Archives mensuelles : novembre 2013

Les licornes de la Silicon Valley sur une carte

Il y a vingt ans, j’adorai les cartes des entreprises de la Silicon Valley qui étaient été régulièrement imprimées. Vous pouviez voir la densité des start-up célèbres basées à Santa Clara, San Jose, Cupertino, Mountain View, Redwood City ou Palo Alto, des villes qui seraient inconnues et sans intérêt en dehors du monde de la technologie. Jetez un œil à quelques exemples à la fin de cet article.

En jouant avec les aventures de Banksy à New York, j’ai utilisé Google pour bâtir une carte personnalisée. Et quelques jours plus tard, j’ai pensé à faire la même chose pour les licornes de la Silicon Valley. Rappelez-vous que les licornes sont les rares entreprises qui atteignent une valeur de 1 milliard $. Selon le SV150 2013, il y a 94 telles sociétés cotées en bourse. Trop pour une carte interactive. J’ai donc fait l’exercice avec les sociétés valant plus de $10B + entreprises (j’en ai trouvé 23 avec leurs racines dans la Silicon Valley).

Le choix de la capitalisation boursière est discutable. J’aurais pu prendre les ventes ou les bénéfices. Des entreprises telles que Electronic Arts, Juniper, Xilinx, AMD, nVidia seraient apparues mais le groupe aurait été similaire. J’ai dû choisir choisir. Vous pouvez ouvrir directement la carte dans Google Maps pour une meilleure interface.


Vous pouvez voir les entreprises de technologie de la Silicon Valley sur une carte plus grande.

Là encore, il y a quelque chose de fascinant à propos de cette densité. Les gens prétendent que le centre de gravité de la région se déplace au nord vers San Francisco en raison du web 2.0. Cela reste à voir sur le long terme …

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Mythes et réalités de l’innovation Suisse.

Xavier Comtesse vient de publier un excellent rapport intitulé La santé de l’innovation suisse – Pistes pour son renforcement, dont il fait un résumé sur son blog, L’innovation en Suisse: c’est d’abord le domaine de la Santé! Il s’agit d’un rapport très intéressant et stimulant pour moi car il « démontre » que la Silicon Valley n’est pas et ne doit pas être un modèle pour l’innovation en Suisse: dans son introduction il affirme que « le succès de la Suisse dans ce domaine reste largement et pour beaucoup de gens une énigme, et ceci d’autant plus que le seul modèle réellement connu et étudié est celui de la Silicon Valley et qu’il ne correspond pas, comme nous allons le démontrer, à celui de la Suisse. Bien que ce modèle californien ait fait l’envie de tous, il semblerait n’avoir été finalement copié intégralement par personne. »

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Mais comme Comtesse est un peu « Contrarien » (comme je le suis d’ailleurs – mes amis me reprochent souvent de débattre avec moi même!), il ne peut se satisfaire de la bonne santé de l’innovation suisse. « Aussitôt que les lignes de force du modèle suisse se dégageront, on verra aussi apparaître ses faiblesses. Cela nous permettra de proposer des modifications à la situation actuelle pour une évolution réussie au futur. »

Il commence par montrer la force de la R&D issue du privé – 75% des 16 milliards dépensés en Suisse. Il ajoute que Roche et Novartis dans la pharma représentent une grande part de cette somme (environ 30% de toute la R&D Suisse) et investissent plus encore à l’étranger.

Un premier point de divergence, la R&D n’est pas l’innovation… En simplifiant, l’innovation c’est la création, plus proche de l’entrepreneuriat que de la R&D. Apple a toujours innové bien mieux et plus que d’autres entreprises, mais sa part de R&D est cependant très faible.

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(Cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Il compare alors la Silicon Valley et la Suisse: « la Silicon Valley encourage massivement l’émergence de nouveaux acteurs (start-up) dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) tandis que le modèle suisse favorise plutôt les grandes entreprises historiques du domaine de la santé. » [page 20] et même [page 25] « la Silicon Valley a choisi délibérément les nouvelles technologies de l’information, de la communication et des télécommunications (dont Internet) comme axe innovant de son développement. » en concluant « On peut dire que la Suisse est à la santé ce que la Silicon Valley est aux TIC. »

Un second point de divergence, la Silicon Valley n’est pas la Mecque des TIC, mais celle de l’entrepreneuriat high-tech. Ainsi Genentech et Chiron furent des leaders de la biotech avant d’être rachetés par Roche et Novartis respectivement. Intuitive Surgical est un leader des technologies médicales, Tesla Motors pourrait devenir un grand acteur de l’industrie automobiles et il y a des centaines d’autres start-up dans les domaines de l’énergie (massivement financées par des fonds tels que Khosla ou KP), des technologies propres ou de la santé. De plus la Silicon Valley a elle aussi de grandes entreprises établies comme HP ou Intel qui ne sont plus des start-up.

