écrit tout cela plus tôt) pour sa théorie du « Customer Developement ». Alors que nous savons tous que le monde de la high-tech ne parle pas de technologie (non!, les idées et la technologie ne suffisent pas à décrire ce monde), nous avons par contre tendance à penser produits (ce qui est bien plus que la technologie) ou marchés (le business face à la technologie). Mais Steve Blank explique très bien que les produits peuvent être une illusion (ne jamais se vendre) et les marchés extrêmement dangereux si mal compris alors que ce qui compte ce sont les utilisateurs des produits, les personnes qui font les marchés, à savoir les clients. Il explique l’importance d’interagir et avec des clients potentiels avant même la conception et la réalisation des produits (« bottom-up ») puis d’itérer avec eux pendant les développements et d’être attentif à ne pas analyser les marchés que de manière macro-économique ou « top-down ».

Un de ses messages les plus connus dit que le « Product Development » isolé peut être mortel et doit être fait en parallèle avec le « Customer Developement » only. Les start-up n’ont pas au début besoin d’équipe de marketing, de ventes ou de « Business Development », mais de deux équipes seulement, en « Product Development » et en « Customer Development », chacune dirigée par un des fondateur(s)/CEO. Voici une description plus détaillée de ce processus (qui se trouve aussi sur internet) . Puis, quand elles deviennent de grandes entreprises, les start-up peuvent se tourner vers les modèles traditionnels d’organisation.

Voici un ouvrage à lire absolument si vous êtes en mode start-up. Cela vous évitera quelques erreurs (dont certaines peuvent être mortelles).

Art et Technologie

Avant de revenir à mes sujets favoris et en conclusion à un été pluvieux, voici deux sites qui m’ont enthousiasmé ces derniers temps. J’ai découvert le premier la semaine dernière. Playing For Change est un magnifique projet musical que la démocratisation créée par l’Internet et les nouvelles technologies a sans aucun doute aidé. Mais c’est avant tout la créativité et la beauté qui m’ont plu. Cliquez sur l’image et écoutez ces nouvelles version de grands classiques. Ma préférée est sans doute la #40, Redemption Song, mais je n’ai pas eu le temps de tout découvrir.

Dans une inspiration un peu similaire, David Lynch avait parcouru l’Amérique pour son Interview Project. Des petits films qui décrivent sans doute aussi bien ce pays que toutes les analyses sociologiques et économiques récentes.

J’espère que vous aurez le temps de tester et peut-être d’apprécier.

La gestion et les défis de la croissance

Pas toujours facile de systématiquement maintenir un blog en français et en anglais. J’essaie de le faire aussi souvent que possible mais je n’en ai pas eu le courage pour les trois posts que je viens de faire sur « les défis de la croissance ». Je vous renvoie donc aux trois liens en anglais, qui sont consacrés respectivement à:

– une vieil article de Greiner, toujours d’actualité: Evolution and Revolution as Organizations Grow

– quelques notes sur la gestion de la croissance chez Google

– un rapport très complet du WEF dont j’extrais des citations que je trouve très instructives.

Start-up sur iPad et Kindle

Après avoir publié la version anglaise de Start-up en version électronique (Kindle, iPad) l’été dernier, je viens de faire la même chose pour la version française. Plus de détails ici, sur la page qui référence les éditions papier (anglais, français, russe, peut-être italien bientôt) et numériques.

Je m’étais trompé sur une chose quant à la difficulté à produire un iBook pour Apple. Grâce à un collègue de l’EPFL, j’ai appris qu’il n’était pas nécessaire de passer par des éditeurs complexes tels que Calibre (et j’avais dû faire de nombreuses corrections manuelles). J’ai cette fois simplement importé le fichier Word dans Pages et converti le fichier au format ePub. Apple aura mis 8 jours pour valider ensuite le fichier. Cool!

Conseils aux entrepreneurs

J’ai trouvé intéressant de comparer deux brèves vidéos du STVP. La première date de 2002 et montre Larry Page le fondateur de Google. La seconde, d’Aaron Levie, vient d’être publiée, le 19 janvier 2011.

Et voici une comparaison partielle

Larry Page vs. Aaron Levie
  • Travaillez avec les bonnes personnes, des gens exceptionnels avec qui vous êtes compatible.
  • Ne faites pas de compromis, soyez passionné(e).
  • Ayez un scepticisme sain sur ce qui semble impossible.
  • Faites quelque chose qui était impossible il y a 3 ans.
  • Ne suivez pas les modes. Les bonnes idées trouvent toujours du soutien.
  • Si vous êtes trop à l’aise avec ce que vous faites, vous ne faites sans doute pas la bonne chose.
  • Il semble clair que passion, ambition mais aussi confiance en soi sont des ingrédients essentiels de l’entrepreneuriat.

    Un post récent décrit de superbe manière (même si c’est aussi parfois déprimant) la réalité de l’entrepreneur. Il s’agit de Devez vous vraiment créer votre Startup ?, traduction d’un article de Mark Suster.

    Le réseau social – Facebook

    Le nouveau film sur Facebook et son fondateur Mark Zuckerberg est un grand film. Il n’est sans pas très important de savoir ce qui tient de la fiction et de la réalité. Vous pouvez le voir comme une pure fiction et il restera un grand film grâce aux acteurs et au scénario.

