Je viens de lire deux articles (merci à Kevin et Deborah :-)!) sur l’entrepreneuriat high-tech en Europe. L’un est optimiste, l’autre moins… Le Financial Times vient de publier un dossier sur les 50 meilleurs entrepreneurs high-tech en Europe, dossier qui comprend Watch out Silicon Valley par le co-fondateur de Skype, Niklas Zennström. Le New Times York a publié de l’autre côté de l’Atlantique A Fearless Culture Fuels U.S. Tech Giants. Vous ne devriez pas être surpris de mon inclination vers le point de vue américain. Alors permettez-moi de commencer avec l’analyse la moins optimiste…
Voici une comparaison frappante : aux États-Unis, trois des dix premières sociétés en termes de capitalisation sont des sociétés technologiques fondées dans le dernier demi-siècle: Apple, Microsoft et Google. En Europe, il n’y en a pas dans le top 10 et quand il est question de remèdes: « Ils veulent tous une Silicon Valley, » [dit] Jacob Kirkegaard, économiste danois […] « mais aucun lieu en Europe ne peut se comparer à l’échelle et à la concentration des nouvelles technologies réellement innovantes que vous avez aux États-Unis. L’Europe et le reste du monde se battent pour rattraper le retard, à la grande frustration des décideurs. L’article ajoute: « alors qu’il y a toujours des exceptions individuelles aux généralités hâtives sur les Européens et les Américains, les principales barrières sont culturelles. » […] « échouez vite, échoue souvent » est devenu un proverbe de la Silicon Valley, et la liberté d’innover est inextricablement liée à la liberté d’échouer. En Europe, l’échec est une marque beaucoup plus forte qu’aux États-Unis. […] Rien de tout cela ne sera facile à changer, même en supposant que les Européens veulent du changement.
Zennström est beaucoup plus optimiste et j’aimerais bien être d’accord avec lui … « Tout comme une petite start-up peut vaincre un grand acteur établi, en tournant attention et vitesse à son avantage, de même constatons-nous par certains aspects que les entrepreneurs européens ont un avantage. Le premier est très visible : le développement extraordinaire des hubs technologiques en Europe « . Il mentionne ici Helsinki pour les jeux sur plateformes mobiles et Londres pour la finance. Il voit une deuxième raison pour laquelle la Silicon Valley pourrait être moins nécessaire. «Lorsque nous avons fondé Skype, notre but n’a jamais été de construire le meilleur service de communication peer-to-peer de Suède. De même, Daniel Ek et Martin Lorentzon ne partaient pas de construire le meilleur service de musique de Suède avec Spotify, ni Riccardo Zacconi et ses co-fondateurs de King ne visaient à bâtir des jeux incroyables pour les Suédois. Sans le luxe d’un énorme marché intérieur, nous avons été obligés de penser au développement international dès le premier jour – pour résoudre des problèmes globaux, en travaillant à travers les frontières, et agissant rapidement à y arriver » […] « En bref, nous assistons à l’émergence d’une cohorte remarquable de nouvelles entreprises. Des start-us commencent dans quelques-uns des plus petits marchés domestiques du monde mais sont capables, grâce à leur approche très internationale, d’atteindre l’échelle mondiale en un temps record. A terme, je crois que ce sera une tendance aussi importante que la concentration historique de l’innovation dans la Silicon Valley, et qu’elle jouera un rôle majeur dans l’économie européenne pour les décennies à venir. »
J’ai l’impression de relire les mêmes analyses qu’il y a quinze ou vingt ans… Regardez par exemple, même si c’est plus récent, mon analyse en 2010: L’Europe et Etats-Unis: la croissance en IT et biotech. Seul l’avenir nous dira qui a le mieux analysé la situation.