Comtesse pense que la Suisse est moins fragile. « Aussi étonnant que cela puisse paraître, le modèle suisse est plus robuste et plus performant sur le long terme que celui de la Silicon Valley, car il est moins dépendant des rivalités planétaires comme la Silicon Valley peut l’être sous la menace de la Corée, de la Chine ou de toute autre région du monde. La Suisse l’est moins car le ticket d’entrée, dans le domaine de la santé, à savoir les investissements colossaux à réunir pour la formation supérieure, les hôpitaux universitaires, les centres de recherches, la création d’entreprises produisant des blockbusters (des produits atteignant le milliard de chiffres) est tellement élevé pour figurer parmi les régions qui comptent que peu de régions peuvent rivaliser sur ce terrain. »

Troisième point de désaccord: je ne vois pas bien en quoi la Corée (à travers Samsung et LG) devenue en effet une menace pour la Silicon Valley ne pourrait pas l’être dans le domaine de la santé. Les investissements dans l’électronique ou la téléphonie furent eux aussi colossaux. De plus la réticence des pays émergents face à la protection intellectuelle (brevets) sur les médicaments et l’émergence de fabricants de produits génériques me semble tout aussi déstabilisante.

Enfin Comtesse décrit aussi les faiblesses de la Suisse: « Mais la question à laquelle aucun politicien n’a voulu vraiment répondre était celle du manque de bons projets. Si l’on pose cette question la réponse n’est évidemment pas la constitution de parcs scientifiques ou technologiques, ni même le transfert technologique, et encore moins le coaching. C’est bien la créativité qui fait défaut. Comment faire pour que les Suisse et en particulier les jeunes issus des grandes écoles soient plus créatifs? » Neil Rimer, associé de Index Ventures dit des choses similaires: «Il y a de l’innovation en Suisse, mais peu d’entrepreneurs prêts à conquérir le monde» et « Pour attirer […], il faut une masse critique de start-up afin qu’il y ait d’autres options envisageables en cas d’échec. […] La Suisse et ses cantons cherchent à attirer des entreprises traditionnelles ou les centres administratifs de grandes sociétés. […] Mon grand souhait serait que les autorités encouragent la création de postes d’ingénieurs, de designers, de marqueteurs et de managers. C’est ainsi que nous attirerons une masse critique de professionnels capables de créer et de faire grandir les start-up en Suisse. » (Cf L’innovation en Suisse d’après Neil Rimer).

Notez la nuance. Neil Rimer ne parle pas de bons ou mauvais projets, mais d’ambition. Il disait même sur ce blog il y a quelques mois: « Je continue à être sidéré par le propos qu’il n’y a pas suffisamment d’aide en Suisse pour les projets ambitieux. Nous, et d’autres investisseurs européens sommes perpétuellement à la recherche de projets d’envergure mondiale émanant de la Suisse. A mon avis, il y a trop de projets manquant d’ambition soutenus artificiellement par des organes— qui eux aussi manquent d’ambition— qui donne l’impression qu’il y a suffisamment d’activité entrepreneuriale en Suisse. »

Comtesse revient alors sur le rôle de l’état en distinguant innovation incrémentale et innovation de rupture. « En effet ce qui compte pour une nation, c’est sa capacité globale d’innovation et notamment aussi, celle de rupture. Mais si l’État ne prend pas tous les risques, alors personne ne le fera à sa place. C’est pourquoi, il est urgent de donner de nouvelles instructions ou guidelines à la CTI. Financer l’incrémental ne devrait plus être sa tâche, ou alors seulement de manière marginale. » [Page 27] « La Commission pour la technologie et l’innovation (CTI) a tendance à soutenir des projets d’innovation incrémentale peu risqués et facile à mettre en œuvre. Ces derniers devraient être l’apanage des entreprises, et ne devraient donc pas bénéficier du soutien des pouvoirs publics. Tout au contraire, l’innovation de rupture à l’image de la recherche fondamentale devrait être largement l’affaire des pouvoirs publics. » [page 30] « Ainsi d’un côté notre système d’innovation est porté par les grandes entreprises, et de l’autre, les PME bien qu’innovantes, n’atteignent pas une masse critique suffisante pour faire souvent la différence. L’idée serait non plus de financer des projets isolés comme le fait en général la CTI, mais des programmes multipartenaires avec à leur tête l’une ou l’autre des grandes entreprises suisses. » [Page 28] « Cette approche n’interdit pas l’éclosion de nouvelles start-up mais ces dernières seraient placées sous l’aile protectrice de moyennes et de grandes entreprises suisses. Cela éviterait que les entreprises naissantes soient d’emblée vendues aux Américains (phénomène dit «born to be sold») ou qu’elles n’arrivent jamais à grandir. Il faut rappeler que plus de 80 % de nos start-up ne périssent pas dans les 7 ans alors que le taux «normal» est de 50 % (on pourrait ainsi dire que le «never die» est un autre phénomène suisse). » [page 31]

Je suis en accord avec lui sur le constat, moins sur les solutions à apporter. Je trouve intéressante la réflexion sur la priorité à donner à l’innovation de rupture par la puisse publique. Je retrouve là l’excellente analyse de Mariana Mazzucato sur l’Etat entrepreneurial. Je resterai beaucoup plus prudent sur l’idée de consortium de grandes entreprises pour développer et protéger nos start-up. Je comprends la volonté de diminuer le risque de la vente, mais je ne crois pas trop au réalisme du concept. Quel véritable entrepreneur souhaite être protégé, voire contrôlé par un grand frère même s’il est bienveillant… J’ai aussi quelques doutes sur la capacité et l’envie entrepreneuriale des grands groupes.

