J’avais lu il y a quelques années le magnifique The Man Behind the Microchip de Leslie Berlin. Après la biographie de Robert Noyce, l’un des co-fondateurs d’Intel, Berlin revient avec Troublemakers, une description de « Comment une génération d’arrivistes de la Silicon Valley a inventé l’avenir ».
Le titre fait alusion à uen célèbre publicité de Apple que vous retrouverez ici: Les fous, les marginaux, les rebelles, les anticonformistes, les dissidents. L’un des grands mérites du livre est de se concentrer sur 7 individus (2 femmes et 5 hommes) relativement peu connus par rapport aux stars de la Silicon Valley. Pourrez-vous les reconnaître sur l’image suivante? (La réponse est à la fin de l’article).
Le livre n’est pas seulement du grand storytelling. Il décrit les dynamiques de Silicon Valley de la fin des années 60 au début des années 80 et explique comment «cinq grandes industries – l’ordinateur personnel, les jeux vidéo, la biotechnologie, le capital-risque moderne et les semi-conducteurs – sont nées. Vous pouvez également écouter Leslie Berlin ici:
Le livre de près de 400 pages contient également plus de 80 pages de notes extrémement riches. C’est vraiment une lecture incontournable pour toute personne passionnée ou simplement intéressée par la Silicon Valley. En voici deux brèves citations:
Indiana Jones: Je vais rattraper ce camion.
Sallah: Comment?
Indiana Jones: Je ne sais pas. Je trouverai en route.
« Nous ne voulions pas être considérés comme faisant partie du troupeau. Les aigles ne se rassemblent pas, c’était notre blague. » (« Eagles don’t flock. » Tom Perkins lorsqu’on lui a demandé pourquoi KP n’était pas initialement sur Sand Hill Road – Page 192)
Laissez-moi faire une brève parenthèse. En parallèle à ma lecture de ce livre, j’ai lu un article très intéressant dans le FT intitulé Silicon Valley’s founder factory ‘Silicon Valley is lacking in one core area — a sense of entrepreneurial hustle’ (Leslie Hook – Janvier 2018): « Quand je me suis installée à San Francisco il y a quatre ans, j’ai remarqué quelque chose d’étrange chez les fondateurs que j’ai rencontrés: beaucoup d’entre eux se ressemblaient, pas seulement physiquement, mais la plupart étaient des hommes de moins de 35 ans. Mais aussi de la manière dont ils parlaient de leur entreprise. Ils avaient des PowerPoint tout prêts, et de grands chiffres sur le bout des lèvres, tous semblaient connaître exactement le marché « adressable total » de leur start-up, même s’ils n’avaient pas encore fait un seul dollar de vente. […] En revanche, bien qu’il y ait beaucoup de fondateurs dans la Silicon Valley, j’ai trouvé relativement peu d’entrepreneurs: les fondateurs sont intelligents et travaillent dur, mais beaucoup sont simplement les produits d’un système, c’est pourquoi ils semblent tous vaguement identiques. » Éléments intéressants pour la réflexion en comparaison des années 70.
Comme contribution, voici 4 de mes tables de capitalisation « habituelles »: Ask Computer, ROLM, Cetus et Atari sont des entreprises mentionnées dans le livre que je n’avais pas encore étudiées … Ask fut une des premières startup dans le logiciel et Cetus peut-être la 1ère biotech… (mais je dois ajourter que les documents d’entrée en bourse de l’époque ne sont pas aussi précis qu’aujourd’hui… les erreurs sont les miennes)
Pour montrer la complexité de l’exercice, voici un 2eme tableau pour Atari basé de le S-1 du projet d’IPO:
Dans ses dernières pages, Leslie Berlin mentionne aussi une start-up fondée par Mike Markkula, Echelon Corp. Echelon avait été soutenue par les fondateurs de ROLM ainsi que par Arthur Rock et Larry Sonsini. Voici une 5ème table de capitalisation:
Réponse au quiz, les 7 fauteurs de trouble (« troublemakers »), from left to right:
Rangée du haut: Sandra Kurtzig, Mike Markkula, Fawn Alvarez, Niels Rimers.
Rangée du bas: Bob Taylor, Al Acorn, Bob Swanson.