    C’est aussi un excellent travail sur le monde des start-up qui est décrit d’une manière très fidèle. Même si ce n’est pas un documentaire sur cet univers, il y a quantité de détails qui m’ont rappelé des histoires vécues!

    La première leçon est que argent et amitié ne font pas bon ménage. Les histoires d’Eduardo Saverin, le fondateur dilué, de Sean Parker, le fondateur exubérant de  Napster et Plaxo puis mentor de Zuckerberg et la très brève apparition de Peter Thiel en sont de bonnes illustrations.

    Il montre aussi la différence entre le monde compassé de la Nouvelle Angleterre, de Boston et de Harvard où certains semblent croire que les idées ou le talent sont tout et celui, post-moderne, de la Silicon Valley où ce qui compte sont les actes. C’est la raison pour laquelle la Silicon Valley est bien le Triumph of the Nerds. Le film montre à quel point Paul Graham est dans le vari en écrivant que la Silicon Valley est le mariage des nerds et des riches. Chacun y verra les vies folles, tristes, excitantes ou déprimantes de ces fous du travail, qui s’amusent comme ils peuvent. C’est à prendre ou à laisser, mais c’est une description très proche de la réalité des start-up.

    J’ai cherché ce que les acteurs clés pensent du film. En voici quelques extraits. Eduardo Saverin a dit sur ce site-ci “The Social Network” was bigger and more important than whether the scenes and details included in the script were accurate. After all, the movie was clearly intended to be entertainment and not a fact-based documentary. What struck me most was not what happened – and what did not – and who said what to whom and why. The true takeaway for me was that entrepreneurship and creativity, however complicated, difficult or tortured to execute, are perhaps the most important drivers of business today and the growth of our economy.”

    Quant à Dustin Moskovitz, il ajoute sur ce site-là: It is interesting to see my past rewritten in a way that emphasizes things that didn’t matter (like the Winklevosses, who I’ve still never even met and had no part in the work we did to create the site over the past 6 years) and leaves out things that really did (like the many other people in our lives at the time, who supported us in innumerable ways). Other than that, it’s just cool to see a dramatization of history. A lot of exciting things happened in 2004, but mostly we just worked a lot and stressed out about things; the version in the trailer seems a lot more exciting, so I’m just going to choose to remember that we drank ourselves silly and had a lot of sex with coeds. […] I’m very curious to see how Mark turns out in the end – the plot of the book/script unabashedly attack him, but I actually felt like a lot of his positive qualities come out truthfully in the trailer (soundtrack aside). At the end of the day, they cannot help but portray him as the driven, forward-thinking genius that he is. And the Ad Board *does* owe him some recognition, dammit.

    Et Zuckerberg lui-même (en anglais)!

    Watch live video from c3oorg on Justin.tv
    Cela vient de la Start-up School de Paul Graham; voici la suite.

    Watch live video from c3oorg on Justin.tv

    Bien sûr, il y a là de langue de bois institutionnelle. N’oublions pas que ces deux-là ont encore des actions dans Facebook! En parlant d’actions, il y a une autre chose qui m’a gêné récemment, à savoir que selon Forbes, Zuckerberg serait plus riche que Steve Jobs. J’ai eu une discussion sur le sujet avec un ami ce weekend et il était d’accord avec l’analyse alors que j’étais contre. C’est sans doute un détail, mais pour moi, tant que Facebook n’est pas cotée, la fortune de Zuckerberg est faite de papier qu’il ne peut pas vraiment vendre librement. Je suis sûr qu’il est déjà riche, il a sans doute déjà vendu pas mal de ses actions mais il n’est pas livre d’en faire ce qu’il veut tant que Facebook n’est pas en bourse alors que Jobs possède des actions qu’il est libre de vendre plus ou moins quand il veut. Ce n’est sans doute pas très différent tant Facebook semble être un succès, mais j’ai trop vu de start-up où les gens pensaient que la fortune liée aux actions était réelle et ne valait plus rien d’un jour au lendemain.

    Quand ma fille m’a dit hier qu’elle pourra enfin expliquer à ses amis ce que fait son père, c-a-d qu’il travaille dans le monde des start-up, je me suis dit que le film avait au moins le mérite de montrer à une très large audience ce qu’est ce monde et comme le dit Saverin que l’entrepreneuriat et la créativité sont essentiels pour notre avenir.

    Dernier point, que j’aborde de manière récurrent: la capitalisation et la structure actionnariale de Facebook. Comme Facebook n’est pas cotée, c’est un défi de s’atteler à sa tache et de séparer la vérité du mythe. J’ai utilisé les données disponibles sur le web. Le poitn le plus original est la dilution de Saverin de 30% à 5% alors que Zuckerberg ne passe que de 65% à 24%, pas vraiment proportionnel! Nous verrons quand Facebook ira en bourse, à quel point j’étais loin de la réalité!

    Rêves brisés

    Je le fais parfois. Je vous encourage à lire mon post en anglais uniquement cette fois, à propos du livre de Josh Lerner Boulevard of Broken Dreams: Why Public Efforts to Boost Entrepreneurship and Venture Capital Have Failed–and What to Do About It.

    Cet extrait de la MIT Technology Review suffira peut-être à vous faire basculer ici.