Par une espère de tour de passe-passe, Comtesse ajoute l’idée d’un crédit d’impôt innovation pour les entreprises. « Le système fiscal suisse ne prévoit pas explicitement d’encouragements destinés aux entreprises qui font de la R&D. La solution la plus simple reste le crédit d’impôt pour l’innovation qui consisterait, selon différentes modalités, d’alléger la charge d’impôts pour les entreprises concernant leurs dépenses pour l’innovation. De nombreux grands pays (États-Unis, Canada, Angleterre, Espagne et France) ont déjà mis en place un tel instrument. Il ne s’agit cependant pas d’encourager tel ou tel secteur par cet outil mais de créer plutôt une émulation à long terme pour l’innovation dans le pays. Ce dispositif doit donner aux entreprises, notamment aux PME, plus de liberté de manœuvre face aux processus d’innovation. » (voir le blog de Comtesse). »

Là je peux parle de désaccord complet. Lisez aussi mon analyse sur Mazzucato qui dénonce l’optimisation fiscale en la matière. Je n’ai jamais cru à l’incitation fiscale et je peux me tromper. Je comprends la plus grande efficacité de l’approche, mais je crois qu’il y a plus d’effets pervers que de résultats positifs. Il suffit de regarder la situation dramatique de la fiscalité américaine des grands groupes de technologie.

Malgré mes critiques, ce rapport est excellent. Comme tous les Contrariens, je focalise plus sur les désaccords mais il y a dans cette analyse des points passionants à approfondir sur les mythes et réalités de l’innovation suisse. Simple rappel pour finir. Comtesse a publié il y a quelques mois une présentation Prezi sur le même sujet, vous pouvez en lire mes commentaires sur Le modèle de l’innovation suisse: est-il le meilleur?

Les promesses de la technologie. Décevantes ?

Après avoir lu l’excellent article du New Yorker sur la Silicon Valley et la politique, j’ai cherché «Silicon Valley» sur le site web du magazine et j’ai trouvé deux articles aux points de vue contrastés:

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– Le premièr est un peu une sorte d’introduction à mon post précédent, il a aussi été écrit par George Packer (clairement un grand écrivain, et perspicace) en 2011 et fait un riche portrait de Peter Thiel, le célèbre entrepreneur et investisseur libertarien : No Death, No taxes (Ni mort, ni impôt – le futurisme libertaire d’un milliardaire de la Silicon Valley).
– Le second est beaucoup plus ancien et concerne les premiers jours de Google et de la recherche sur Internet: Search and Deploy par Michael Specter .

Ils sont un peu contradictoires, car le second est optimiste quant à ce que la technologie peut résoudre (Google a signaficativeemnt amélioré notre accès à la connaissance) alors que Packer montre le pessimisme de Thiel quant aux apports de la technologie, même s’il a (toujours) beaucoup d’espoir en elle. En fait, comme je l’ai mentionné dans l’article précédent à propos de la SV et de la politique, il appartient au groupe de personnes qui se méfient de la politique au point qu’il croit que la technologie peut / doit être l’alternative.

Laissez-moi commencer par le premier article, l’optimiste: en 2000, Google était déjà considéré comme le vainqueur de la recherche sur Internet (même si Google n’avait pas mis en œuvre son modèle d’affaires): Google avait la meilleure solution pour nos problèmes de recherche sur Internet. Page et Brin l’ont fait en trouvant un meilleur algorithme mathématique, le système de PageRank basé sur la popularité et la fréquence des références des pages Web. Drôle d’effet secondaire, Google avait moins de demandes que les autres sites sur le sujet de la pornographie: « Environ dix pour cent des requêtes Google concernent la pornographie. Ce chiffre est inférieur à celui de la plupart des autres moteurs de recherche. Cela reflète la démographie des personnes qui utilisent le moteur de recherche, mais peut-être cela démontre aussi l’un des défauts évidents de Google : les sites pornographiques sont recherchés par des millions d’utilisateurs d’Internet, mais sont rarement liés à des pages Web de premier plan. Sans liens, même la page la plus populaire est invisible. »

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Le credo de la société de capital-risque de Thiel : « Nous voulions des voitures volantes, à la place nous avons eu 140 caractères. » Photographie de Robert Maxwell.

Il est connu que Thiel a été déçu par l’innovation high-tech. Il suffit de relire mon post de 2010, La technologie, notre salut. Je pense que vous devriez lire l’article de Packer si vous avez aimé (ou même si vous n’avez pas) Changer le monde. Les deux articles montrent la puissance et les limites de ces personnes visionnaires et leur vision parfois effrayante de la technologie face à la politique. Il y a quelque chose du « 2001, l’Odyssée de l’espace » de Kubrick dans tout cela. Packer montre avec brio la nature étrange de ces personnes (une forte concentration de syndromes d’Asperger et de dyslexiques – apparemment deux caractéristiques plutôt répandue chez entrepreneurs). Voici quelques extraits de l’article. J’espère vous donner envie de le lire en entier.

« Thiel estime que l’éducation est la prochaine bulle de l’économie américaine. Il a comparé les administrateurs universitaires aux courtiers des subprimes, et a appelé les diplômés endettés les derniers travailleurs sous contrat du monde développé, incapables de se libérer, même par la faillite. Nulle part la complaisance aveugle de l’establishement n’est plus évidente que dans son attitude bovine envers les diplômes universitaires: tant que mon enfant va dans la bonne école, la mobilité ascendante va se poursuivre. Une formation universitaire est devenue une police d’assurance tout risque extrêmement coûteuse, selon Thiel qui estime de plus que la véritable innovation est au point mort. Au milieu de la stagnation économique, l’éducation est devenue un jeu de statut, «purement positionnel et extrêmement découplé» de la question de son bénéfice pour l’individu et la société. Il est facile de critiquer l’enseignement supérieur de surcharger les étudiants d’années d’endettement, ce qui peut les contraindre au carriérisme, dans le droit ou la finance, qu’ils n’auraient peut-être pas choisi dans d’autres circonstances. Et un diplôme universitaire est devenu une passeport incontournable dans une société de plus en plus stratifiée. Mais Thiel va beaucoup plus loin: il critique l’idée que l’université serait un lieu de riche activité intellectuelle. Une orientation vers les sciences humaines lui paraît être un choix particulièrement malavisé, car elle conduit souvent aux choix par défaut de l’école de droit. Les sciences lui semblent presque aussi douteuses, peu ambitieuses et étroites, tiraillées par des luttes internes plutôt que par la recherche de pointe. Et pire encore, l’université n’apprend rien sur l’entrepreneuriat. Thiel pense que les jeunes, surtout les plus talentueux, devraient très tôt avoir des objectifs dans leur vie, et il favorise un objectif en particulier: le démarrage d’une entreprise de technologie ».

Toujours en accord avec ses pensées, « il a eu l’idée de donner des bourses à des jeunes gens brillants qui abandonneraient leurs études lancer leur propre start-up. Thiel agit rapidement: le lendemain, à TechCrunch Disrupt, une conférence annuelle à San Francisco , il a annoncé les bourses Thiel: vingt-deux soutiens d’une année, de cent mille dollars chacun, à des personnes de moins de vingt ans. Le programme a fait la une des journaux et des critiques ont accusé Thiel de corruption de la jeunesse en les poussant vers l’appât du gain tout en arrêtant leurs études. Il a souligné que les gagnants puourront retourner à l’école à la fin de la bourse. Cela est vrai, mais aussi un peu malhonnête. Une part non négligeable de son objectif était de gêner les meilleures universités et de dérober une partie de leur meilleurs éléments. »

Je ne suis pas sûr que je le suis trop (je suis trop normal), par exemple dans sa quête de l’immortalité, mais je comprends beaucoup de ses visions. Il est autant un rêveur qu’un homme d’action, son fonds a eu des résultats mitigés, mais il est avec Elon Musk (un de ses ses co-fondateurs de PayPal) parmi les personnes qui poussent à « essayer » à l’extrème sans avoir peur d’échouer.

La Silicon Valley et la politique – Changer le monde

Mon collègue Andrea vient de me mentionner cet article exceptionnel sur la Silicon Valley et son manque d’intérêt, pour ne pas dire sa méfiance, de la politique. Il a été publié dans le New Yorker en mai 2013 et est intitulé: Changer le monde – la Silicon Valley transfère ses slogans et son argent vers la sphère de la politique de George Packer (voici le lien vers l’article du New Yorker).

130527_r23561_p233« Dans la Silicon Valley, le gouvernement est considéré comme lent, composé de médiocres, et criblé de règles obsolètes et inefficaces. » Illustration de Istvan Banyai.

Tout cela n’est pas si éloigné d’un post récent que j’ai publié : Les péchés capitaux de la Silicon Valley. L’analyse des George Packer est cependant bien plus profonde et subtile et tout à fait fascinante. Je ne vais pas analyser l’article, vous devez le lire, même si c’est un long article, et pour vous y vous encourager, en voici cinq extraits rapidement traduits:

– « Quand ils parlent de la raison pour laquelle ils ont lancé leur entreprise, les gens dans la high-tech ont tendance à parler de changer le monde « , commente M. Green. « Je pense que c’est réellement sincère. Mais d’autre part, ces gens sont tellement déconnectés de la politique. En partie parce que les principes de fonctionnement de la politique et les principes de fonctionnement de la technologie sont complètement différents. » Alors que la politique est transactionnelle et opaque, basée sur des hiérarchies et des poignées de main, explique M. Green, la technologie est empirique et souvent transparente, basée sur les données.

– Morozov , qui est âgé de vingt-neuf ans et a grandi dans une ville minière en Biélorussie, est le plus féroce critique de l’optimisme technologique en Amérique. Il démonte sans relâche la langue de ses adeptes . « Ils veulent être ouvert, ils veulent être perturbateurs, ils veulent innover » m’a dit Morozov. « L’objectif avoué est, à bien des égards, le contraire de l’égalité et de la justice. Ils pensent que tout ce qui vous aide à contourner les institutions est, par principe, responsabilisant ou libérateur. Vous pourriez ne pas être en mesure de payer pour les soins de santé ou votre assurance, mais si vous avez une application sur votre téléphone qui vous alerte sur le fait que vous avez besoin de faire plus d’exercice ou que vous ne mangez pas assez sainement, ils pensent qu’ils résolvent le problème. »

– Un système de « production par les pairs » pourrait être moins égalitaire que ces vieilles bureaucraties méprisées, dans lesquelles « une personne pouvait obtenir les points d’entrée appropriés et ainsi acquérir une place socialement qu’elle vienne d’une famille riche ou pauvre, d’une famille instruite ou ignorante. » Autrement dit, « les réseaux de pairs » pourraient restaurer la primauté de « formes de capital à base de classe et purement sociales » et nous renvoyer à une société où ce qui importe vraiment, c’est qui vous connaissez, pas ce que vous pourriez accomplir. (…) La Silicon Valley est peut-être la seule région où les Américains n’aiment pas reconnaître le fait qu’ils viennent de milieux modestes. Selon Kapor, ils auraient alors à admettre que quelqu’un les a aidés en cours de route, ce qui va à l’encontre de l’image de soi de la Vallée.

– « Il y a cette attitude pleine de conneries, cette attitude ridicule ici, selon laquelle si quelque chose est nouveau et différent, ce doit être vraiment bien, et qu’il doit toujours y avoir une nouvelle façon de résoudre les problèmes qui dépasse les anciennes limitations, les potins de blocage. Et avec un soupçon du genre « Nous sommes plus intelligents que tout le monde ». C’est non-sens total. »

– « C’est l’une des choses dont personne ne parle dans la vallée, » m’a dit Marc Andreessen. Essayer de lancer une start-up est «absolument terrifiant. Tout est contre vous. » Beaucoup de jeunes s’éteignent sous la pression. Comme capital-risqueur, il voit plus de trois mille personnes par an et finance seulement vingt d’entre eux. «Notre travail quotidien est de dire non aux entrepreneurs et de tuer leurs rêves » ajoute-t-il. Pendant ce temps, « chaque entrepreneur doit prétendre dans toutes ses interactions que tout va bien. A chaque soirée où vous allez, à chaque recruteur, à chaque entrevue. il faut dire « Oh , c’est fantastique! » mais à l’intérieur, votre âme vient d’être disloquée, non? C’est un peu « tout le monde vit dans le meilleur des mondes. »

Quelques enseignements des start-up valant un milliard: licornes, super-licornes et cygnes noirs

Quelques collègues m’ont mentionné Welcome To The Unicorn Club: Learning From Billion-Dollar Startups de Aileen Lee. Je comprends pourquoi. L’article est étroitement lié à certains de mes principaux centres d’intérêt : croissance des start-up et dynamique des entrepreneurs. Aileen Lee a analysé les start-up dans le domaine du logiciel et de l’internet qui ont atteint le milliard de dollars de valorisation tout en ayant été fondées ces dix dernières années. Elle les appelle des licornes, alors que les super-licornes sont les entreprises qui ont atteint une valeur 100 milliards de dollars !

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Tout cela me rappelle mon analyse des 2700 start-up liées à Stanford. Vous pouvez consulter Les serial entrepreneurs sont-ils meilleurs? ainsi que Croissance et profits et dans une moindre mesure le lien entre l’âge et la création de valeur dans Y a t-il un âge idéal pour créer?

Aileen Lee a obtenu des résultats intéressants :
– Sur plus de 10.000 entreprises créées par an, il y a 4 licornes par an (39 dans la dernière décennie – soit .07 % du total) et environ 1 à 3 super-licornes par décennie,
– elles ont levé plus de 100 millions de dollars auprès de leurs investisseurs (plus de 300 millions de dollars pour les start-up « B2C »). Elles peuvent avoir été maigres (cf le mouvement lean start-up) à leurs débuts , mais elles grossissent rapidement!
– il faut plus de 7 ans pour une sortie,
– les fondateurs ont une moyenne d’âge de 34 ans,
– ils ont 3 co-fondateurs en moyenne avec une longue expérience ensemble, souvent datant des années d’étude,
– 75% des PDG fondateurs dirigent la société à une sortie,
– ils sont souvent diplômés d’universités prestigieuses (1/3 vient de Stanford),
– Le « Pivot » (un changement radical de stratégie à un moment de la vie de la start-up) est une exception.

J’ai trouvé cet article intéressant, important et j’ai même ressenti de l’empathie et laissez-moi vous dire pourquoi. On a une certaine tendance à sous-estimer l’importance de la croissance hyper-forte et hyper-rapide. La croissance est extrêmement importante pour les start-up. Atteindre 100 millions de dollars de valeur est un succès. En regardant le petit groupe qui atteint le milliard de dollars et 100 milliards de dollars est intéressant. Vous avez besoin d’argent pour cela (des VCs), vous n’avez pas besoin de beaucoup d’expérience, mais vous devez avoir la confiance des co-fondateurs. Les fondateurs de super-licornes semblent être les explorateurs de territoires inconnus. Il y faut de la passion et des moyens.

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Sur ces licornes, j’ai fait une analyse similaire dans « Y a t-il un âge idéal pour créer? » J’ai aussi un âge moyen de 34 pour la 1ère expérience start-up de tous les fondateurs, et en ce qui concerne les super-licornes que j’appelle cygnes noirs (les événements totalement imprévisibles selon Taleb), j’ai identifié 10 super-licornes (voir ci-dessous) et il y a une à quatre par décennie depuis les années 60. L’âge moyen des fondateurs est 28 et même 27 si je compte le 1ère expérience.

[Mes cygnes noirs – Ancêtre: HP (1939); Années 60: Intel (1968); 70: Microsoft ( 1975), Oracle (1976), Genentech (1976), Apple (1977); 80: Cisco (1984); 90: Amazon (1994), Google (1998); 00: Facebook (2004).
Age des fondateurs – HP: Hewlett et Packard (27) – Intel: Noyce (41) et Moore (39) (mais ils avaient fondé Fairchild 11 ans plus tôt). Andy Grove avait 32 ans – Microsoft: Gates (20) et Allen (22) – Oracle: Ellison (33) – Genentech: Swanson (29) et Boyer (40) – Apple: Jobs (21) et Wozniak (26) – Cisco: Lerner et Bosack (29) – Amazon: Bezos (30) – Google: Brin et Page (25) – Facebook: Zuckerberg (20) – son cofondateur avait 22 ans].

Voici maintenant quelques données et statistiques sur les entreprises liées à Stanford. Vous pouvez consulter une présentation récente puis mes statistiques sur les licornes.

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Analyse des licornes liées à Stanford

Stanford unicorns by decade

Stanford unicorns by field

Il y a 3 super-licornes dans ce groupe (HP, Cisco et Google). Sur 2700 start-up, il y a 97 licornes, ce qui est un énorme 3% ! Cela signifie probablement que mon échantillon n’est pas exhaustif! En effet, le professeur Eesley estime que 39’900 entreprises actives peuvent trouver leurs racines à Stanford. Cela signifie désormais 0.2%. Maintenant, ce sont de vraies sorties tandis que Lee inclut des sociétés privées sans sortie, avec une valorisation fournie par leurs investisseurs. Quel que soit ce pourcentage, les licornes sont rares. Les miennes sont moins grasses que celles de Lee: elles lèvent $30M avec les VCs.

J’ai moins de 2 fondateurs liés à Stanford par entreprise (mais je ne compte pas ceux sans lien à Stanford). Cela confirme le commentaire de Lee que de nombreux fondateurs ont des liens qui datent de l’école. Il faut 8 ans pour une sortie (moins au cours des dernières années toutefois) et 7 ans pour décider de fonder une entreprise .

Le concept de licornes et la création de grande valeur sont intéressants pour ne pas dire un sujet important. Des valorisations de un milliard de dollars ne sont pas seulement des événements rares; elles nous disent quelque chose à propos de l’impact de l’innovation high-tech et de l’esprit d’entreprise . Ils sont possibles et souhaitables !

De la Silicon Valley à Bangalore en passant par Israël : les modèles de technopôles

Ce ne fut pas exactement le titre de l’émission de France Culuture, Culturesmonde, mais bien La fabrique de l’innovation : un monde en mutation (1/4) – De Bangalore à la Silicon Valley : les modèles de technopôles. L’invité, Stéphane Distinguin, y a fait une excellente synthèse des ingrédients qui ont fait le succès de la Silicon Valley.

Culturemonde

Voilà ce que j’ai retenu:
– la Silicon Valley (SV) reste le modèle incontournable des écosystèmes innovants. L’émission aurait pu s’intituler Le soleil se lève à l’Ouest à San Francisco;
– la Silicon Valley a inventé la start-up comme nouvelle manière d’entreprendre: non pas une PME; mais une jeune entreprise à très forte croissance,
– même lorsqu’elle est en retard pour inventer (comme ce fut le cas pour le mobile), la région a une flexibilité pour devenir leader de l’innovation. Le GSM vient plutôt de France et de Finlande, mais Apple est devenu un leader incontesté depuis 2007 et Nokia disparait. La SV pourrait bien faire la même chose dans d’autres domaines (énergie, transport).
– il n’y eut pas de véritable politique d’innovation; ce fut plutôt la rencontre improbable du militaire (qui a financé la recherche avec des ressources formidables) et de la contre-culture. Distinguin insiste avec raison sur cet aspect assez peu connu en donnant l’example de l’usage fréquent dans sa jeunesse de LSD par Steve Jobs. (Vous pouvez relire mes récents posts Les péchés capitaux de la Silicon Valley et Steve Jobs par Walter Isaacson.) Distingin m’a donné envie de lire From Counterculture to Cyberculture
– les universités (Stanford, Berkeley) ont eu un rôle considérable, au moins d’attraction des talents (en commençant par Hewlett et Packard) dés 1939;
– on fait confiance à la jeunesse; cela ne vaut pas dire qu’on fait du jeunisme mais cela veut dire que la jeunesse est un atout (voir mes posts sur l’âge des fondateurs)
– on fait aussi confiance aux migrants (indiens, chinois, mais aussi français) qui sont très nombreux aux plus hauts postes des start-up,
– contrairement aux attaques de Vivek Wadhwa, Distinguin indique qu’il y a beaucoup plus de diversité qu’on croit dans la SV. Pas seulement celle à laquelle on pense, je veux dire les minorités, mais les personnalités inhabituelles (dyslexies, syndrome d’asperger) sont très recherchées… (J’avais lu en effet que Ellison et Branson seraient dyslexiques – à vérifier)
– malgré une concurrence féroce, l’innovation n’est pas basée sur le secret. On échange dans la SV. On crée des normes et des standards. Puis on file dans son Garage pour aller plus vite que le voisin.

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La description de Bengalore et d’Israël fut un peu moins intéressante. On y retrouve toutefois des éléments similaires: confiance en la jeunesse, prise de risque (on explore, on teste), l’importance du financement militaire pour Israël – voir à ce sujet l’excellent la Nation Start-up.

Dernière remarque de Distinguin: les risques systémiques auxquels font face la Silicon Valley (i.e. les tremblements de terre) et Israël (i.e. la guerre quasi-permanente avec ses voisins) expliquent peut-être en partie cette capacité d’innovation. Je voyais plutôt l’optimisme originel du pionnier, mais après tout, la conscience que l’on peut mourir demain est peut-être de même nature… Aucun doute, Jobs avait raison: « Stay Hungry, Staty Foolish! »

Vous ne serez pas surpris que j’ai d’autant plus apprécié les messages que je me reconnais dans cette description de la Silicon Valley. Si vous n’en n’étiez pas encore convaincu, les slides 21, 22, 27, 29, puis 57, 58, 59 de mon long résumé sur la Silicon Valley dans Plus de contenu ont des messages similaires de même que le bref résumé qui suit.

Banksy à NYC

Banksyny

Un poste inhabituel, car il n’a rien à voir avec les start-up. Curieusement, un autre est lié à New York et Obama. Je mentionne de temps en temps que les entrepreneurs ont des similitudes avec les artistes quand ils veulent avoir un impact. Et l’innovation est un art, pas une science.

J’ai suivi de temps à autre le travail de Banksy à New York le mois dernier et j’ai passé le week-end à compiler ce que je pouvais trouver. N’hésitez pas à regarder le pdf, qui contient les 31 jours d’octobre de Banksy à NYC avec des photos, des cartes et des liens vers d’autres sites ainsi que ma propre carte Google de ces lieux. Vous pouvez également télécharger le diaporama Powerpoint en cliquant ici. Il lance automatiquement toutes les documents vidéos et audios (mais cela pourrait dépendre de la version ppt que vous avez le cas échéant).

Banksyny-lebret-pdf
Cliquer sur l’image pour télécharger le pdf

Et voici la carte des lieux où Banksy a œuvré.

Afficher Banksy sur une carte plus grande

PS: 1er juin 2014, une vidéo résumant la résidence de Banksy à NYC:

Que demandent les universités aux start-up pour une licence de propriété intellectuelle?

Que demandent les universités aux start-up pour une licence de propriété intellectuelle? Il s’agit parfois pour ne pas dire souvent d’un sujet délicat et l’information n’est pas facile à obtenir. Cependant, il y a certaines normes et pratiques courantes. J’ai déjà publié messages sur le thème: Licences et start-up universitaires en mai 2010 et une suite en juin 2010.

Pour simplifier, j’avais l’habitude de dire que la licence est composée de 3 éléments:
– Premièrement, les universités prennent environ 5% post-série A (pour quelques millions de dollars d’investissement) ou environ 10% à la création (les investisseurs prennent souvent la moitié de la société au premier tour)
– Deuxièmement, il y a également un pourcentage sur les ventes de produits utilisant la technologie concédée, d’environ 2 %, mais la fourchette peut-être 0.5 % à 5 %. Un montant annuel minimum est généralement demandé, de quelques 10k$ ou plus.
– Troisièmement, un petit détail important: les start-up payent la maintenance de l’IP à partir de la date de la licence.

J’ai décidé de regarder à nouveau les données à travers les documents S-1, que les start-up préparant une entrée en bourse (IPO), déposent habituellement au Nasdaq. J’ai trouvé environ 30 exemples de spin-offs universitaires qui avaient donné des détails sur la licence IP. Voici le résultat.

University-licenses-data
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Quelques commentaires :
Ce n’était pas un exercice facile et je ne prétends pas qu’il est sans erreur. Vous ne devriez le lire qu’à titre indicatif, j’espère qu’il est correct dans sa plus grande part! En supposant que les données soient exactes, les universités possèdent environ
– 10% lors de la création ou
– 5% après la série A (moyenne de 5 millions de dollars)
– Les universités gardent une participation de 1-2% à la sortie,
– Pour une valeur de quelques millions de dollars (médiane de 1 M $)
avec une moyenne de 70 millions de dollars d’investissement en capital-risque et une valorisation de l’ordre du milliard de dollars (médiane de 300 millions de dollars)
Les valeurs médianes sont aussi importantes que des moyennes.
les redevances sont dans la gamme de 1-4 % .
Tout cela concorde avec l’information donnée dans mes posts précédents!

Vous pouvez également consulter le document suivant Slideshare:

Le livre qui a lancé la révolution Lean Startup

Il n’y a rien de vraiment nouveau avec la 5ème édition de The Four Steps to the Epiphany de Steve Blank. Mais d’abord, j’ai perdu ma première copie (qui l’a?) et j’ai pensé que je devrais relire cette bible pour les entrepreneurs. Ensuite, j’ai reçu un courriel de l’équipe de Blank : « Nous savons que vous aimez les Quatre Etapes parce que vous avez écrit une belle revue du livre en Février 2012. Envisageriez-vous de vous arrêter à cette nouvelle version et de répéter votre avis ? » Ces Américains savent quelque chose sur le marketing. Alors pourquoi pas !

Four-Steps-to-the-Epiphany-5th-edition

Dix ans après la 1ère édition, Blank est toujours autant d’actualité. Son modèle de développement de la clientèle est une grande leçon sur les dangers des plans d’affaires et du développement de produits sans une certaine forme de validation précoce des clients et du marché. Vous pouvez lire mon post de 2011, Steve Blank et le développement des start-up. Vous devriez , car je ne vais pas répéter ce que j’ai dit alors. Je n’ai prien à changer. Permettez-moi de rappeler encore quelques éléments clés :

– « La bonne nouvelle est que les jalons sur le client et le marché peuvent être définis et mesurés. La mauvaise nouvelle est que réaliser ces jalons est un art. C’est un art incarné dans la passion et la vision des personnes qui travaillent à faire de leur vision une réalité. C’est ce qui rend les start-up passionnantes. » [Page 22 et voir note (1) ci-dessous]
– les start-up ne sont pas les premières versions de sociétés établies. En fait, elles n’ont rien à voir avec des entreprises classiques. « Les start-up sont des entités temporaires destinées à la recherche d’un modèle d’affaires extensible et reproductible. » En conséquence, les personnes construisant des start-up (produit, ventes , marketing, management) ont besoin de comprendre la culture et la dynamique de ces entreprises. « Les organisations fonctionnelles traditionnelles [ventes, marketing et développement commercial], les titres et les descriptions de poste qui fonctionnent dans une grande entreprise sont pires qu’inutiles dans une start-up. Ils sont dangereux et dysfonctionnels dans les premières phases d’un démarrage. » [Annexe A, « La mort des départements ».]

« The Four Steps to the Epiphany » n’est pas facile à lire, mais il est incontournable pour tout entrepreneur !

(1) Dans une autre interview Blank expliquait: « Ces dix dernières années, nous avons cru bâtir une méthodologie répétable au point de croire à une science, que quiconque pourrait appliquer. Je commence à entrevoir mon erreur. Ce n’est pas que la méthode soit fausse, mais tout le monde ne peut également en tirer le meilleur parti. » De la même manière que le traitement de texte, excellent outil par ailleurs, n’a jamais fait l’écrivain, un processus d’innovation bien pensé ne garantira pas le succès. Blank ajoute que « tant que l’on ne saura pas vraiment comment enseigner la créativité, le succès sera toujours limité. Tout le monde n’est pas artiste, après tout. »